Drake's ⎜ On a essayé leur chemises “MTO”

Note: À notre demande, Drake’s a accepté que nous racontions notre expérience de leur programme “MTO” en échange des chemises que vous allez découvrir dans cet article. 

C’est devenu un rendez-vous immanquable. En avril dernier, Drake’s était à nouveau à Paris pour leur pop-up de 3 jours et nous avons été invité à les rejoindre pour découvrir la nouvelle collection Printemps/Été. Toujours aussi colorée et d’un goût certain, nous voulions surtout essayer la gamme des chemises “MTO” - soit “Made To Order”.

Voici notre expérience.

La prise de mesures

Nous avons été accueillis et pris en charge par la formidable Faye, tailleur de formation ayant notamment fait ses armes chez Edward Sexton à Savile Row, belle entrée en matière ! Non seulement étions-nous entre de bonnes mains mais nous avons aussi été guidés par son oeil avisé.

 
 

Pour commencer, Faye a mesuré mon tour de col pour déterminer ma taille de chemise. Ce fût une 14.5 pour moi. J’ai ensuite enfilé une chemise gabarit qui reprend le sizing standard de Drake’s. La chemise est taillée dans un coton oxford bleu à col button-down, un style qui me plaît beaucoup.

Au passage, bien que la marque soit britannique, la prise de mesures s’effectue en centimètres et non en inch, par tradition ! Pour l’anecdote, chez Cifonelli c’est l’inverse, bien qu’étant une institution française les mesures sont prises en inch

Un constat s’impose d’emblée, les épaules sont parfaites mais la longueur totale de la chemise ainsi que les manches sont trop longues…un problème que je rencontre inlassablement dans le prêt-à-porter ! C’est là que rentre en jeu l’utilité de l’offre “MTO”. Il est alors possible de raccourcir la longueur totale ainsi que les manches. À noter que les tissus sont pré-lavés pour palier tout rétrécissement excessif, donc le gabarit que vous essayez sera d’emblée aux bonnes mesures. Un bon point lorsque l’on sait qu’il faut parfois ajouter plus de matière en prévention (un bon centimètre en général), cela évite les casse-têtes. 

La prise de mesures fut finalement assez rapide, passons au style de la chemise.

Le style de la chemise

J’adore les chemises à col button-down. Ma garde-robe en regorge de toutes les couleurs, bleu, rose, jaune, vert…toutes en oxford. Je souhaitais une chemise empruntant ce type de col mais dans une matière plus habillée. J’ai donc opté pour la belle popeline blanche de Drake’s ayant pour référence interne “C2117.09”. Un classique ! Le col est beau avec un rollino bien dessiné.

Col button-down ne signifie pas absence de cravate et couleur blanche ne signifie pas costume. Vous voyez où je veux en venir ? Ce type de chemise est, pour moi, passe-partout.

Faye m’expose ensuite les différentes options possibles pour la chemise finie. Il est ainsi possible de choisir entre une gorge américaine - ou piquée - cachée ou sans gorge. Mais également la présence ou non d’une poche poitrine (ou de deux !), le style des poignets, des plis d’aisances au dos - sur les côtés ou au milieu - et enfin le col.

Pour cette chemise, j’ai choisi une gorge américaine, une poche poitrine, des poignets arrondis et pas de plis d’aisance dans le dos. Je préfère toujours avoir un dos plus net et paradoxalement plus confortable, aucune de mes chemises n’ont de plis d’aisance - c’est une question de goût d’abord et de confort ensuite.

Quant aux cols, il y en a différents sortes et comme mentionné plus haut, j’ai choisi un button-down. La question principale était de savoir si j’optais pour un col totalement souple, semi-souple ou rigide. Bien qu’au départ je me dirigeais vers un col totalement souple, Faye m’a conseillé plutôt un col semi-souple me permettant ainsi de porter une cravate plus facilement afin qu’elle soit bien maintenue. C’est exactement ce que j’ai fait ! 

Enfin, les boutons sont en nacre. Il est bien entendu possible de choisir d’autres matières.

Là où l’offre “MTO” tire son épingle du jeu - accordez-moi ce mauvais jeu de mots - est dans la possibilité de choisir parmi toutes ses options listées plus haut. Si vous aviez toujours été frustré, comme moi, de ne pas avoir pu porter une chemise Drake’s car les manches étaient trop longues ou trop petites, cette offre corrige cela. Je précise bien sûr qu’il est tout à fait concevable d’opter pour une autre type de chemise ou par exemple une overshirt.

Autre point très positif, si vous connaissez déjà vos mesures et votre taille, l’offre MTO permet de créer une chemise à votre goût. À savoir, admettons vous avez en tête un type de chemise que la marque n’offre par sur son site ou en boutique, vous pourrez la créer ! Exemple : une chemise en lin noir avec deux poches poitrine à col button-down à gorge cachée avec des boutons en nacre…l’exemple est volontairement tiré par les cheveux !

La fabrication de la chemise, Made in the UK

Toutes les chemises de Drake’s sont confectionnées dans leur atelier, à Chard dans le Somerset près de Londres. La manufacture Rayner & Sturges - fondée en 1913 - a été acquise par la marque en 2013, ce qui lui permet de produire ses chemises sur le sol britannique tout en bénéficiant d’un savoir-faire plus que centenaire. 

Historiquement, Drake’s est connu pour être un fabricant de cravates, il était donc logique d’élargir sa gamme avec des chemises. Une belle cravate ne peut qu’épouser une belle chemise. À ce sujet, Faye nous renseigne que les chemises sont confectionnées à partir de 18 pièces cousues entre elles. Cela donne une petite idée du travail derrière le produit fini. On retrouve les incontournables des belles chemises : boutons en nacre, couture anglaises raffinées sur les côtés et surtout de beaux tissus.

Drake’s rend régulièrement hommage aux hommes et femmes derrière leurs beaux produits, lisez-en plus ici

Comment portons-nous nos chemises MTO ?

Si j’ai exposé mon expérience plus haut, Thomas aussi a eu le plaisir de goûter au processus mais a choisis un style et un tissu totalement différent que vous allez découvrir plus bas.

 
 

Quant à moi, je porte cette chemise avec une veste Teba de Justo Gimeno en lin vert, une cravate tricot en soie vert olive de la marque Sozzi Calze, un chino Uniqlo U, des Alden LSH penny loafers et des chaussettes en lin vert Bresciani.

Ma chemise Drake’s - comme l’ensemble des chemises à col button-down de la marque - arbore un bouton à l’arrière du col. S’il a une fonction pratique pour ainsi maintenir la cravate bien en place, il a également une anecdote derrière sa symbolique. La coutume voudrait que dans les années ‘50, les étudiants sur les campus américains utilisaient le boutonnage pour signifier qu’ils avaient leur coeur pris. Ceux qui le déboutonnait étaient donc célibataire, à l’inverse, ceux qui boutonnaient le bouton arrière étaient en couple ou mariés. Bien que je sois dans la dernière catégorie, je préfère toujours maintenir le bouton arrière libre, pour une question esthétique.

 
 

Thomas a de son côté opté pour une chemise à col cubain 100% lin.

Sur ce sujet, on doit dire que l’on est assez exigeant et souvent déçus. Les tissus en lin (poids chemises) manquent souvent de finesse et de densité à notre goût. Ou tout du moins ceux d’entrée de gamme. Tout comme les popelines, ce type de tissu ne supporte pas trop la “pauvreté” si l’on peut dire, contrairement à l’Oxford que l’on recommande souvent pour les chemises premier prix.

Ici le tissu sélectionné par Drake’s est idéal. Très léger et suffisamment dense, il prend très bien la lumière.

 
 

À l’inverse de moi, Thomas est parti d’une chemise de la collection en cours qu’il aimait beaucoup.

Les options correspondent à cette dernière, à savoir un col souple camp collar, 2 poches à rabat, 2 plis dans le dos, des boutons blanc en nacre et un devant plat (pas de gorge américaine). Il aurait été possible de rajouter une broderie avec ses initiales mais cela n’aurait pas vraiment eu de sens dans le cas de cette chemise très casual.

 
 

Vous l’aurez remarqué, ce n’est pas Thomas mais Mathieu qui porte la chemise pour ce shooting et ce même si elle a été confectionnée pour Thomas notre photographe. Il faut dire qu’ils ont tout les deux une taille similaire et que la chemise n’a été retouchée qu’au niveau de la longueur de manche, -1cm pour être précis.

Mais comme expliqué plus haut, il aurait aussi été possible de changer la longueur de la chemise.

C’est en ce sens que l’on pense que le Made To Order est très utile pour de nombreux clients, nous y compris. En modifiant ces 2 paramètres (longueur de manches et longueur du corps de la chemise), vous aurez un très beau résultat pour 80% des gens. Et contrairement au Prêt-Porter, vous aurez la possibilité de choisir vos propres tissus, col et poignets.

Le meilleur des deux mondes.

 
 

Pour finir, Drake’s organise prochainement un trunk-show à Paris du 4 au 6 octobre, l’occasion de rencontrer l’équipe formidable et de toucher les tissus pour concrétiser son projet de commande. On ne manquera pas d’y faire un tour !

 

Bonus supplémentaire, voici quelques images prises lors du 1er rendez-vous.

Belgian Shoes – Une success story américaine fabriquée en Belgique

C’est l’histoire d’un Américain qui se rend en Belgique pour le travail et revient avec une idée dans ses valises. En 1955, Henri Bendel Jr. commercialise des chaussures à l’allure particulière grâce à son oncle, Henri Bendel Sr., qui ouvre un grand magasin éponyme Henri Bendel à New York. Henri Bendel propose des Belgian shoes ou loafers, des chaussures hybrides mi-chaussons et mi-mocassins fabriquées à la main en Belgique, à Izegem près de Bruges. C’est un succès, le tout New York se presse dans la petite boutique au 60 West 65th street – qui déménage en 2001 au numéro 110 East 55th Street. 

L’an dernier, lors d’un séjour estival new-yorkais, je voulu glisser mes pieds dans ces chaussures si spéciales et notoirement confortables. 

Voici mon retour.

Une gamme étendue au chaussant particulier

La Belgique n’est pas reconnue pour être le pays du savoir-faire de souliers. Et pourtant, les Belgian Shoes sont portées dans le monde entier depuis plus de 70 ans maintenant. Précision importante, ces souliers/mocassins sont une réinterprétation d’un soulier belge qui existait déjà depuis le Moyen-âge ! La version commercialisée n’a donc pas tant à voir avec celle séculaire.

Par où commencer ?

Tout d’abord en soulevant le fait que ces mocassins (appelons-les ainsi par commodité) ont une allure fine, élancée – presque féminine diront certains - et qu’ils ne font donc pas l’unanimité. Je suis donc conscient que beaucoup d’entre vous ne voudrons jamais les essayer, encore moins les acquérir. Et c’est ainsi. Je souhaite simplement partager mon expérience et obsession nourrie depuis quelques années, une expérience personnelle et non forcée !

Les Belgian Shoes se méritent. Le soulier/mocassin est proposé en version femme et homme. Cette dernière comporte quatre gammes : la Traveler (semelle gomme), Lui (talon et mocassin à pampilles), Henri (talon et nœud), Mr. Casual (semelle cuir sans talon).

J’ai opté pour la dernière gamme.

Et voilà où les choses se compliquent. Car si ces mocassins ont un style simple, le chaussant est un vrai casse-tête. En effet, aux pointures américaines s’ajoutent les last, soit la forme : Narrow, Medium, Wide et Extra-Wide.

Pour connaître son chaussant, le plus simple est d’essayer car Belgian Shoes n’a pas de site e-commerce – le site internet existe mais n’offre pas la possibilité de placer une commande – et l’unique boutique au monde se situe à New York. Alors oui, c’est compliqué. Mais il y a deux solutions si vous êtes vraiment curieux : il existe un revendeur à Londres, chez Paolo Moschino.

L’autre solution est la possibilité de placer une commande via le formulaire du site internet de la marque en envoyant le formulaire de contact ci-dessous. Je ne m’y suis pas risqué, si vous passez le cap, n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.

New York, l’unique boutique au monde

Quelques photos de la boutique, prises par votre serviteur, qui a fait peau neuve en 2020.

Mon choix, la Mr. Casual black calf

Après avoir essayé plusieurs coloris et largeurs, je ressors de la boutique avec le modèle Mr. Casual en cuir lisse noir en taille 7 « Wide ».

L’esthétique du mocassin me plaît beaucoup : cousues main – avec l’intervention de machines bien entendu – à l’envers puis finis à l’endroit (cf. la vidéo), j’aime particulièrement le plateau allongé ou encore le nœud caractéristique en cuir.

Et tout cela a un prix…675 $ ! Je ne vais pas vous dire que ces mocassins les valent car je n’en suis pas convaincu. Je dois cependant admettre qu’ils sont extrêmement confortables et ne passent définitivement pas inaperçus. Je dois aussi admettre qu’il est bien possible que j’en commande une deuxième paire, cette fois en suède marron ou en peau de lézard ?…Rien n’est moins sûr ! 

J’aime les porter avec un jeans, un chino ou encore en costume.

Quelques personnes portant des Belgian Shoes

Brendon Babenzien, fondateur de la marque NOAH (photos GQ)

Antonio Ciongoli, ancien designer d’Eidos (photos GQ)

Oliver Dannefalk, co-fondateur de Rubato (photo Permanent Style)

Précision importante, il faut apposer un patin en gomme sur l’intégralité de la semelle extérieure afin d’en assurer la longévité. J’ai réalisé cette opération chez le cordonnier auquel j’accorde toute ma confiance, Les 2 Lutins, rue Saint Marc à Paris.

Les Belgian Shoes sont des mocassins hybrides qui ne sont pas des indispensables mais qui ont le mérite d’ajouter une allure indéniable à une tenue. Encore faut-il oser…

Cardigan Izod - Lacoste

Nouvel article de notre rubrique Seconde Main. Vous pouvez relire le 1er article de Mathieu ici sur son cuir Joe McCoy.

Le rouge est ma couleur préférée. Agressive, combattive et motivante, je suis adepte des chaussettes et pulls rouges. Il était donc naturel que je continue ma recherche du haut parfait, pour moi en tout cas.

Le cardigan est un vêtement sous estimé.

La seconde main, comme souvent, regorge de styles différents. C’est là où j’ai entamé ma recherche pour un cardigan ROUGE.

Lacoste était le choix naturel. Mais je voulais un cardigan particulier, un IZOD. C’était le nom de la marque Lacoste aux USA, le distributeur pour être précis, de 1952 à 1993. Durant cette période, les vêtements griffés IZOD étaient tous « made in USA ».

Sur Vinted, j’ai donc trouvé ce petit bijou pour 30 €.

Certes il n’est pas en laine, mais il est d’un ROUGE vif et estampillé « IZOD made in USA », ce qui en fait pour moi, une pièce de collection et un vêtement agréable à porter.

Autre pièce en maille rouge de ma collection ? Celui de Bosie, vous pouvez relire l’article ici.

L’Everdon de Crown Northampton : une basket haut de gamme

À notre demande, Crown Northampton a accepté de nous envoyer la paire que vous allez découvrir dans cet article.

Crown Northampton

L’Everdon de la collection Hand Stitch

Le 21 janvier 1956, le chanteur rockabilly Carl Perkins chante l’Histoire en 2 minutes et 14 secondes. Il vient en effet de sortir le tube planétaire “Blue Suede Shoes qui devient un hymne du Rock’n’Roll. Elvis, The Beatles ou encore Johnny Cash proposeront successivement leurs versions.

Il faut dire que des “Blue Suede Shoes (chaussures en velours bleu) ne sont pas communes. Alors forcément quand j’ai vu que Crown Northampton en proposait, j’ai tout de suite voulu les essayer.

La Hand-Stitch collection de Crown Northampton

Cette collection haut de gamme s'inspire des chaussures sur-mesure, fabriquées à la main. C’est justement un pari de proposer un niveau de finitions élevé dans une “Dress Sneaker”, soit une basket habillée.

Cela paraît en effet antinomique. Il suffit cependant de noter les détails de cette paire spéciale. À commencer par la présence de liège, rempli à la main. C’est la première fois que l’on voit une paire de basket qui fabriquée de cette façon. Car oui, la dernière fois que l’on a vu des paires de chaussures remplies de liège, c’était chez J.M. Weston lors d’une visite en mai dernier. Le liège forme un remplissage solide sur toute la colonne vertébrale de la sneaker et offre confort, stabilité ainsi qu’une bonne évacuation de l’humidité dans toute la sneaker. À noter aussi l’utilisation de cuir pour le contrefort (et non du plastique ou autre matière contrecollée). À cela s’ajoute un tannage végétal, des coutures faits main - notamment celles du contrefort à l’arrière - mais aussi une semelle gomme en lait d’hévéa ou lactae heveae qui se patine au fur et à mesure des ports. Une des caractéristique de cette semelle en caoutchouc est sa non-rigidité, elle est assez spongieuse et durable à la fois. Nous n’en avons jamais essayé auparavant donc ne savons pas comment elle tiendra dans le temps, mais Crown Northampton nous assure sa robustesse.

La marque britannique propose par ailleurs pléthore de cuirs et de semelles pour ce modèle assez unique ! Vous pourrez ainsi choisir un cordovan Horween couleur #8, comme une très fameuse marque américaine…

Le modèle que je porte est en cuir de cerf, un cuir extrêmement souple et peu habituel pour des baskets.

Une basket (très) haut de gamme

 

La meilleure marque de basket au monde ?

 

Ci-dessus nous vous laissons découvrir la vidéo de Rose Anvil qui désosse une autre paire de basket de la marque de Northampton. De notre côté, cela a conforté notre avis sur cette paire. Car s’il est facile de voir que la paire est à la fois collée et cousue sans la démonter, vous pourrez également une bonne idée de l’ensemble du travail effectué. Comme par exemple la présence de liège entre la semelle en caoutchouc et le cuir. Une somme de détails qui expliquent en grande partie le prix conséquent de cette paire.

Comment taille ce modèle ?

Tout comme l’Artizan, ce modèle taille normalement. Je porte ici du 6.5 UK.

Comment porter l’Everdon ?

Une basket habillée est un péril stylistique. S’il faut à tout prix éviter le combo basket-costume au risque de faire une sortie de route, Gianni Agnelli - comme souvent - a proposé plusieurs tenues avec ce type de basket et des pantalons habillés.

Je choisis tout de même d’opter pour un pantalon cinq poches blanc, un t-shirt gris et une veste noir Bleu de Chine.

Je peux dire que je détiens enfin mes Blue Suede Shoes.

Camiseria Burgos – Le chemisier du roi espagnol, le roi des chemisiers espagnols

Texte : Marcos E.

La devanture aujourd’hui (Photo prise lors de notre visite à Madrid en octobre 2022)

Au numéro 2 de la calle de Cedaceros à Madrid se trouve le plus ancien chemisier d’Espagne. L’emblématique Camiseria Burgos fut fondée en 1906 par Julian P. Burgos. Désormais dirigé par la famille Olave, cet écrin extraordinaire a eu pour clients de véritables légendes du passé telles qu’Hemingway, Orson Welles, Cary Grant ou encore Pablo Picasso. Tous ont goûté à l’élégance de cette maison au charme racé. 

Lors d’un weekend madrilène, j’ai pu visiter ce temple historique du vêtement espagnol dans lequel tout est fabriqué sur place ou en Espagne dans des tissus incroyables.

Ouvrons les portes de Burgos.

Une boutique au flair authentique

Je suis accueilli par Carmen Alvarez, troisième génération et arrière-petite-nièce du repreneur Santiago Olave. Le magasin baigne dans une lumière claire dans un écrin de style Art nouveau tardif. Le plafond est haut, permettant aux nombreuses vitrines murales de s’y loger afin d’exposer des pièces d’exception.

 

L’intérieur de la boutique Burgos avec la chaise sur laquelle avait pour habitude de s’asseoir Cary Grant

 

Ma femme, qui m’accompagnait, s’assois sur la chaise en noyer au premier plan sur la photo. « Cary Grant avait pour habitude de s’y installer et passer des journées à discuter avec mon arrière-grand-mère, il adorait notre boutique ». Le ton est donné, nous sommes dans un lieu d’exception comme il en subsiste peu.

Telles des œuvres d’art, le savoir-faire de la maison est exhibé magistralement derrière des vitrines

« Voici le modèle de Guayabera que portait Hemingway, il adorait cette chemise » précise Carmen. Cette chemise si particulière tire son nom des quatre poches – deux sur la poitrine et deux sur la taille – qu’elle dénombre. 

Le modèle de Guayabera d’Ernest Hemingway

Portée notamment en Amérique latine et vu comme un symbole anticolonial par excellence, elle a été créée par les agriculteurs cueilleurs de quenettiers – guaya en Espagnol – qui avaient cousu plusieurs poches sur leurs chemises afin de maximiser la récolte et pouvoir transporter des fruits plus nombreux. 

Ernest Hemingway portant sa Guayabera Burgos en 1957.
Photo colorisée, prise par le photographe mythique Yousuf Karsh, tous droits réservés

Les porteurs de Guayaberas sont innombrables, de Fidel Castro en passant par Roger Moore ou même le Prince Harry, cette chemise respire l’été et l’insouciance. Elle est majoritairement taillée dans un mélange lin/coton blanc et peut aussi bien être à manches longues que courtes.

Une Guayabera sur-mesure en lin et coton blanc a été commandée chez Burgos mais nous consacrerons un article et shooting entier à cette pièce mythique de la maison lorsque la chaleur reviendra. 

Un savoir-faire espagnol d’exception

Burgos est le chemisier attitré du roi d’Espagne. « Nous sommes le chemisier de Felipe VI bien avant qu’il soit monté sur le trône, nous en sommes très fiers ! » s’exclame Carmen. Il y a de quoi. Avec des références de tissus prestigieux tels que Thomas Mason – proposant popeline, twill, oxford ou encore lin – les choix sont innombrables et de qualité.

Photo dédicacée du Roi Felipe VI, à l’époque encore Prince.

« Salutations affectueuses à la Camiseria Burgos pour ce premier centenaire. Félicitations à tous et mes meilleurs sentiments pour votre futur » peut-on lire sur la carte.

Récemment, le roi en vacances portait un chemise Guayabera de la maison. « Il est un peu notre ambassadeur en quelque sorte, du savoir-faire espagnol d’exception » termine Carmen.

Le roi portant sa Guayabera Burgos

un des nombreux book de tissus de Thomas Mason pour Burgos

les différentes inscriptions possibles sur les chemises, allant de couronnes aux simples initiales

« Chacune de nos chemises sont coupées dans notre atelier, au sous-sol de notre boutique. Suivez-moi ». Carmen me mène vers un escalier en colimaçon menant vers un salle au grand plafond et à l’atmosphère paisible. « Voici notre tailleur en chef, Julio, il est ici depuis plus de 15 ans ». Ce qui me frappe d’emblée est la minutie par laquelle les artisans se consacrent à leur travail de découpe. J’ai tout de suite pensé aux tailleurs de Savile Row qui empilent soigneusement les patrons de clients en les référençant nominativement.

Julio, en haut à droite, coupant des patrons en papier kraft, comme le veut l’usage à Savile Row

Des chemises coupées, prêtes à être cousues

Voici à quoi ressemble le sol après une journée de découpe – vision tronquée !

Carmen poursuit : « notre clientèle est pour 20% étrangère mais l’autre 80% est bien espagnole et a des attentes sur la qualité de nos produits. Un client se plaignait qu’il détériorait ses chemises en les repassant…pour palier cela, il nous arrive de recevoir les aides ménagères de certains de nos clients pour leur montrer précisément comment repasser nos chemises ! Nous proposons aussi un service de repassage et teinturerie, c’est cela aussi le service Burgos ».

Burgos confectionne des chemises bespoke – à la main – ou en MTM – à la machine – les prix varient de 90 à 400 € selon le choix de la prestation et du tissu. Bonne nouvelle, Burgos permet le remote MTM, la possibilité d’envoyer ses mesures par mail afin de commander une chemise. Une deuxième bonne nouvelle vous attend à la fin de cet article.

La « Domecq », la Teba de Burgos 

La Teba, c’est une longue histoire d’amour. A mon sens, la pièce la plus facile à intégrer dans une tenue tant elle est un véritable caméléon. Pouvant se porter avec ou sans cravate, cette veste est véritablement le couteau suisse – ou Leatherman – d’une garde-robe masculine. Les pants droits de la veste en font une pièce peut-être plus casual que dressy mais là réside sa beauté.

 
 

Lorsque Carmen m’a demandé d’essayer la Teba de Burgos, j’étais très intrigué. La particularité de celle-ci réside dans le fait qu’elle emprunte quelques caractéristiques du blazer tout en gardant son âme de « Tiradora » – l’autre nom de la veste Teba – initialement une pièce pour chasser. 

Comme la version classique, la Domecq est complètement déstructurée – toujours extrêmement agréable à mon sens – mais avec des pants arrondis et deux fentes dans le dos. La « Domecq » arbore toujours les manches à poignets de chemises, le col sans revers caractéristique et trois poches plaquées dont une poitrine. 

 
 

J’ai choisi un tissu luxueux, un cachemire bleu épais à la main extrêmement agréable et moelleuse ainsi que des boutons dorés pour un look à la Brooks Brothers totalement assumé. Je pense que les vêtements hybride ne durent pas toujours dans le temps, notamment au point de vue du style. Mais ici, quelque chose fonctionne. Je dois confesser que les pants arrondis me dérangeaient initialement, car pour moi la Teba est droite et sans fentes dans le dos. Telle une vision de puriste. Mais j’ai pu voir dans les rues madrilènes quelques messieurs porter la Domecq, dans des tenues plus ou moins habillées, avec élégance. 

La Domecq est entièrement confectionnée en Espagne, à Saragosse par Justo Gimeno. Elle est une exclusivité Burgos.

Comment porter la Domecq ?

La Teba Domecq est plus formelle que sa cousine classique. J’aime beaucoup ce côté Brooks Brothers à l’Américaine. Pour cette raison, j’assume totalement cette tenue Ivy.

Je porte une cravate club Gabucci, des mocassins en cordovan Alden, des chaussettes beige, une chemise OCBD verte de Kamakura, un pantalon beige – khaki pour les puristes – Uniqlo U, pour un look américain assumé.

 
 

En résumé : l’excellence espagnole

Les particularités de la Domecq sont les boutons dorés ainsi que les pans incurvés de la veste la rendant plus formelle, tel un blazer classique.

La Domecq est coupée ici dans un tissu luxueux, un cachemire bleu à la main moelleuse qui ne froisse pas. Il est possible de passer commande dans d’autres tissus et couleurs, avec ou sans boutons dorés, vous pouvez personnaliser votre Domecq.

L’autre bonne nouvelle – souvenez-vous plus haut – est que Burgos a un eshop en ligne – pour le moment uniquement en Espagnol, mais une traduction Google fait l’affaire – et propose des modèles en prêt-à-porter. Comptez 150 € pour une Guayabera et 450 € pour une Teba.

 
 

Quelques photos lors de notre visite à la boutique et atelier, à Madrid.

 
 

Gammarelli – «  Sartoria per ecclesiastici  » ⎜La boutique romaine des chaussettes du Pape

 

Texte et photos (hors captures d’écran du site Gammarelli) : Marcos E.

La devanture de la boutique Gammarelli à Rome, décembre 2022

Derrière le Panthéon de la Città Eterna se cache une des boutiques les plus prestigieuses au monde, Gammarelli. Cette petite échoppe renferme un savoir-faire vieux de plus de deux siècles, ses artisans confectionnent les habits et accessoires de l’église catholique. Lors d’un séjour à Rome, j’ai pu visiter cette merveilleuse boutique, toujours dans son jus.


« Nobilitas in Tradition » : La Noblesse dans la Tradition

La maison porte bien sa devise. Depuis 1798, sous le pontificat de Pie VI, Giovanni Antonio Gammarelli commence sa collaboration avec les ecclésiastiques et en devient leur tailleur attitré. Sur leur site on peut lire que tout est confectionné à la main et sur-mesure dans l’atelier.

Vous trouverez même un guide de la prise de mesure en ligne !

Capture d’écran du guide de prise de mesures de la maison Gammarelli

Capture d’écran du guide de prise de mesures de la maison Gammarelli

Capture d’écran du guide de prise de mesures de la maison Gammarelli

Gammarelli est évidemment connu mondialement pour ses chaussettes rouges. Contrairement à ce qu’il est souvent mentionné, cette couleur n’est pas celle des mi-bas du Pape, mais des cardinaux. Le Pape ne porte que des chaussettes blanches, toujours de la même maison romaine.

Le bonnetier* décline ces mi-bas mythiques en dix couleurs comme visible ci-dessous. Les chaussettes noires sont réservées aux prêtres, le violet pour les évêques, le rouge pour les cardinaux et le blanc exclusivement pour le Pape. 

*j’ai mis “bonnetier”, mais à vrai dire il est peu probable que Gammarelli possède ses propres machines à tricoter, ils travaillent vraisemblablement avec un fabricant italien tel que Gallo.


[Mise à jour 14 janvier 2023 : Après échange avec Gammarelli sur Instagram, nous apprenons que leurs chaussettes sont tricotées à Brescia, le berceau d’un célèbre fabricant de chaussettes italien.]

Les chaussettes Gammarelli en fil d’écosse. De gauche à droite : bleu ciel, bleu marine, jaune cyan, vert menthe, violet aubergine, bleu pétrole, rouge cardinal, violet, noir et blanc.

Des chaussettes rouges sont disponibles même pour bébés !

Ces mi-bas sont proposés à la vente pour 11 € en magasin et 22 € sur le site Mes Chaussettes Rouges, le revendeur exclusif mondial de la marque.

Une boutique deux fois séculaires

Gammarelli confectionne également des costumes sur-mesure pour les particuliers. Pour passer commande, il faut se rendre en boutique.

Si vous vous rendez à Rome, faites une halte au numero 36 de la Via di Santa Chiara pour découvrir cette boutique légendaire pleine de charme.

La famille Gammarelli avec quelques artisans 

Des artisans cousant une tenue ecclésiastique

Le « zucchetto » – littéralement « petite citrouille » en Italien – est la calotte blanche du Pape. C’est le Pape Paul VI qui rend obligatoire ce couvre-chef pour les hauts membres du clergé en 1968.

Une soutane de cardinal en soie rouge côtoyant celle d’un prêtre

Une sélection de mi-bas

Les chapeaux des ecclésiastiques

Des coupons de tissus en soie rouge, noir et violet

Les portraits des différents Papes veillent sur la boutique Gammarelli

 

Où revendre ses souliers en seconde main ?

 

Abbot’s shoes

Nos garde-robes sont (trop) remplies. Pour les alléger, deux options s’offrent à nous, rationaliser nos achats ou revendre ce que nous ne portons/n’aimons plus. 

Mon mantra consiste à me séparer d’une pièce lorsque je fais l’acquisition d’une autre, plus conséquente. C’est une sorte de balance et d’équilibre que j’ai mis en place depuis quelques années…qui n’est pas toujours scrupuleusement respectée car il ne faut pas chercher à se séparer - ou acheter - une pièce coûte que coûte. Le tout doit se faire naturellement. 

Pour ma part, je compte plusieurs paires de chaussures - ma femme dirait trop, moi pas assez - inévitablement, je me lasse de certaines paires. Parfois, je me trompe même de pointure car je n’ai pas essayé le modèle en boutique ou que la boutique en ligne de la marque n’offre pas la possibilité d’un retour contre remboursement. C’est le jeu. 

Alors, je me tourne vers des plateformes de revente en ligne. Vous en connaissez plusieurs ici en France, Le Boncoin, eBay ou encore Vinted. En revanche, comment bien revendre une paire de qualité - achetée chère - à un public de connaisseur ?

Souvent, je me retrouve à brader des paires de Crockett & Jones sur Vinted…J’ai enfin trouver la solution pour remédier à cela. 

Voici comment j’ai réussi à revendre ma paire d’Alden modèle « Longwing » en « color 8 cordovan ».

Abbot’s, le site Anglais spécialisé dans la revente de souliers de seconde main

Sur Instagram, j’ai repéré il y a peu, un site anglais de revente de souliers de seconde main, Abbot’s. 

Le fondateur, Adam Luck, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer Abbot's ?

Peu après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j'ai commencé à travailler dans le quartier des services financiers de Londres, connu sous le nom de "The City" (ndlr. équivalent au quartier de La Défense aux abords de Paris). J'adorais passer devant les magasins de chaussures et admirer les vitrines de marques comme Church's, Joseph Cheaney et Crockett & Jones. Cependant, je ne pouvais pas me permettre l’achat aux prix auxquels ils vendaient leurs souliers, alors j'ai eu l'idée de m'acheter une paire de Church's d'occasion et de les restaurer.

J'ai appris à nettoyer et à cirer les chaussures pour qu'elles ressemblent le plus possible à une paire neuve et j'étais ravi du résultat final. J'ai continué à acheter et à remettre à neuf des chaussures d'occasion, car j'aimais ce processus. J'ai fini par le faire pour mes amis et ma famille et par vendre en ligne des chaussures que j'avais restaurées. Ce hobby a fini par faire l’effet boule de neige et s'est transformé en un emploi à temps plein et en une petite entreprise qui est maintenant Abbot's. 

 Quels sont les critères pour qu'une paire de chaussures soit proposée chez Abbot's (marque, modèle, état) ?

Les deux principaux facteurs que nous recherchons sont la qualité et l'état. Nous ne prenons en considération que les chaussures de marques dont nous avons confiance dans la qualité des matériaux qu'elles utilisent et dans les méthodes de construction utilisées pour la fabrication. L'état est également très important, car nous souhaitons que nos clients portent les chaussures qu'ils nous achètent pendant de nombreuses années. Nous ne prenons en compte que les chaussures qui ont encore de nombreuses années d'usure devant elle. Nous achetons beaucoup de marques différentes et considérons les chaussures au cas par cas. Parmi les marques les plus populaires que nous achetons et vendons figurent Edward Green, Church's, Joseph Cheaney, Tricker's, Loake et Alden.

 

Dans quelle mesure pensez-vous que l'achat d'occasion est la solution à la production de masse ?

Bien que nous ne pensions pas que l'achat d'occasion soit la solution à la production de masse, nous pensons qu'il peut avoir un impact important dans la lutte contre les problèmes multiformes que les pratiques de production de masse non durables peuvent créer. Nous ne pensons pas qu'il y ait quelque chose de mal dans le concept de base de la production de masse, mais nous pensons que le problème réside dans le manque de pratiques durables dans la production de masse ainsi que dans la nature jetable des biens qu'elle produit. L'achat et la vente d'articles d'occasion au lieu d'articles neufs peuvent certainement contribuer à lutter contre la production de masse, car ils permettent de déplacer la demande des entreprises produisant des articles jetables non durables vers des entreprises fabriquant des articles de qualité qui peuvent résister à l'épreuve du temps et donc conserver leur valeur.   

 Nous pensons que l'achat de seconde main est particulièrement important pour les articles en cuir tels que les souliers. La production de masse de chaussures en cuir n'est pas une pratique durable. La fabrication de chaussures en cuir représente un quart de la production mondiale de chaussures, mais jusqu'à 80 % de son impact environnemental. En raison du manque de matériaux de haute qualité et respectueux de l'environnement pouvant remplacer le cuir, il est important d'utiliser pleinement les articles en cuir. Porter des chaussures en cuir pendant seulement neuf mois supplémentaires, au lieu d'en acheter une nouvelle paire, peut réduire considérablement l'empreinte carbone, eau et déchets, jusqu'à 30 %.

 Nous encourageons les consommateurs à rechercher des articles de qualité, à en faire bon usage, à les faire réparer et, lorsqu'ils ne sont plus désirés, à les revendre pour qu'ils puissent continuer à être utilisés.

 En France, de grandes marques ont commencé à proposer des souliers d'occasion directement au sein de leurs magasins - comme Paraboot et J. M. Weston - pensez-vous que les marques de chaussures britanniques vont suivre ?

Nous l'espérons. Dr. Martens a actuellement une collaboration intéressante avec le site internet Depop pour vendre des chaussures et des bottes remises à neuf, ce serait formidable de voir d'autres marques britanniques suivre cet exemple. Nous pensons que proposer des chaussures d'occasion en magasin, comme les marques françaises susmentionnées, est un excellent moyen de montrer comment des chaussures confectionnées durablement peuvent souvent être encore plus belles que lorsqu'elles étaient neuves avec l'usure et l'âge. Nous pensons que les excellents services de remise à neuf/réparation proposés par les grandes marques de Northampton sont souvent sous-utilisés et la présentation de chaussures d'occasion en magasin pourrait être un excellent moyen de promouvoir la réparation et la réutilisation des chaussures à trépointe.

 

Enfin, si vous n'aviez qu'une seule paire de chaussures, laquelle serait-elle et pourquoi ?

C'est une question délicate, car je suis entouré de superbes paires de chaussures tous les jours. Peut-être que je choisirais la "Dover" d'Edward Green en veau marron foncé. Je pense que c'est une chaussure très élégante et polyvalente qui peut être assez chic pour être portée avec un costume dans un cadre formel, mais qui peut aussi être très bien avec un jean ou un chino dans un cadre plus décontracté. Cependant, comme je joue également au football, je risque d'être regardé d'une drôle de façon en essayant de taper dans un ballon de football avec ces chaussures !

Merci Adam !

Comment vendre ses souliers de marque sur Abbot’s ?

Le principe est simple. Dans un premier temps, il faut envoyer une demande électronique - en passant par leur site internet - en joignant photos, courte description de la marque, modèle et état des chaussures à vendre. 

Deux options s'offrent ensuite à vous: soit la vente directe de la paire - et l’achat par Abbot’s - soit le dépôt et l’envoi de la paire sur Abbot’s.com. 

Si vous choisissez la première option - à savoir le rachat direct par Abbot’s - alors le prix sera inférieur à celui d’un dépôt. Abbot’s prend 25% sur le prix final de la vente si vous choisissez le dépôt vente. 

À noter que l’expédition de la paire au Royaume-Uni est à votre charge. 


Exemple avec ma paire d’Alden Longwing en cordovan color 8

Voici quelques captures d’écran de ma paire vendue sur le site. L’attention aux détails et la qualité des photos est irréprochable, je serai capable de les racheter !

Pour un dépôt: ma paire d’Alden a été évaluée à 450£ (soit environ 500€). À cela, il faut retirer la commission du site, qui s’occupe de photographier, nettoyer et mettre en avant la paire, soit 25% donc 281,25£ (332€ environ). Cela peut paraître conséquent, mais en choisissant Abbot’s qui jouit d’une plateforme spécialisée pour les souliers de qualité, vos chances de succès sont nettement supérieures comparé à un site de petites annonces. 

Pour une vente directe: ma paire a été évaluée - après commission - à 260£ (soit 307€ environ). 

J’ai choisi la première option. Tout simplement car je n’étais pas pressé et je souhaitais tester l’efficacité du site. Je n’ai pas été déçu ! Ma paire s’est vendue en moins d’une semaine. Pour le règlement, il faut patienter 14 jours après que l’acheteur ait reçu sa paire afin qu’Abbot’s déclenche le paiement au vendeur. Pour ma paire d’Alden, l’acheteur n’a pas utilisé son droit de rétractation et j’ai été payé par le site sans encombre.

Pourquoi choisir Abbot’s ?

Il me paraît nécessaire aujourd’hui d’offrir une garantie d’achat et de vente pour des produits de seconde main. Ce principe irrigue par exemple le monde du marché de l’art français grâce à un décret - le décret Marcus du 3 mars 1981 sur la répression des fraudes en matière de transactions d’oeuvres d’art et d’objets de collection - énumère les principes et nomenclatures selon lesquels le commissaire-priseur doit procéder pour mettre en vente les objets d’art. Ainsi, si vous êtes face à une toile authentique de Renoir, le commissaire-priseur emploiera directement le nom de l’artiste. Si en revanche, le commissaire-priseur - et l’expert - ont des doutes quant à son authenticité, mais pensent tout de même qu’il y a de fortes chances que cette toile ait été exécutée par Renoir, alors le décret Marcus impose à l’opérateur de ventes aux enchères de mettre “attribué à Renoir”. Le prix de la toile en sera impactée mais la responsabilité du commissaire-priseur et de l’expert préservée.

Le parallèle peut être - et doit être - fait aussi pour le marché des vêtements de seconde main. De mon point de vue, Abbot’s peut cristalliser cette tâche. A savoir, lorsqu’une paire leur est confiée, ils ont la possibilité de l’authentifier, de l’estimer et de la mettre en vente. A l’image du commissaire-priseur, Abbots œuvre pour l’intérêt du vendeur, en agissant comme son mandataire.

Pour toutes ces raisons, je pense qu’Abbot’s mérite amplement sa place dans le marché de la seconde main et que la plateforme gagne à être connue et reconnue. En plus de proposer des souliers et un service de qualité, Adam et l’équipe sont d’une gentillesse et réactivité inégalées. Un service indispensable dans un monde inépuisable.

 

Grenfell Golfer jacket

 
 

Dans la lignée des questions que je me pose : peut-on porter des vêtements de sport en ville ?
Je réponds oui.

Voici la « Golfer jacket » de Grenfell. Une veste créée par la marque anglaise en 1931 pour les golfeurs. J’aime particulièrement le double-zip, la « Grenfell Cloth » légendaire, la doublure tartan iconique, les pattes de serrages sur les côtés, le col et enfin les manches raglan.
Je la porte ici avec un pantalon cinq poches blanc, un pull col V en maille bleu marine, ainsi que des desert boots en cuir Horween chromexcell de chez Crown Northampton.

Cette veste a non seulement une valeur historique à mes yeux - portée par les légendes du sport tels que Sir Henry Cotton à l’US Ryder Cup en 1947 - mais également sentimentale car elle m’a été offerte pour mon anniversaire.

Déclinée en plusieurs couleurs, la « army green » ici est un classique que j’aime beaucoup.
J’ai surtout hâte que la patine du temps la rende plus usée, la « Grenfell cloth » est réputé très robuste. Challenge accepted.

 

Le Laboureur - Veste de travail

 
 

Note : nous avons demandé à Le Laboureur de nous envoyer les vestes que vous allez découvrir dans cet article

Si une liste des « 100 objets français les plus iconiques » venait à être dressée un jour, la veste de travail en ferait résolument partie. Au même titre que le béret national, la veste bleue est connue dans le monde entier. Cette veste prend le nom de « coltin » chez les connaisseurs. Elle dérive de « colletin », une pièce d’armure qui protège le cou et les épaules. De là découle aussi le verbe « coltiner » : être chargé d’une tâche fatigante et harassante. Bleu de travail ou bleu de chauffe, la veste doit son nom aux chauffeurs : le fer prend cette couleur lorsqu’il est chauffé à 400°C. 

La veste de travail est le symbole de la classe ouvrière et populaire jusqu’au milieu du XXème siècle mais elle a surpassé sa fonction première pour être adopté par les bourgeois, intellectuels et artistes. La veste de travail est un peu le « jeans » du haut du corps : tout le monde en porte.

La question est de savoir : toutes les vestes se valent-elles ? Si certains l’aiment en denim, nous la préférons en moleskine et la marque iconique Le Laboureur en est un bel exemple.

Décryptage.

Des détails qui ont leur importance
Le moleskine est la toile de de prédilection pour une veste de travail : c’est une toile de coton tissé serré à l’armure satin qui lui confère une certaine brillance à la lumière du jour.

Le coltin du Laboureur est en 100% coton et taillé dans un tissu Sanfor, qui limite le rétrécissement. La chaîne retors assure à ce tissu une longévité accrue et une résistance à l'usure (deux fois plus que des fils classiques). 

La veste du Laboureur est en coton croisé Sanfor en chaine retors 340 G / m², dit simplement, elle est très résistante. Les poignets boutonnières et un col chevalière sont des détails historiques. Les deux poches plaquées, la poche poitrine et la poche intérieure, complètent l’allure.


« Fabriqué en France »
Nombre d’entreprises aujourd’hui opte pour ce modèle économique. Le Laboureur le fait depuis plus de 50 ans en façonnant des vêtements à l'aide de patrons anciens, en travaillant avec des matières premières et des tissus de qualité. Tel est le mantra de la marque.

En effet, depuis 1956, Le Laboureur, petite entreprise familiale, est réputée pour fabriquer, au sud de la Bourgogne, des vêtements de travail à l'ancienne, et des vêtements quotidiens d'autrefois.

Au début des années 50, Primo Zélanti, père fondateur de la maison, commence à vendre des vêtements destinés aux travaux agricoles dans les foires et les marchés environnants : Digoin, Gueugnon, Paray-le-Monial, Charolles..., dans le sud de la Bourgogne.


Ce petit commerce se développe rapidement et incite Monsieur Zélanti à créer, en 1956, sa propre marque : "Le Laboureur". Il y attache alors des valeurs fortes : produire, au cœur de la France, des vêtements aux formes anciennes avec des matières et des tissus de grande qualité.

Peu à peu, la gamme de référence, limitée à l'origine aux vêtements pour le travail de la terre, s'étend aux vêtements de travail pour les métiers du bâtiment, avec toujours une seule orientation : fabriquer des vêtements anciens, de tradition.

L'atelier de fabrication s'agrandissant toujours plus, l'entreprise doit alors quitter le centre-ville de Digoin, et s'installer, en 1973, rue des Chantiers, au sein de locaux plus spacieux et plus fonctionnels. En 1988, Jean-Charles Zélanti succède à son père à la tête de l'entreprise.

Aujourd'hui, l'entreprise continue de produire, à Digoin, des vêtements de qualité, façonnés à l'ancienne.


La confection expliquée par Le Laboureur

Le Laboureur réalise ses patrons de coupe avec le Système Lectra. Ce système informatique, basé sur la digitalisation des pièces d'un modèle, permet de les retravailler séparément et de façon interactive sur l'écran. 

A la suite à l'édition des patrons, le secteur coupe entre en action. Le matelassage des tissus, opération consistant à dérouler le tissu sur la table de coupe en couches successives (chaque couche représentant toutes les pièces nécessaires à l'élaboration d'un modèle), est réalisé manuellement, garantissant ainsi l'ajustement optimum des différentes couches. De la même façon, après avoir positionné, par thermocollage, le plan de coupe sur ce matelas, les coupeurs entreprennent la coupe à l'aide de ciseaux verticaux manuels pour aboutir à une coupe parfaite.

Les pièces découpées sont orientées, selon un mode opératoire optimisé pour chaque vêtement, sur les différents postes d'assemblage. Parmi les postes d'assemblage les plus traditionnels, on peut noter citer celui de la couture des braguettes ou encore de la la réalisation des ceintures.
Chaque phase d'assemblage est suivie d'un contrôle qualité. 

Afin de garantir un vêtement sans défaut, un contrôle final est exercé sur le respect de la coupe, la solidité des coutures. Suivront le repassage et le pliage avant l'emballage définitif.
Peu de marques communiquent autant sur leur manière de travailler, il est très appréciable que Le Laboureur en fasse partie.


Essayage

Le Laboureur a eu la gentillesse de nous envoyer deux vestes en moleskine, une bleue traditionnelle et une verte, plus atypique.

Les deux vestes diffèrent par leur composition : la bleu est une 100% coton et la verte est en mélange polyester, sans doute pour mieux fixer la couleur flashy. Mais cela n’altère aucunement l’aspect ou la résistance de la veste.

La bleu est une taille S et la verte une taille M. Comme visible sur les photos, la première taille est plus cintrée sur le corps que la seconde : tout dépend du rendu que l’on souhaite ! Ce que j’aime particulièrement sur la veste bleue est la matière ultra résistance et presque rêche : en fait elle se détend et s’adoucit avec le temps, j’ai hâte de la patiner. Car ces vestes font partie d’une tradition française bien ancrée.

Nous sommes très heureux d’avoir pu essayer et photographier deux vestes d’une marque que nous admirons depuis longtemps ! 

 

Camessi – Chemises en Demi-Mesure

 
 

Note : nous avons demandé à Camessi de nous envoyer les chemises que vous allez découvrir dans cet article.

Texte : Marcos Eliades
Photos : Thomas M.



La chemise est certainement une des pièces les plus portées dans la mode masculine : habillée, décontractée, fantaisie…les choix sont infinis. J’aime particulièrement les chemises, c’est pour cette raison que je suis continuellement en quête de nouveaux chemisiers. C’est là où je tombe sur Camessi, un faiseur…Indien. Soyons honnêtes, lorsque vous entendez parler du « made in India », vous supposez de manière stéréotypée que la qualité n'est pas très bonne et que les conditions de travail ne sont pas forcément meilleures. Pourtant, tout n’est pas si simple et certaines marques tel que Camessi sortent du lot.

Décryptage.

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Une histoire de famille

Camessi est un fabricant de chemises sur mesure basé à Bombay. L’entreprise a été fondée par Shanker Shroff en 2007. Aujourd'hui, son fils Sanjiv Shroff et ses deux petits-fils Rahul et Ameya ont repris l'entreprise.

J’étais très curieux d’en savoir plus sur cette marque. Lors de mon premier appel téléphonique avec Ameya, il m'a expliqué la philosophie de l’entreprise. L'objectif de Camessi est d'offrir « la meilleure qualité que l'on puisse attendre d'un fabricant de chemises sur mesure ». Pour cette raison, l’entreprise forme ses propres couturières (jusqu’à 70), c’est même un prérequis : elles ne doivent pas avoir d'expérience préalable ! Cela permet à la marque de leur inculquer de bases solides.

A ses débuts, le fondateur et sa famille se sont rendus en Italie chez les meilleurs fabricants de chemises du monde et ont analysé chaque style de différents producteurs afin de reprendre les connaissances acquises et de les interpréter à leur manière. Ces informations et connaissances sont encore utilisées aujourd'hui par leurs artisans qualifiés. Chaque étape du processus de fabrication d'une chemise est soigneusement vérifiée par quelqu’un d’expérimenter. La marge d’erreur que Camessi s’autorise est de 1mm !

Par exemple : Imaginez un tailleur travaillant sur un côté de la chemise. Lorsque le fil se casse, un chemisier italien ou européen, prendrait un autre fil et commencerait là où l'autre fil s'est cassé. Ce fil est le plus souvent coupé avec soin, laissant une sorte de nœud invisible pour la plupart des yeux. En comparaison, lorsque cela se produit chez Camessi, le tailleur recommence à zéro afin de livrer la qualité promise. La plupart des tailleurs européens ne le feront pas, car c'est tout simplement trop cher et trop long.

Camessi a plus de 2000 tissus en stock provenant des meilleurs fabricants, notamment un typiquement indien, le mythique Madras. Les options sont infinies.

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Une chemise OCBD et une chemise en jeans un peu spécial

Pour cette expérience, je voulu voir deux tissus : un oxford et du denim. Et je ne suis pas déçu ! Les tissus sont vraiment impeccables au toucher et une fois les chemises portées.

L’OCBD est très souple et d’une belle couleur bleu ciel. Elle est parfaite dans une tenue habillée mais sied tout autant à celles plus casual.

Pour le total casual, la chemise en denim est un must. Ici des poches poitrines plaquées arrondies, boutons en nacre, et un col aux proportions généreuses.

Vous l’aurez compris…Made in India ne rime pas avec basse qualité, Camessi est en l’exemple vivant.

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Baracuta - Blouson G9

 
 

Note : nous avons demandé à Baracuta de nous envoyer les blousons que vous allez découvrir dans cet article.

Steve McQueen, James Dean, Elvis, Frank Sinatra, James Bond…ont un point commun : ils ont tous marqués la mode masculine, d’une façon ou d’une autre. Ces quatre stars ont tous aussi porté un blouson mythique, le modèle G9 de Baracuta. Mythique car ce blouson est la représentation de la veste Harrington, un blouson léger en toile imperméable et manches raglan. Mythique aussi car la marque anglaise a su décliner ses blousons en plusieurs coloris.

Décryptage.



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Pourquoi un blouson « G9 » ?

La firme Baracuta prend racine à Manchester dans les années 1930. Créée par John et Isaac Miller, le but était de proposer des vêtements imperméables élégants pour des marques comme Burberry. La marque devient indépendante au fil du temps.

En 1937, Baracuta invente un blouson court avec zip pour la pratique du golf. Le design permettait beaucoup de liberté de mouvement afin que les joueurs puissent faire leur swing. D’ailleurs, les Japonais les appelaient les « swing jackets », mais Baracuta décide de les surnommer « G9 » : « G » pour « Golf ». La doublure caractéristique en tartan a pour référence « Fraser », un tartan particulier issu de la Chieftain du Clan Fraser.

Dans les années 1950, la G9 rejoint les côtes américaines, des stars telles que Bob Hope ou Bring Crosby en portent, tout comme James Dean dans Rebel without a cause.

Dans les années 1960, la G9 devient indissociable du look British, dans les années 1970, 1980, 1990 il irrigue l’underground et la communauté Punk. Preuve que ce blouson est réellement un caméléon du style.

Pourquoi dit-on alors « blouson Harrington » ? Selon la marque anglaise, ce n’est que dans les années 1960 que le blouson prend cette dénomination. A l’origine de cela, une série américaine, Peyton Place, au sein duquel un personnage – Rodney Harrington portraituré par Ryan O’Neal – portait toujours un blouson G9. C’est John Simmons, un spécialiste de la mode masculine, baptise le blouson du personnage éponyme.

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Le confort et l’allure

Comme mentionné en introduction, le blouson s’enfile sans prise de tête. Il est à noter que la taille est plutôt près du corps donc nous recommandons de prendre une taille au-dessus si vous souhaitez être plus confortable.

Je porte ici une taille 36 qui est vraiment bien. Le double zip est vraiment un atout, j’adore le dézipper au milieu ! Les deux couleurs shootées font partie de la légende de Baracuta : un rouge vif et un vert « Bristish racing green » (si vous aimez les voitures, regarder la Jaguar Type E dans ce colori, un délice).

Si les couleurs peuvent faire peur de prime abord, je vous assure qu’il suffit de jouer avec la palette chromatique pour jouer avec ce blouson. A l’instar ici : je porte du vert et du jaune, deux couleurs tranchantes mais qui se complètent parfaitement.

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Le blouson idéal pour la mi-saison

Si vous souhaitez l’acquérir, c’est par ici :

Nous ne pouvons que vous recommander chaudement Baracuta et leur mythique blouson G9, après tout, n’est-ce pas plaisant de porter un bout d’histoire sur le dos ?

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Prologue Hong Kong

 
 

Mars 2020 : premier confinement. L’occasion pour moi de faire un grand tri dans ma garde-robe. Un constat criant lorsque je l’examinais: mes costumes n’étaient plus vraiment à ma taille. Trop fin et slim à mon goût, héritage d’une époque où je m’habillais (trop) près du corps. C’est là où je me mets à la recherche d’une marque qui puisse me satisfaire. Comme souvent, je me tourne vers Instagram, une grande source d’inspiration. J’épluche divers comptes et tombe sur celui d’un tailleur Hongkongais : Prologue Hong-Kong. Les silhouettes sont simples, intrigantes et belles à la fois. Je décide de contacter la marque via le réseau social. Pour rappel, nous sommes en plein confinement, la situation est donc assez critique en Chine, mais Prologue est à l’écoute : leur idée est de lancer du Remote-Made-To-Measure, à savoir du demi-mesure à distance. Grâce à un guide de prise de mesures efficient, je commande mon premier costume deux-pièces dans un tissus bleu de la maison anglaise Holland & Sherry qui est une véritable réussite. Les mesures ont été prises par ma copine – merci à elle – et perfectionnées par l’équipe de Prologue. A l’arrivée, le costume tombe parfaitement, je suis complètement sous le charme de la coupe et de la qualité de confection, très propre.

Depuis, ma garde-robe s’est étoffée grâce à leur offre imbattable. Voici le review de leur veste emblématique et d’un pantalon un peu spécial.

Décryptage.

L’équipe Prologue Image prologuehk.com

L’équipe Prologue
Image prologuehk.com

Les trois fondateurs de la maison – Jerry Tong, Chris Tang et Maslow So – étaient frustrés lorsqu’ils partaient à la quête de costumes : bien qu’ils auraient adorés pouvoir s’habiller chez Liverano Liverano, Sartoria Panico ou encore Corcos à Florence, la qualité coûtait un certain prix qu’ils ne pouvaient s’accommoder.

Lorsque des amis leur demandait où trouver des costumes pas chers mais de qualité, ils n’avaient jamais de réponse à leur donner.

C’est là où Chris et Jerry commencent à travailler avec des tailleurs hongkongais pour reproduire les silhouettes de leurs maisons favorites. Mais les tailleurs ne souhaitaient pas s’adapter aux goûts des deux hommes : ils n’avaient pas de temps à leur accorder.

Ils trouvent un atelier en Chine disposé à apprendre à couper leurs patrons. Petit à petit, la silhouette se précise et se perfectionne. Leurs costumes sont confectionnés à partir de patrons préexistants, mais réajustés à la main, voici pourquoi Prologue parle d’une offre semi-bespoke.

Une veste et pantalon pour tous les jours

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Le bleu et le gris sont les meilleurs amis de la garde-robe masculine. Mais ils peuvent rapidement prendre le dessus, le résultat de cela étant que l’on ne souhaite pas s’aventurer à outre sa zone de confort.

Mais parfois, cela paye. Faire des erreurs fait partie intégrante du chemin pour construire sa garde-robe (les sites de reventes de vêtements sont là pour rattraper le coup !).

Prologue nous offre à voir une veste deux-boutons (faux trois-boutons) aux revers larges (10 cm), et aux épaules légèrement structurées. Dans un tissu composé en 50% laine et 50% soie de la maison Marling and Evans, cette veste à motif Prince de Galles à rayures discrètes vertes est un véritable coup de jackpot pour une garde-robe.

Prologue ayant déjà mes mesures de ma commande précédente, il était donc simple de les reprendre pour l’appliquer à cette veste. La veste tombe parfaitement !

Dans un monde de moins en moins formel, Prologue voulait proposer de nouvelles pièces hybrides s’intégrant dans notre quotidien chamboulée par la situation sanitaire actuelle. Ainsi,

La maison hongkongaise propose également de découvrir une véritable pépite : un pantalon habillé – sartorial – en denim. Je dois avouer avoir été quelque peu circonspect au début, mais Jerry a su me conseiller et guider efficacement. Grâce à cela, je le porte avec la veste détaillée précédemment, visible sur les photos. Finalement, j’aime beaucoup ce pantalon car il est à la fois habillé et décontracté. Habillé par sa couleur sombre – d’un bleu profond – et décontracté de par le tissus denim.

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Du « Made in China » de qualité

Ce review de Prologue est l’occasion pour nous de redire que, oui, il est possible d’avoir un vêtement fabriqué en Chine dans les règles de l’art. La maison hongkongaise est pleinement dans l’artisanat. La confection est de très bonne facture et le prix imbattable.

Quid des frais de douanes ? Prologue expédie les commandes via Hong-Kong Post ce qui pallie les taxes douanières considérablement : d’expérience, compter environ 30 euros de frais à la réception à régler à Chronopost.

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Une marque qui a su s’adapter

Prologue a lancé son site internet il y a peu, Prologuehk, et a surtout étoffé sa gamme, en proposant des pièces en prêt-à-porter ou made to order. Leur programme de Remote-made-to-measure devrait se lancer d’ici quelques semaines.

Pour retrouver la veste de ce review en ready-to-wear, il suffit de suivre ce lien : Prologues Signature Brown Cream Pow Check Wool Silk Jacket

Prologue est composée d’une équipe exemplaire, Jerry étant d’une gentillesse et bienveillance incroyable, nous ne pouvons que recommander de sauter le pas. Vous pouvez également découvrir leur offre via Instagram, leur page est une véritable source d’inspiration !

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Cravate Archivio E. Marinella – Napoli

 
 

Note : nous avons demandé à Marinella de nous envoyer la cravate que vous allez découvrir dans cet article.

Dans un monde de moins en moins formel, il apparaît incongru de porter une cravate. Cet accessoire est graduellement devenu au fil du temps un emblème de démarcation parmi les autres. Difficile de défendre le port de la cravate au travail lorsque tous vos collègues adoptent les cols de chemises ouverts – cols souvent bien trop courts qui rebiquent vers l’intérieur – le jeans ainsi qu’un blazer étriqué. Une minorité continue de porter la cravate, parfois par obligation mais surtout par choix. Je tombe dans cette seconde catégorie. 

Si la maison E. Marinella ne vous parle pas, vous allez découvrir l’essence même de la cravate. Pour ceux qui connaissent, vous ne pourrez qu’acquiescer et savourer nos photos. 

Décryptage. 

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Une italianité napolitaine revendiquée

Beaucoup a été écrit et dit sur Naples – Napule en dialecte napolitain. La ville parthénopéenne est un concentré d’art tailleur en constante ébullition. Sans doute à cause du Vésuve tout proche qui veille plus qu’il ne menace la ville. Ceux qui ont déjà eu la chance de voyager dans cette ville attesteront quant à son atmosphère si particulière. 

À Naples, les habitants ne sont pas Italiens, mais Napolitains en premier lieu. Le dialecte et l’art de vivre napoletano irriguent les relations au quotidien. Naples est un concentré de culture, de foot et de savoir-faire tailleur. 

Au 287 de la Via Riviera Chiaia se niche une échoppe plus que centenaire, une véritable institution napolitaine : E. Marinella. Si la boutique ne fait que 20m2, son rayonnement est mondial. 

La maison propose une sélection de chemises, foulards, pochettes de costume, écharpes, pulls, bérets, souliers et surtout cravates. Un choix exceptionnel à en faire pâlir plus d’un. La maison voit le jour le 26 juin 1914 lorsque Don Eugenio concrétise sa vision d’un magasin qui serait un miroir de ce qu’il y a de plus élégant, en s’inspirant des Anglais. Si le terme galvaudé de la sprezzatura a été analysé et décortiqué à tort et à travers, Eugenio Marinella défend la sobriété dans l’élégance : « ne jamais porter une chemise bleu-ciel le soir ou une cravate rouge criarde » font partie de ses préceptes. 

Grâce à un article de la romancière et journaliste Matilde Serao au début du siècle, la maison Marinella gagne de l’importance et attise la curiosité du Prince Humbert de Savoie qui se rend en personne dans l’échoppe pour s’armer d’élégantes cravates pour ses sorties mondaines. Son oncle, Emmanuelle Filiberto Duc d’Aoste, y passait des après-midi entiers. 

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Fabrication

Si nous n’avons pas encore eu la chance de visiter les ateliers Marinella, la marque est présente chaque année au Bon Marché Rive Gauche à l’occasion des fêtes de Noël. Maurizio Marinella se déplace régulièrement en personne, accompagné de deux couturières qui réalisent sur place des cravates sur-mesure.
C’est à cette occasion que nous avons pu voir le montage dans les règles de l’art d’une cravate Marinella. A titre d’exemple, la structure de la cravate - la couture qui ferme la cravate sur sa longueur - est montée à la main. C’est encore le seul moyen de garantir une main et une longévité exceptionnelle de la cravate. 

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Un bout de tissu de la collection E. Marinella Archivio

La collection E. Marinella Archivio est une machine à remonter le temps. Elle permet de (re)découvrir des tissus du passé. L’occasion de mettre la main sur de véritables pépites, des trésors qui attendent d’être déterrés. Il n’est pas rare que les hommes les plus illustres du siècle en aient portés autour du cou. 

L’archivio rassemble des tissus produits au Royaume-Uni depuis les années 1930 jusqu’aux années 1980. L’archive compte plus de soixante motifs dans plus de deux-cents couleurs qui enrichissent la collection déjà bien garnie de la maison. 

La collection archivio est ainsi un véritable cadeau que nous offre la maison E. Marinella, un cadeau à porter sans modération fièrement autour du cou. 

Je porte une cravate Marinella Vintage issue d’une étoffe datant de 1948. Je l’associe ci-dessus avec une veste et un pantalon Prologue ainsi qu’une chemise Camessi*. La cravate est d’une belle teinte bordeaux à médaillons couleur crème. Elle relève une tenue sans l’occulter. 

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*Article à découvrir bientôt. 

Texte : Marcos Eliades
Photo : Thomas M.













 

The Anthology - Lazyman Jacket

 

Note : nous avons demandé à The Anthology de nous envoyer la veste que vous allez découvrir dans cet article

Texte : Marcos Eliades
Photos : Thomas M.

 

2020, quelle année. Ponctuée par deux confinements et rythmée par une pandémie mondiale à l’ampleur sans précédent, l’année écoulée restera mémorable.

Il apparaissait futile de se préoccuper d’autre sujet que de ses proches ou sa santé. « Eppure, si muove » aurait dit Galilée. Le monde a pourtant continué à travailler et les Skypéro devenus légion au détriment d’embrassades et de serrages de main. Pour bon nombre, les questions relatives à l’apparence ou la tenue vestimentaire quotidienne étaient reléguées en second plan. A juste titre me diriez-vous. Comment penser au vêtement lorsque nous sommes dans l’œil du cyclone ? Tout simplement car il constitue notre enveloppe corporelle, littéralement notre seconde peau. L’euphorie des tenues de vêtements d’intérieur des premières semaines de confinement à petit à petit cédé la place à une envie irrésistible de s’habiller. Je me souviens préparer avec méticulosité mes tenues lors des sorties autorisées et strictement encadrées dans un rayon d’un kilomètre. Une paire de chino beige, des mocassins noir, un t-shirt blanc col rond, une chemise en chambray et une veste en jeans. Ignorant la date du déconfinement, j’optais pour des tenues qui me remplissaient de joie lorsque je les composais. Bien que mes accessoires du moment se résumaient au gel hydro-alcoolique ainsi qu’au masque artisanal fait-maison, je retrouvais un semblant de normalité. Toutefois, comme dans toute crise, des rayons de lumière émergent. Des marques de mode masculines ont commencé à se mobiliser pour apporter leur pierre à l’édifice et venir en aide aux soignants. C’est notamment le cas de la marque Hongkongaise The Anthology qui créa des t-shirts en coton coloré pour soutenir cette cause.

Depuis deux ans, The Anthology propose des vêtements qui s’adaptent parfaitement à nos nouvelles habitudes hybrides de télétravail et de sorties citadines ou bucoliques. Ainsi est née la Lazyman Jacket.

Décryptage.


 
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Une histoire de costumes

Les deux fondateurs, Andy Chong et Buzz Tang, sont passionnés par l’art tailleur. Il était donc logique qu’ils fondent The Anthology en proposant un service de grande-mesure, soit le bespoke.

Les costumes confectionnés par le duo s’inspirent de l’art traditionnel tailleur, mais revisités en offrant des revers généreux placés bas ainsi qu’un demi-cercle formé par les deux pans de la veste. La silhouette est naturelle, les épaules sont bien construites et s’inspirent plus de l’art Anglais qu’Italien : cela lui confère un air plus intemporel. Nonobstant, le « soft tailoring » irrigue The Anthology. Il est facile de porter un costume sans faire trop apprêté, le dépareillé est roi. Dans un monde de moins en moins formel, le confort dans ses vêtements est essentiel, ce qui ne signifie pas négligence pour autant.

The Anthology pousse à l’exploration vestimentaire, sans être avant-gardiste pour autant. Bien que le bleu et le gris soient des couleurs essentielles du vestiaire masculin, la marque pousse les hommes à l’exploration de tissus Anglais ou Italiens à motifs et couleurs restants classiques, élégantes et adaptées au quotidien.

Nous avons posé quelques questions à Buzz Tang, co-fondateur de The Anthology, voici sa vision.

Comment est né The Anthology ?
C’est l'histoire de deux personnes partageant les mêmes idées, comme bon nombre d'entreprises qui démarrent.
Avoir le privilège de diriger The Anthology est le résultat du hasard et de bon timing. J'ai rencontré Andy, qui est l'autre pilier de The Anthology, à l'âge de 18 ans. Nous partageons le même objectif en termes de perception d'une marque, mais nous avons aussi des perspectives très différentes. Ainsi, nous comblons efficacement les lacunes de chacun, ce qui rend l’offre plus complète. Grâce à son expertise dans le domaine du sur-mesure et à mon expérience antérieure sur Savile Row, Andy et moi savions qu'il y aurait une opportunité de lancer un concept shop qui véhiculerait l'histoire d'un homme moderne qui porte cette identité éclectique et de bon goût, un bricolage du moderne et de l'ancien. C'est ainsi que naît The Anthology.

Où fabriquiez-vous vos costumes avant de fonder The Anthology ?
Chez un vieux tailleur que mon père avait l'habitude de fréquenter, un vieux monsieur ouvert d'esprit qui est malheureusement décédé. C'était un homme sans limites. J'ai également commandé des pièces sur mesure à quelques grands noms italiens pendant mon séjour à Londres. Pour ce qui est des vêtements du prêt-à-porter, j'ai été gâté par mon oncle, qui était un grand fan de la marque Ralph Lauren Purple Label.

D'où tirez-vous votre inspiration ?
De partout. Certainement, moins des icônes célèbres du prêt-à-porter masculin mais plutôt sur les choses qui nous entourent, comme les œuvres d'art et Pantone. Je pense toujours que les vêtements doivent être plus proches des gens que d'avoir l'air pompeux. Nous ne sommes pas des créateurs de costumes, bien que j'ai beaucoup de respect pour ces génies.

Qu'est-ce que le "House cut" de The Anthology ?
Contemporain avec un soupçon de glamour old-school. Un style confortable et décontracté, caractérisé par l'utilisation d'épaules souples et légèrement étendues, conservant ainsi un peu de formalité. Une coupe plus ample et plus généreuse pour un confort pratique. Sans confort, une personne peut difficilement se regarder, être à l'aise et en confiance.
Notre style maison se caractérise également par des épaules larges et étendues, un boutonnage bas et un équilibre spécifique des proportions du col et du revers que nous avons recherché depuis près d'un an, dans lequel nous pensons être les détails les plus distinctifs de notre coupe.

Que pensez-vous du tailoring moderne aujourd'hui ?
Définissez la tailoring moderne. S'il s'agit de personnes qui portent des costumes avec des baskets, je ne suis certainement pas contre. Des gens qui essaient d'intégrer le tailoring aux pièces de mode ? Je suis fan. Nous ne pouvons pas faire grand-chose avec le tailoting traditionnel et ce n'est pas une mauvaise chose d'élargir nos horizons, surtout en 2021.

Quel effet pensez-vous que la pandémie a sur l’industrie du vêtement pour hommes ?
Certainement beaucoup. Les gens portent moins de costumes et se tournent vers des vêtements plus décontractés. Le marché des costumes se détériore certainement dans la plupart des régions du monde, mais cela ne veut pas dire que c'est une mauvaise chose. Cela peut ouvrir de nouvelles perspectives. Peut-être pourrons-nous voir des combinaisons de vestes et de pantalons plus intéressantes dans les années à venir ?

Que réserve l'avenir à The Anthology ?
L'évolution et la réinvention. L'équipe et moi-même réfléchissons à la manière dont nous pouvons affiner nos produits, nos services, notre esthétique et notre identité au quotidien.

« Désapprendre » et réapprendre des classiques afin de rendre les choses modernes", telle est notre devise depuis le premier jour. Nous éviterons respectueusement l'esthétique traditionnelle et rendrons les pièces de tailoring modernes et adaptables à notre vie quotidienne. Nous nous souviendrons également que le sartorialisme est une douce réminiscence du passé, mais qu'il pourrait ne pas être durable dans des décennies. Pour que cette industrie en déclin survive, nous devons démocratiser ce genre, c'est-à-dire créer des modèles originaux partiellement inspirés d'hier, mais conçus pour le présent et l'avenir.

Merci Buzz !

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L’opposé de la fainéantise : la Lazyman jacket

Que porter lorsque l’on télétravail mais que l’envie de ne pas céder aux survêtements d’intérieur devient une affaire personnelle ?
La réponse se loge dans une veste comportant 47% de laine, 38% bébé lama, 5% cachemire et 10% polyamide. La couleur bleu est sans doute le meilleur ami de l’homme. Ajoutez à cela une construction non doublée et entièrement déstructurée, vous obtenez un cocktail savoureux. La Lazyman jacket ressemble aussi bien au cardigan qu’à une veste. Il comporte 3 poches fonctionnelles, des manches enroulables et des languettes latérales réglables dans le dos pour le cintrage.

Le tissu a été tissé en Italie, à Biella, et est d’une douceur assez déroutante. Cette veste a été conçue pour être portée tous les jours et convient parfaitement à différentes occasions. Avec ou sans chemise, avec ou sans cravate, la veste est une parfaite pièce hybride moderne.

Je porte ici un pantalon sartorial en flanelle grise Vitale Barberis Canonico, des mocassins à pampilles Alden et un col roulé John Smedley. Mais j’aurais très bien pu porter un jeans et des baskets. La veste est finalement très polyvalente grâce à ce tissu texturé.

Le parfait compromis de l’habillé pas habillé

Finalement, la Lazyman jacket colle parfaitement aussi bien à notre (nouveau) quotidien, qu’à l’ancien. Il est simple de l’enfiler par-dessus un pull et la couleur bleu marine n’est aucunement banale, grâce à ce tissu particulier.

Une belle marque à découvrir, la veste est disponible ici : https://theanthology.net/shop/lazyman-jacket-navyteal-boucle

Jetez un coup d’œil au reste du site de The Anthology ainsi qu’à leur compte Instagram : une véritable source d’inspiration !

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Le Minor - Pull Officiel de la Marine Nationale

 

Note : À notre demande, Le Minor a accepté de nous verser une compensation financière afin de nous aider à continuer à développer le site.

Le pull que vous allez découvrir est le jersey réglementaire de la Marine Nationale autrement dit le pull officiel de la Marine Nationale.

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Le Minor

Le jersey réglementaire de la Marine Nationale

La figure de style de l’antonomase est assurément ma favorite en rhétorique. Nous l’utilisons tous les jours sans le savoir. Elle consiste à remplacer un nom commun par un nom propre. Vous savez, lorsque vous dites « Kleenex » pour renvoyer aux mouchoirs, vous employez une figure de style. La marque représente pleinement l’idée du mouchoir qu’elle en vient à le désigner, par antonomase. L’on pourrait dire qu’un consensus sociétal se dégage et nous sommes collectivement d’accord pour affirmer et imaginer cette association d’idée. Je trouve cela vraiment fascinant : comment une marque ou un objet peut-il définir l’ensemble de sa famille par association ? 

Aussi, lorsque je pense au pull officiel de la Marine Nationale, j’associe immédiatement cette idée à la marque française Le Minor. Par métonymie – autre de mes figures de styles favorites – pour moi, le pull marin français est par essence fabriqué en Bretagne. Il est des objets qui renvoient directement à leur lieu de production géographique.

Décryptage.

Le drapeau emblématique de la Bretagne

Le drapeau emblématique de la Bretagne

Une entreprise Lorientaise au service de la France

En 1922, Madame Berthe Étui crée à Lorient La Manufacture Bonneterie Lorientaise, abrégé MBL. La fondatrice souhaite protéger les marins de conditions parfois très rudes et pour une durée très longue, jusqu’à plus de 9 mois pour certaines. Parallèlement, Marie-Anne Le Minor crée à Pont l’Abbé l’entreprise éponyme. Elle rassemble autour d’elle les brodeurs du pays Bigouden qui perpétuent un art décoratif traditionnel breton, en confectionnant d’abord des vêtements traditionnels folkloriques, des vêtements de poupées, puis du linge de table et de maison, et très vite du prêt-à-porter. En 1960, Le Minor devient une marque de mode à part entière et adopte le slogan « une marque dans le vent ».
Tournant majeur dans l’histoire de MBL en 1970, elle remporte le marché de La Marine Nationale et en sera le fournisseur officiel jusqu’en 2010, avant que la production ne parte vers la Roumanie. Le Minor fusionne finalement avec MBL dans les années 80 et continue à développer en parallèle son activité de fabricant en marque blanche, notamment pour des marques de luxe. De part ce double héritage, la marque Le Minor n’est donc historiquement pas uniquement liée à celle de la bonneterie, mais aussi des vêtements en chaîne et trame tel que le Kabig - un manteau breton iconique.

Dernier changement en date en 2018, lorsque deux amis passionnés, Jérôme et Sylvain, reprennent cette pépite française. Ils ambitionnent de perpétuer ce savoir-faire presque centenaire très apprécié au Japon et de le faire (re)découvrir en France.

Les pulls en cours de confection à Guidel, à proximité de Lorient en Bretagne

Les pulls en cours de confection à Guidel, à proximité de Lorient en Bretagne

Les empiècements en tissu sous la piqueuse plate double aiguille

Les empiècements en tissu sous la piqueuse plate double aiguille

Un pull emblématique : le Pull de la Marine Nationale

Dans le jargon militaire, ce pull porte l’appellation de « jersey réglementaire ». De couleur bleu marine, le tricot comporte des empiècements ignifugés aux épaules, des épaulettes, une boutonnière pour le badge et une poche stylo. Il respecte assidûment le cahier des charges initial de la Marine Nationale qui a fait ses preuves.

Pour avoir eu la chance de visiter l’atelier Le Minor l’année passée à l’occasion de notre podcast, nous savons précisément comment ce pull est fabriqué. Et chose rare, presque tout est réalisé sur place, à Guidel.
Première étape, la matière. La laine provient toujours du même fournisseur Suisse depuis plus de 40 ans. Une fois le fil 100% laine réceptionné, Le Minor peut commencer à tricoter des panneaux de jersey côtes 2x2 sur des machines rectilignes. Les panneaux sont ensuite stabilisés à la vapeur pour éviter tout rétrécissement ultérieur. A l’étape suivante, les différentes pièces du pull sont découpées dans les panneaux tricotés à partir du patronage de ce dernier. On parle aussi de coupé-cousu.
S’en suit la confection. Les mécaniciennes (ou couturières dans le language courant) de Le Minor assemblent les différentes parties du pull et ce notamment avec une machine double aiguille (cf. photo ci-dessus). Le col est quant à lui remaillé au corps du pull pour plus de souplesse, de précision et de solidité.
Chaque pull suit un contrôle qualité avant d’être envoyé à l’une des étapes finales, le repassage.

Vous l’aurez compris, l’atelier Le Minor maîtrise l’ensemble de sa chaîne de production, du tricotage jusqu’au montage.

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Il y a quelque chose d’assez incroyable de porter ce genre de vêtement. Si je souhaite continuer avec mes figures de styles, je dirai que ce pull est une catachrèse : il échappe désormais au destinataire initial et appartient au domaine public, au grand public en somme. Tricoté dans une pure laine irrétrécissable, il est extrêmement robuste et sera un parfait compagnon d’aventure. Aujourd’hui, le style militaire irrigue la mode. Il apparaît donc logique que ce type de pull y trouve parfaitement sa place. C’est un pull qui s’intègre parfaitement dans la garde-robe de l’homme civil, il échappe désormais pleinement aux commandements militaires.

Je le porte ici avec un pantalon en velours côtelé beige de la marque Uniqlo, des Desert Boots de Crown Northampton (review ici) et sur les épaules ma Barbour Bedale. C’est un look complètement urbain – presque rustique – totalement assumé et confortable.

 
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Un pull à tout faire

Armé d’un pull au tricotage serré tel que celui présenté ici, il ne peut rien nous arriver. Le pull est très agréable au touché et au porté. Nous recommandons de prendre votre taille habituelle – ici une taille 2 – en gardant à l’esprit que le pull soit plutôt long lorsqu’il est totalement déroulé.

Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre à la boutique parisienne au 5 rue du Sabot dans le 6ème ou directement sur leur site internet : tout y est parfaitement présenté et clair !

Le pull en question est disponible ICI.

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Crown Northampton Desert Boots Chromexcel

Note : À notre demande, Crown Northampton a accepté de nous envoyer une paire de Desert Boots pour la réalisation de cet article.

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Certaines pièces du vestiaire masculin sont incontournables, indispensables. Les desert boots en font pleinement partie. Nous ne trancherons pas ici l’éternel débat Wallabees/Desert boots – bien que nous ayons une préférence pour le second modèle – mais nous essayerons d’étoffer sur l’importance de posséder un modèle mythique tel que celui-ci au sein de son vestiaire. 

Les modèles disponibles sont innombrables : en cuir lisse, cuir suédé, cuir bookbindé…La marque anglaise – plus que centenaire – Crown Northampton reprend ce modèle historique et propose une sélection de cuir assez inédite ainsi qu’une personnalisation intéressante. 

Voici l’histoire de la desert boots Woodford en chromexcel, fabriqué en Angleterre. 

Décryptage. 

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Northampton ou le berceau de la chaussures anglaise

La famille Woodford débute la fabrication de chaussures en 1908, à Londres. Quelques années plus tard, le fondateur Earnest Woodford délocalise la production à Northampton, haut lieu de manufacture de la chaussure anglaise. 

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Chaque modèle produit par la marque porte le nom d’une rue mitoyenne à l’usine de Northampton. L’entreprise est également la seule à avoir le privilège d’utiliser le blason de la ville sur ses produits et qui porte la devise “Castello Fortior Concordia” pouvant se traduire par “La paix est plus forte qu'une forteresse”.

Le cuir est certainement le point fort de Crown Northampton. Une sélection qui va du cuir suèdé, aux cuirx de veau italiens en passant par des cuirs exotiques comme l’autruche ! Dans la mesure du possible, Crown Northampton travaille en collaboration étroite avec des fournisseurs locaux telle que la tannerie Charles F Stead & Co Ltd. Ceci ne manquent d’ailleurs pas puisque si Savile Row est le royaume du costume sur-mesure anglais, le comté de Northamptonshire est quant à lui synonyme de fabrication de chaussure.

Chaque paire qui sort de l’usine de Crown Northampton est le résultat d’un certain nombre d’étapes réalisés par des artisans chevronnés. Point important à souligner, toutes ces étapes de production sont toutes réalisées en Angleterre, que ce soit en interne ou chez des fabricants spécialisés.
Ainsi, comme les plus grandes marques anglaises, Crown Northampton réalise ses last – ou formes en français – avec le dernier fabricant de la région : Springline. Cela marque le début du processus de fabrication de la chaussure. 
Vient par la suite la découpe manuelle du cuir qui prend le nom de “clicking”. Un son caractéristique de cliquetis s’entend à la découpe du cuir en frottant sur le patronage en métal, ce qui justifie cette appellation. 
S’ensuit d’autres opérations tel que le procédé de couture, ou « closing », des différentes sections du cuir. Une opération de « hand lasting » permet à la chaussure d’acquérir la forme finales désirée, la semelle y est ensuite cousue. L’ultime étape de polissage assure à chaque chaussures une brillance et un contrôle de qualité avant qu’elles ne soient expédiées. 


Brève histoire de la Desert Boot

L’histoire de la Desert Boot remonte en 1941, lorsque le jeune anglais Nathan Clark* est envoyé en Birmanie puis en Égypte comme officier dans la Royal Army Service Corps.

Nathan Clark est très vite heurté à la réalité du désert Égyptien : les chaussants ne sont pas adaptées à la rudesse du terrain. Dans un souk au Caire, il met la main sur une paire de derbies en veau velours montées sur des semelles crêpe. Elles sont confortables et légères. 

9 ans plus tard, grâce à collaboration de l’ingénieur Bill Tuxhill, la Desert Boot voit le jour. 

Un modèle qui a donc plus de 70 ans !

*Son arrière-grand-père n’est autre que le fondateur de la marque Clark’s, fondée en 1825 à Somerset. 

 

Le 4x4 du cuir : le chromexcel

Crown Northampton offre la possibilité de commander un modèle en MTO, soit du « Made-to-order ». Cela signifie qu’il est possible de choisir la couleur des semelles avant de commander un modèle mais aussi et surtout que la paire n’est fabriquée que pour vous : cela évite la surproduction.

C’est ainsi que nous avons choisi le Woodford Desert Boot en cuir marron chromexcel numéro 8 de la maison américaine Horween. 

La couleur rappelle celle du cordovan, à savoir un brun violacée tirant sur l’aubergine. Une vraie marque de fabrique. La semelle est en crêpe, la chaussure comporte deux œillets – comme il est coutume sur le modèle emblématique des années 1950 – et le modèle est très léger.

La particularité de ce modèle est assurément son cuir. La tannerie mythique américaine Horween de Chicago fourni la matière première. Le chromexcel a été inventé en 1905 par cette maison, c’est un cuir « pull-up » à savoir, un cuir gras. Autrement dit, le cuir a été nourri considérablement par diverses huiles, graisses et cires lors du processus de fabrication. Le cuir chromexcel a pour gros point fort d’être résistant à l’eau. 
Plus de 89 opérations différentes s’étalant sur 28 jours sont nécessaires à sa fabrication : ce cuir est donc cher. Mais sa beauté est inégalable : il se détendra au fur et à mesure des ports et se patinera joliment. Le chromexcel est un dur à cuir, nous choisissons de le maltraiter volontairement ou plutôt, de ne pas le bichonner. Nous souhaitons le laisser vivre et lui ôter toute étiquette de préciosité qui pourrait lui être collée. 

La desert boot s’intègre sans problème dans une tenue casual. Un jeans bien sûr, un gros pull et un manteau en laine à manche raglan pour la cohésion de l’ensemble de la tenue. Inutile de dire que ce type de chaussures sont exclusivement réservées aux tenues dénuées de toute formalité. 

L’héritage de Northampton et la qualité anglaise

A notre connaissance, Crown Northampton est l’un des très rares fabricants de chaussures sur le continent Européen à proposer ce type de cuir chromexcel « color 8 ». La paire est vendue 275£. Un investissement, mais il sera durable. Et ce d’autant plus que la marque propose un service de réparation. Oui, il sera possible de faire changer vos semelles en crêpe.

Après tout, une paire fabriquée rien que pour vous et dans les meilleures conditions, ne mérite-t-elle pas son prix ?

Disponibles ici. 

Merz b. Schwanen

Note : A notre demande, Merz b. Schwanen a accepté de nous envoyer les 2 t-shirts pour la réalisation de cet article.

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Merz b. Schwanen

Made in Germany

20. C’est le nombre de t-shirts blanc que je possède dans ma garde-robe. Tous rigoureusement identiques : d’un coton épais, coupe regular et tubulaires. Une obsession nourrie après le visionnage du film « American Psycho » dans lequel le protagoniste – Patrick Bateman – tient un dressing digne de mes « OVC » (voir ici et ici). Le t-shirt blanc, véritable pierre-angulaire du vestiaire masculin, se porte en Été comme en Hiver, en Automne comme au Printemps ; seul ou sous un pull, les combinaisons sont infinies. 

Pour autant, la recherche du t-shirt ultime est une quête épineuse sans fin, propre à chacun. 

Néanmoins, des t-shirts tubulaires – sans coutures latérales – fabriqués en Europe existent. La marque allemande Merz b. Schwanen relève ce défi depuis 1911, en produisant des basiques haut de gamme. 

Décryptage. 

Histoire de Merz b. Schwanen

La marque au cygne voit le jour en 1911, lorsque Balthasar Merz installe ses machines à tricoter dans le Jura souabe, une chaîne de montagne dans le Sud-Ouest de l’Allemagne. 

Mais c’est en 2011 que la renaissance de la firme arrive, lorsque les repreneurs Gitta et Peter Plotniki achètent un vieux henley sur un marché berlinois. Il était tubulaire et comportait des embouts triangulaires aux aisselles, une pièce rare qui datait de 1911 ! 

Le henley en questionThe 1911 henley

Le henley en question

The 1911 henley

Aujourd’hui, Merz b. Schwanen est le seul fabricant européen à posséder des machines dites TsuriAmi-Ki.
 

Le couple se passionne pour ce henley et retrace l’histoire de cette pièce qui les mène vers Rudolf Loder, dernier fabricant de textile à posséder des machines dites « loop-wheel ». 

Aujourd’hui, Merz b. Schwanen est le seul fabricant européen à posséder des machines dites TsuriAmi-Ki. Comme détaillé dans notre article dédié à ces machines, "tsuri" signifie accrocher, "ami" tricoter et "ki" machine . En effet, ces machines ont la particularité d’être “suspendues”. Elles sont le plus souvent accrochées à des poutres en bois et tricotent des sortes de grandes chaussettes tubulaires. Ces machines sont aujourd’hui très recherchées car elles permettent d’obtenir une main et une qualité différente des machines plus récentes.

Les fameuses machines « TsuriAmi-Ki »  Famous “TsuriAmi-Ki machines”

Les fameuses machines « TsuriAmi-Ki »
Famous “TsuriAmi-Ki machines”

REVIEW

Pour cet article nous avons testé deux t-shirts de la gamme 215, fabriqués en Allemagne sur les machines loopwheel évoquées précédemment. Le premier écru, le second teint à l’indigo.  

Pourquoi un t-shirt écru ? Pour faire honneur à l’histoire du t-shirt, initialement un sous-vêtement. Cette couleur naturelle est une réelle alternative par rapport à son homologue blanc optique.

Le modèle « 215 » adopte une coupe plus longue que les autres t-shirts que nous avons l’habitude de porter – car il reprend celle des années 1960. Techniquement il s’agit d’un t-shirt 2-fils pour 7,8 Oz, soit 200 grammes pour un coton 100% biologique. Il rétrécit néanmoins au lavage de quelques centimètres ; nous vous conseillons tout de même de prendre votre taille habituelle. D’ailleurs, Merz b. Schwanen propose un guide très exhaustif à suivre pour le lavage de ses produits. La marque a également mis au point une lessive spéciale non agressive afin de laver ses vêtements en toute sérénité : elle sent bon et rend les vêtements doux à la sortie du tambour.

 
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LA TOUCHE D’INDIGO

Des vêtements teints à l’indigo, il en existe beaucoup. Des t-shirts tubulaires, teints artisanalement à l’indigo, beaucoup moins. Merz b. Schwanen s’est associé avec Blue Print Amsterdam, pour franchir ce pas. Ce studio de design créatif, obsédé par le denim et l'indigo, a été fondé aux Pays-Bas en 2006 par Celia Geraedts. Blue Print Amsterdam est né au retour d’un séjour au Japon où la fondatrice apprend le métier de la teinture naturelle à l’indigo. Un savoir-faire qui a permis par la suite à Blue Print Amsterdam de collaborer avec Levi’s Red Tab, Levi’s Vintage Clothing, Levi’s Made & Crafted, Frans Boone Store ou encore Asahi, marque de basket japonaise à semelles vulcanisées.

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Le t-shirt teint à l’indigo est une réelle découverte. Nous n’en avions jamais porté auparavant, d’un toucher plus cartonneux que son cousin écru, il reste absolument agréable une fois sur le dos. Les t-shirts indigo irriguent le marché japonais, mais il est beaucoup plus rare d’en voir confectionner en Europe, qui plus est tubulaires. A noter que le t-shirt se patinera au gré des lavages successifs, tel un bon vieux jeans. 

Le t-shirt indigo peut devenir votre go-to t-shirt, il est extrêmement simple à associer et donnera une belle allure à vos tenues : « a splash of color » est toujours la bienvenue. 

A noter que Merz b. Schwanen propose d’innombrables pièces et coupes. Nous vous invitons à regarder leur tableau qui permet de trouver le t-shirt qui conviendrait le mieux à vos envies et votre morphologie. 

 
 

Les deux t-shirts de ce review sont de confection solide et extrêmement agréables à porter. Nous ne pouvons que recommander cette marque plus que centenaire, qui n’a finalement pas pris une ride.

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Vanacore Napoli

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Vanacore Napoli

Chemisier Napolitain

 

« Tous les chemins mènent à Rome » dit le célèbre proverbe, mais il vous faut « voir Naples et mourir » disait Goethe. La cité parthénopéenne, berceau d’une civilisation plus que millénaire, est aujourd’hui le produit de fantasmes du monde vestimentaire masculin.

Ces dix dernières années, la France a connu une véritable « italopazzia » ou « italomanie » aiguë. Certains détails d’un vêtement sont repris – parfois revisités – par les marques, pour insuffler à la pièce un air transalpin. Du « fatto in Italia » en passant par le « fatto a mano a Napoli », autant d’estampilles qui ouvrent les portes à la qualité et au voyage. Il est parfois difficile de défricher la forêt des maisons et des marques italiennes qui proposent un véritable savoir-faire de qualité. La jeune marque de chemises Vanacore Napoli fait partie des maisons discrètes qui méritent de sortir de cette jungle.

Décryptage.

Histoire de Vanacore Napoli

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Vanacore voit le jour en 2010 à Portici, au pied du Vésuve, grâce à la vision de la famille Nunziata. Le chemisier s’inscrit dans une longue ligne de tradition sartoriale locale, mais n’a rien à envier aux plus grands.

Les chemises proposées sont issues de filatures réputées, telles que Monti, Canclini ou encore Albini. Le site internet de la jeune marque est assez sommaire mais leur présence sur les réseaux sociaux – notamment Instagram – est au point.

Le credo de cette camiceria est une forte attention aux détails, rien n’est laissé au hasard : les chemises comptent jusqu’à 9 passages main, à savoir ce moment où la main remplace la machine à coudre. L’ambition de la jeune maison est d’offrir un choix tant formel que casual avec des tissus variant de la popeline au lin ou encore au denim.

Une chemise blanche formelle : la pierre-angulaire d’une garde-robe masculine.

Une chemise blanche formelle : la pierre-angulaire d’une garde-robe masculine.

Tout comme la « pasta della Nonna », on ne rigole pas avec les traditions en Italie : Vanacore permet à une jeune et nouvelle clientèle d’accéder à un savoir-faire cher et précieux, sans pour autant faire flamber le portefeuille. Cette balance est au cœur de la philosophie de la marque. La possibilité offerte d’un Remote Made-to-Measure renforce l’accessibilité d’un tel service napolitain.

Avant de disséquer la chemise que j’ai choisie pour ce test, il est important d’évoquer l’histoire de la toile de celle-ci : le denim.

Photos de l’atelier de production de Vanacore

Photos de l’atelier de production de Vanacore

Brève histoire du denim et de la couleur indigo

Une toile denim classique

Une toile denim classique

Le denim est une toile de coton twill qui utilise deux couleurs de fils différentes dans sa filature. Son origine Nîmoise – « sergé de Nîmes – est parfois contestée, mais la robustesse de la toile est légendaire. Au XVIIIème siècle, des tisserands Nîmois tentent de reproduire une toile en coton robuste, le « jeane » - du nom de sa ville de naissance, Gênes – mais réalisent à la place du sergé de Nîmes, à l’aide de laine et de soie des Cévennes voisines.

Le tissage très serré est fabriqué à partir d'une chaîne teinte en bleu et d'une trame écrue ou blanche. Les fils de trame sont entrelacés à un angle de 90 degrés avec les fils de chaîne. Le dessin de tissage, autrement appelé armure, est constitué de trois fils de trame se glissant sous un fil de chaîne puis d'un fil de trame passant sur cette même chaîne. Le décalage de ce dessin sur quatre fils conduit à des lignes diagonales visibles caractéristiques du sergé.

Indigo. La couleur qui caractérise le denim, une couleur parmi les plus anciennes encore produites. Elle signifie « l’Indien » ou « provenant d’Inde ». Les pigments sont originaires d’Inde et datent de 3300 avant J.-C. Extrait naturel de l’indigofera tinctoria, l’indigo est obtenu à la suite d’un processus particulier de fermentation des enzymes de la plante dans l’eau – appelé indoxyle – qui passent du jaune au bleu indigo une fois séché.

L’indigo inonde le Vieux Continent à la suite des périples indiens du navigateur Vasco de Gama en 1497. Ce n’est qu’en 1865 que le chimiste Allemand Adolf Von Baeyer commence à chercher la formule de synthétisation de l’indigo. Il y parvient en 1883 et l’indigo irrigue l’Europe et le monde de son emprunte bleu violacé.

Test de la chemise

Je découvre Vanacore grâce à – encore et toujours – Instagram, à la suite d’une publication représentant Nicola Radano, fondateur de la marque de cravates Spacca Neapolis – que nous avons testée ici –, avec une chemise en denim Vanacore.

 
La publication en question

La publication en question

 

Je suis tout de suite conquis par le bleu profond de la chemise et surtout par son col généreux button-down. Je contacte la marque et l’on m’informe que pour 160 € (frais d’envoi compris), il est possible de confectionner une chemise en remote made-to-measure (cf. mon article sur Shirtonomy pour l’explication). Le site internet de Vanacore est assez sommaire et ne révèle pas la partie immergée de l’iceberg : la maison offre une possibilité très poussée de personnalisation, de tissus ainsi que de styles de chemises.

Le processus de commande a été très simple et fluide. Salvatore Nunziata, un des fondateurs, a été d’une grande aide et bienveillance, sa disponibilité et son attention aux détails sont un vrai plus, ce qui rend l’expérience véritablement humaine.

vanacore napoli

Voici les caractéristiques de la chemise.

  • L’emmanchure : elle a une épaule à « mappina » ou spalla camicia, à savoir un léger excès de tissu qui donne l’impression visuelle qu’une cascade naît de votre épaule pour couler le long de votre bras. Elle est montée et assemblée à la main.

  • Le col : il est ici en button-down avec des coutures qui passent le long du col. Les pointes sont généreuses, quasiment 10 cm, et procure à la chemise un « rollino » absolument sublime.

  • La jointure d’épaule ou couture de la ligne d’épaule : elle est faite à la main et permet à la chemise de ne pas éclater sous la pression des tensions dues aux mouvements.

  • Les poignets : ceux-ci sont également faits main avec 10 points au centimètres ! Une très belle finition.

  • La gorge : la chemise en est dépourvue ici sur la face avant, mais sur la face arrière, la couture manuelle suit tout le long de la chemise en partant du col.

  • Les boutonnières : elles sont faites main également, très nettes !

  • Les boutons : ils sont en nacre brune et ne contrastent pas aussi fortement avec la chemise que s’ils avaient été de couleur blanche. Ils sont cousus en « ricamo a giglio » ou « zampa di gallina » : ils rappellent la fleur de lys ou encore l’empreinte de la patte d’une poule. Je trouve la nacre brune vraiment sublime, très peu courante car considérée – à tort – comme une partie moins luxueuse de la nacre.

  • Le travetto : c'est un renforcement sous forme de point de crochet, au niveau de la patte capucin (une patte qui part du poignet et qui se finit généralement au milieu de l'avant-bras). Il est exécuté à la main, cela est quasiment inexistant en prêt-à-porter.

  • L’hirondelle de renfort : un petit triangle qui relie conjointement les deux parties – avant et arrière – de la chemise en lui garantissant robustesse.

vanacore napoli
vanacore napoli

Tous ces points font de cette chemise une pièce réellement unique.

Concernant le fit, elle est très confortable et me permet aisément d’exécuter des mouvements amples et continus. Il est toujours difficile de faire confiance à une prise de mesure à distance, mais il vous suffit de vous calquer sur votre plus belle chemise ou de prendre vos mesures de corps directement. Par ailleurs, la toile denim rétrécissant légèrement au lavage, Vanacore prend en compte ce facteur et permet ainsi de ne pas se retrouver avec une chemise trop serrée ayant perdu sa forme originale.

vanacore napoli
vanacore napoli

Conclusion

La chemise en denim button-down Vanacore est une pièce unique de savoir-faire italien et surtout Napolitain. Cette chemise ne restera pas bleu immaculé longtemps : au gré des lavages successifs – toujours en programme délicat et jamais de sèche-linge – elle se patinera et s’éclaircira, pour révéler toute la splendeur de la matière et du tissu indigo. Bien que le denim soit une toile casual par essence, rien ne vous empêche de porter cette chemise avec une cravate, à l’italienne.
Je précise enfin que Vanacore offre une large gamme de styles ainsi que de tissus de chemises, qui ne sont pas tous sur leur site internet. Il suffit de les contacter – par mail ou via Instagram – afin d’en découvrir plus.
Je ne peux que recommander Vanacore à tous ceux qui souhaitent acquérir une véritable chemise napolitaine, « fatta a Napoli ».

Texte : Marcos Eliades
Instagram : lord_byron1

 

Pull Shetland Jamieson’s - Test et Avis

 

Mise à jour le 24/07/2020 : Jamieson’s nous informe qu’ils viennent de lancer leur propre site de vente en ligne. Vous trouverez également une offre très complète et détaillée sur Endclothing ici.

Autre possibilité chez Clutch Café ici.

Pull Shetland, pull Shaggy Dog, pull Fair Isle ou tout simplement pull Écossais : autant de dénominateurs qui évoquent les pulls en laine emblématiques de l’Ecosse.
Dans cet article nous nous focaliserons principalement sur les pulls Shaggy Dog de la marque Jamieson’s.

Poneys écossais Crédit Photo : Rob McDougal

Poneys écossais
Crédit Photo : Rob McDougal

Un pull chargé d’Histoire

Les premiers colons nordiques commencent à tricoter ces pulls emblématiques grâce à l’importation de leurs troupeaux de moutons sur les îles britanniques Shetland au cours du IXème siècle. Les pulls Shetland sont fabriqués à partir de la laine des moutons petits et robustes de race Shetland parfaitement adaptés à la vie de ces îles du Nord. Aujourd’hui encore, ces moutons produisent une laine si unique qu’elle est devenue une véritable culture sociale et commerciale pour l’archipel. Les pulls en laine Shetland ne sont pas aussi volumineux que les tricots à motifs câblés Irlandais ou fin que ceux 100% mérinos que l’on trouve chez Uniqlo mais sont souvent un bon intermédiaire. Ils peuvent aussi être très duveteux, comme c’est le cas du Shaggy Dog.

une production ENTIÈREMENT locale

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Jamieson‘s est une entreprise familiale depuis plus de 5 générations. Elle a commencé en 1890 à Sandness grâce à Robert Jamieson’s. L’entreprise y est toujours localisée un siècle plus tard. A ses débuts les fils Shetland étaient considérés comme trop fragiles pour être filés sur des machines industrielles. Ils étaient donc mélangés avec d’autres laines plus grossières. C’est en 1978 que la famille Jamieson’s réussie à filer un fil 100% laine Shetland.

La laine brute dans l’atelier de Jamieson’s

La laine brute dans l’atelier de Jamieson’s

Bobines de fils produite par Jameson’s - Elles sont vendues pour les personnes qui souhaitent tricoter leurs pulls à la main et constituent encore une bonne partie de l’activité de l’entreprise

Bobines de fils produite par Jameson’s - Elles sont vendues pour les personnes qui souhaitent tricoter leurs pulls à la main et constituent encore une bonne partie de l’activité de l’entreprise

Jamieson’s s’approvisionne auprès de plus de 80 exploitants agricoles pour récolter sa matière première essentielle : la laine Shetland. Toutes les opérations suivantes sont réalisées en interne : dégraissage pour enlever la suintine, teinture en bourre ou sur fils, cardage, filage…jusqu’au tricotage final.

Teinture des fibres ou parle aussi de teinture en bourre

Teinture des fibres ou parle aussi de teinture en bourre

Remaillage du col sur le panneau avant

Remaillage du col sur le panneau avant

Auparavant le tricotage était principalement fait à la main et à la maison par des tricoteuses sur tout l’archipel. Mais petit à petit cette main d’oeuvre s’est faite rare. En parallèle, la maison Jamieson’s se développait considérablement : ce fut ainsi une des premières familles à utiliser des machines à tricoter à commandes numériques, totalement pilotables grâce à des ordinateurs. Ce faisant, la famille relève le défi de l’industrialisation tout en conservant ses racines traditionnelles en utilisant des motifs Fair Isle et en proposant même davantage de motifs au sein de son catalogue.

A côté du tricotage, Jamieson’s produit également ses propres tissus. Encore une fois, outre les opérations de finissage (lavage…), tout est réalisé en interne. Du fil au tissage.

Tissage du tweed

Tissage du tweed

Production d’écharpes en laine

Production d’écharpes en laine

Résultat final : un très beau tissu

Résultat final : un très beau tissu

100% pure laine Shetland

100% pure laine Shetland

Métier rectiligne japonais SHIMA SEIKI SES122FF des années 1990 - La machine tricote ici l’un des panneaux avant des pulls

Métier rectiligne japonais SHIMA SEIKI SES122FF des années 1990 - La machine tricote ici l’un des panneaux avant des pulls

Programmation sur odinateur des motifs Fair Isle

Programmation sur odinateur des motifs Fair Isle

Pulls Fair Isle

Pulls Fair Isle

Pulls classiques Jamieson’s

Pulls classiques Jamieson’s

Aujourd’hui, la cinquième génération de la famille Jamieson’s est à pied d’œuvre, Peter et son fils Garry, continuent à promouvoir leurs produits en Shetland.

Toutes les captures d’écran ci-dessus proviennent de cet excellent reportage de Greg McCarron :

Test et avis du pull Jamieson’s

Considéré il y a encore quelques années comme un « pull à Papy », le Shetland sweater connaît une recrudescence depuis quelque temps. Comment expliquer ce phénomène ? Une partie de la réponse se niche dans notre nouvelle façon de consommer – buy less but buy best – et le retour en force des pièces intemporelles avec des matières nobles ou tout simplement bien confectionnées.
Par ailleurs, des eshops ou magazines de mode masculine les mettent souvent à l’honneur. On pense au magazine L’Étiquette, Jinji, J Crew, Drake’s, End Clothing

Note : en faisant des recherches pour cet article, je suis tombé sur la marque Bosie Knitwear/Hartley qui propose la personnalisation du brossage ! Il est donc possible de choisir un pull Shetland « Extra Shaggy ». Et si votre taille n’est pas disponible à un instant T, il est possible de la commander afin qu’on vous la confectionne.

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C’est la marque américaine J. Press qui crée le terme Shaggy Dog dans les années 1950 et des personnalités tels que JFK le portaient fièrement et simplement. Ainsi, une pièce initialement assez populaire et confidentielle géographiquement, est devenue accessible au plus grand nombre.

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Il est par ailleurs devenu la pierre-angulaire du style Preppy/Ivy au même moment durant les années 1950-1960 dans les universités américaines.

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Derrière son esthétique simple et un peu rêche visuellement, il reste étonnamment agréable à porter : il est aussi chaud qu’aéré ce qui en fait une parfaite pièce pour un layering hivernal ou automnal. Shaggy signifie « ébouriffé » ou « velu » : on a l’impression que le pull a reçu une décharge électrique mais c’est le résultat de brossages successifs qui en donne cette apparence. Un œil inexpérimenté vous dira que le pull souffre de bouloches excessives – qui ne sont autres que des excès de laine et en aucun cas signe de mauvaise qualité du pull – et qu’il est donc bon à jeter, vous pourrez lui rétorquer que le pull est en parfait état et qu’il continuera à se bonifier avec le temps.  

Ce modèle a également des manches dites « raglan ». Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), cela signifie : « qui a des emmanchures coupées en biais se prolongeant jusqu’à l’encolure. Manteau de voyage à pèlerine pour hommes, qui fut à la mode au Second Empire ». Cette pratique s’est transposée dans le vêtement, notamment les pulls. Personnellement, je trouve que c’est un plus : un des plus gros avantages est la garantie d’une plus grande ampleur de mouvements du bras et donc de l’épaule. Avec une manche raglan, pas de craquage de tissus ! Ce manque de structure permet aussi tout simplement d’avoir plus de place en dessous afin de le porter avec un OCBD par exemple.

La pièce fonctionne parfaitement avec un OCBD (chemise Oxford Cotton Button-Down) et un chino beige, pour un look très Ivy

La pièce fonctionne parfaitement avec un OCBD (chemise Oxford Cotton Button-Down) et un chino beige, pour un look très Ivy

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Pour ce test, j’ai choisi du S. A noter que je fais habituellement du XS mais la marque s’arrête à cette taille, visuellement et d’un point de vue du confort, le fit est parfait. Il taille normalement, sans être ni trop cintré ni trop ample. Ce pull m’a coûté 145 euros. Inutile de chercher à acheter ce pull sur le site propre de la marque Jamieson’s : il n’y en a pas ! La marque préfère distribuer ses pulls via des eshops spécialisés en la matière, quelques-uns sont cités plus haut comme EndClothing ici.

Ici la technique de brossage de la laine est bien visible. A noter qu’au fur et à mesure des lavages, le pull sera de plus en plus « shaggy »

Ici la technique de brossage de la laine est bien visible. A noter qu’au fur et à mesure des lavages, le pull sera de plus en plus « shaggy »

Le Shaggy Dog est tout simplement – à mon sens – un basique de la garde-robe masculine. C’est un peu une de ces pièces qui sont des « no brainers » comme disent les Américains : pas de prise de tête. Ce qui est intéressant est justement la rugosité du pull, il n’est pas lisse vu qu’il a été brossé donc cela confère texture et allure à son porteur. De par ce brossage qui paraît grossier mais tout de même maîtrisé, ce pull appartient au registre vestimentaire casual. Un pull de tous les jours en somme. Il m’arrive de le porter aussi à même la peau, ce n’est pas le pull le plus doux il faut le dire, mais il ne gratte pas excessivement non plus (sans doute ne suis-je pas ultra-sensible non plus). Les finitions sont au rendez-vous : bords côtes et tissage impeccable. Concernant la laine, le brossage lui confère un aspect spongieux et ultra léger, on a l’impression d’être enveloppé par un nuage : on ne ressent pas de lourdeur sur les épaules comme cela peut-être le cas avec un traditionnel cable knit Irlandais.

Autre point important, à l’instar d’un cuir cordovan qui se patine avec le temps, ce pull deviendra de plus en plus doux après chaque port et chaque lavage (il ne faut pas en abuser pour autant ! Personnellement, je le lave – comme tous mes pulls – en cycle « délicat laine » 20/30 degrés, sans essorage. Ensuite je l’étends à plat sur le tancarville et je laisse mère nature prendre le relais pour le séchage. As simple as that). Le pull vieillit donc avec son maître.

 

SHAGGY DOG J.PRESS et LAURENCE J.SMITH

J’ai personnellement choisi la couleur bleu marine car je voulais un basique de chez basique, mais j’aurais pu choisir une couleur plus « criarde » comme ci-dessous et l’intégrer dans ma garde-robe. Pas sûr en revanche que j’aurais choisi un pull avec une énorme étiquette « Shaggy Dog J. Press » mais libre à tout un chacun ! A la place, j’ai choisi un pull de la marque Laurence J. Smith, en vert. Le début d’une collection chromatique ?

Pulls Shaggy Dog de J.PRESS Source ici (l’occasion de découvrir aussi le lookbook associé)

Pulls Shaggy Dog de J.PRESS
Source ici (l’occasion de découvrir aussi le lookbook associé)

 

CONCLUSION

Vous l’aurez compris, pour moi, le Shaggy Dog est un pull qui permet de s’affirmer, de faire un statement, une pièce de « connoisseur » à l’héritage américain mais dont l’histoire commence en Ecosse.
Comme l’a très bien dit Gauthier Borsarello sur un site confrère  : « c’est un pull qui a du chien ».


Quelques exemples ci-dessous de pull shetland Jamieson’s. Liens en cliquant sous les images.

 

Village Paris

 
 
 
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Un des enjeux majeurs de notre quotidien est celui de l’habillement : comment s’habiller pour affronter le « monde de dehors » ? Certes, cette préoccupation s’est glissée au cadet de nos soucis en ces temps troubles ; mais le vêtement représente à la fois la régularité, la normalité et notre personnalité. Le vêtement rassure en ce qu’il porte notre empreinte, une patine : un col de pull déformé résultat d’un tirage continu par l’habillé, la marque laissée par un portefeuille ou un téléphone portable sur les poches d’un jeans ou encore des plis de marche sur des souliers en cuir. Il est rare que des marques fassent « vivre » le vêtement. Village Paris appartient à cette catégorie grâce à l’utilisation de tissus particuliers et une confection soignée : d’un passionné à un autre, la marque scelle son sceau.

Décryptage.

 

Histoire de la marque Village Paris

Village naît de l’esprit de Romain Baret en 2018. Ce projet prend cependant racine dans les années 1990, lorsqu’il part réaliser son rêve américain à Los Angeles avec un ami. Ils y ouvrent deux boutiques de vêtements « vintage » sur Melrose Avenue. Denim, militaria, workwear : la Sainte Trinité y est présente. Ces années américaines ont permis à Romain d’acquérir un œil d’expert en la matière.
Après avoir travaillé dans le secteur de nombreuses années, ce n’est que vingt ans plus tard que Romain décide de se lancer en fondant sa propre marque, Village.

« Buy less, buy better »

« Village est une marque parisienne de vêtements, unisexe » nous renseigne le signe de la marque. J’ajouterais qu’elle est une marque à l’héritage américain aux influences japonaises avec un twist à la française. La durabilité dans le vêtement est le credo du fondateur : Romain est animé par l’envie de proposer une qualité haut de gamme, un savoir-faire irréprochable pour un prix abordable.
La marque valorise les fonctions premières du vêtement : habiller de manière confortable en assurant une durabilité, une intemporalité dans les coupes pour hommes et femmes. Village propose des tissus très beaux, par exemple des sweatshirts en coton bouclé fabriqués à Osaka, dans l’une des plus vieilles manufactures de coton du pays.
Village propose de découvrir sa collection sur son site internet ou en boutique au 39 rue Boursault dans le 17ème à Paris. Pour y avoir été, l’endroit est rempli de charme et Romain vous accueillera volontiers pour un café ou une discussion sur le vêtement.

J’ai décidé de parler de deux articles phares du catalogue de la marque : le sweatshirt en coton japonais fabriqué au Japon et la chemise workwear en chambray japonais, fabriquée en France.

Brève histoire du sweat et de la chemise en chambray

L’iconique « crew neck » sweatshirt

L’iconique « crew neck » sweatshirt

Si les origines du sweatshirt remontent aux années 1910 avec l’U.S. Navy – avec le dénommé « Gob shirt » – il adopte la forme qu’on lui connaît aujourd’hui dans les années 1930. Benjamin Russell Jr., un joueur de football américain de l’Université d’Alabama, y contribue fortement.


 
Une « all American brand » : les couleurs du drapeau américain résonnent dans le logo de la marque, l’aigle couronnant le tout.

Une « all American brand » : les couleurs du drapeau américain résonnent dans le logo de la marque, l’aigle couronnant le tout.

 
 

Las des maillots en laine qui grattent, le joueur a l’idée de les remplacer par du coton, plus doux et confortable. Russell Jr. parle de cette idée à son père Russell Sr., qui décide de la rendre réalité en 1930. Le crew-neck sweater est né.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le cousin du sweat – le hoodie ou sweat à capuche – je vous invite à lire notre test sur Camber.

La ville de Cambrai

La ville de Cambrai

L’histoire de la chemise en chambray est à la fois bien plus ancienne et géographiquement plus proche de nous. L’histoire du tissu chambray remonte au milieu du XVIème siècle. A ses origines, le chambray est du lin et provient de la ville de Cambrai, au Nord-Est de la France. Ce tissu a la particularité d’être résistant et de haute confection, c’est pour cela qu’il est employé à l’époque dans l’élaboration de pièces telles que des mouchoirs ou encore des chemises.

Il faudra attendre le début du XIXème siècle pour que le chambray soit plébiscité par la classe ouvrière. Les vertus thermorégulantes de ce tissu en font un allié d’exception pour le travail à l’extérieur : en 1901 l’U.S. Navy autorise conjointement l’utilisation de la toile denim – « de Nîmes » – ainsi que chambray. A compter de la Seconde Guerre Mondiale, il était coutume d’apercevoir des matelots en chemise chambray et pantalon denim. Dans toute l’Amérique, les travailleurs adoptent l’uniforme bleu et popularisent l’expression « blue collar workers ».


La structure du chambray :

 
La toile chambray n’est pas unie, ce qui lui confère un bel aspect rugueux et lumineux

La toile chambray n’est pas unie, ce qui lui confère un bel aspect rugueux et lumineux

 

La toile chambray est le résultat du croisement de deux fils, l’un blanc, l’autre bleu (des variantes chromatiques existent). Le fil blanc est tissé par-dessus le bleu, ce qui assure conjointement au tissu une profondeur ainsi qu’un poids plume. Le chambray peut bien évidemment – tel le denim – être tissé avec une densité plus grande, mais la légèreté du chambray est légendaire.

Quelle est la différence entre la toile denim et le chambray ? Tous deux en coton, ils sont souvent confondus. Leur différenciation se reconnaît grâce au tissage : le chambray est tissé par enchevêtrement – ou tissage uni – avec deux fils de couleurs différentes. Le denim est quant à lui tissé en twill ou armure de sergé : son tissage dessine des lignes ou arrêtes sur les deux faces, qui crée un tissage avec deux fils qui montent et deux qui descendent.

Place désormais aux tests des pièces.

TEST VILLAGE PARIS

Commençons par le sweat. Les sweatshirts de Village taillent amplement – sans excès pour autant – j’ai sélectionné la taille XS. Le sweat a une particularité que j’adore : des manches raglans ! J’en ai parlé ici, , ou encore ici. Les manches raglans permettent une plus grande liberté de mouvements tout en étant assurément esthétiques. Elles permettent également d’enfiler la pièce facilement et de l’associer aussi bien avec une chemise ou un t-shirt en dessous. C’est une pièce à l’héritage américain très fort, je le porte assez souvent façon Ivy style : jeans blanc droit, mocassins marrons ou noirs et t-shirt crème en-dessous du sweat. As simple as that.

Le sweat coûte normalement 130 €, il est actuellement proposé à 90 € et je l’ai eu en soldes en début d’année pour 60 €, un prix imbattable pour la qualité du produit ! (Edit : en ce moment même à 55 € sur le site internet). J’ai tout de suite été séduit par la couleur du sweat, d’un bleu profond, indigo même, clin d’œil à ses origines japonaises.

Le sweat est confectionné dans un coton bouclé 590 grammes, fabriqué au Japon. Le coton n’est – à mon goût – pas assez épais, j’aurai préféré qu’il le soit encore plus, tel mon hoodie Camber. Cependant, le sweat Village a l’avantage d’être très doux au toucher, ce qui est très agréable. Le col du sweat est ras du cou – ce qu’on nomme donc « crew neck » aux U.S.A. – avec des finitions côtelées.

sweat village paris
sweat village paris

Qui ne s’est jamais demandé à quoi servait le petit triangle au niveau du cou du sweatshirt ? Non…personne ? Moi si ! Plusieurs explications existent. L’une d’entre elles seraient de permettre de récolter la transpiration excessive de son porteur dans ce fameux triangle, car dans un sweat, on transpire. L’autre raison serait qu’il permet de renforcer les coutures du cou afin qu’il ne se déforme pas. Il faut garder à l’esprit que le sweatshirt se destine initialement à la pratique du sport. Aujourd’hui, ce triangle n’est plus que purement esthétique.

VILLAGE PARIS
VILLAGE PARIS

Passons à présent à la chemise en chambray. Le tissu vient également du Japon. Romain, le fondateur, m’avait conseillé de prendre une taille au-dessus de celle que je prenais habituellement car la chemise a tendance à rétrécir au lavage. Selon votre convenance, vous pouvez la choisir plus près du corps ou non, j’ai opté pour cette dernière option en choisissant la taille « 2 ». Ma recommandation pour le lavage est simple : programme délicat, 30 degrés maximum, essorage minimal et surtout pas de séchage en machine ! La particularité du chambray est qu’il s’adoucit après chaque lavage, la toile perd de sa rugosité et devient un réel plaisir sur la peau.

Le chambray se patinera merveilleusement avec le temps mais pour cela, il faudra être patient

Le chambray se patinera merveilleusement avec le temps mais pour cela, il faudra être patient

J’ai tout de suite été séduit par l’esthétique de la chemise : il n’y a que six boutons, un choix assumé, ce qui permet de porter la chemise à l’intérieur du pantalon, ou encore à l’extérieur tel une surchemise. J’ai été cependant déçu par la qualité des boutons qui sont en plastique, là où j’aurai préféré qu’ils soient en nacre. Mais le prix n’aurait pas été le même, et je peux toujours les faire changer.

Les poches poitrines avec boutons, façon « œil de chat », sont très esthétiques. Par ailleurs, la longueur des pans du col est généreuse et mesure environ 8 centimètres : c’est ce type de détail que je recherchais dans une chemise en chambray, me permettant à la fois de ne pas tomber dans les affres des petits cols et d’assouvir mes « OVC » – Obsessions Vestimentaires Compulsives.

Le chambray est ici légèrement rigide teinté à l’indigo. La coupe droite de la chemise lui confère un look casual assumé. La couture arrondie en haut du dos assure plus de confort au porteur et les manches sont « à la japonaise » légèrement courtes, bien que la chemise soit fabriquée en France.

Cette chemise en chambray est l’archétype de la chemise workwear des années 60. Elle me fait penser aux chemises Big Mac ou Hercules américaines : des références. Le chambray est un tissu casual par excellence, je ne conseillerais par de la porter sous un costume, cela n’aurait pas de sens. Vous pouvez cependant l’intégrer sous un blazer et même porter une cravate en tricot autour du cou pour jouer sur le registre casual/formel.

VILLAGE PARIS
VILLAGE PARIS

Conclusion

Le sweat et la chemise en chambray sont des classiques du vestiaire masculin. Il est toujours plaisant de découvrir une jeune nouvelle marque qui propose des vêtements bien conçus et bien faits. Un village fédère, tout comme la marque parisienne.
Je ne peux que recommander ces deux pièces. Elles représentent pour moi des « essentiels nécessaires » : tels de bons copains, on peut compter sur eux à toute épreuve.

Marcos Eliades

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