Retour de chez Saphir : Le Rituel pour Sublimer le Cordovan

Suite à notre passage chez Saphir, nous avons décidé de nous attaquer à l'entretien de nos souliers en Cordovan. Ce cuir de cheval si particulier — dense, non poreux et à la brillance vitreuse — ne demande souvent qu’un bon brossage.

Mais pour notre paire, un nettoyage s’imposait.

AVANT NETTOYAGE

AVANT NETTOYAGE

En suivant scrupuleusement le guide de nettoyage en profondeur Saphir, nous avons opté pour le duo crème rénovateur et la fameuse Crème Cordovan.

Voici comment nous avons redonné vie à ce cuir légendaire.

crème rénovateur

Crème Cordovan saphir médaille d’or

Étape 1 : La remise à zéro avec La Crème rénovateur

Comme le préconise le guide, nous avons commencé par l'application de la crème rénovateur à l'aide d'une chamoisine.

Elle va chercher la saleté en profondeur et, surtout, retirer les traces de silicones ou de résines souvent laissées par l’application d’autres produits. C'est l'étape indispensable pour "ouvrir" les pores du cuir et le laisser respirer à nouveau.

Étape 2 : La magie de la Crème Cordovan

Une fois le cuir propre et sec, place à l'étape que Saphir qualifie de "partie la plus importante" : la nutrition.

Nous avons appliqué la Crème Cordovan (Saphir Médaille d'Or). Formulée spécifiquement pour ce cuir, elle ne se contente pas de le faire briller : elle le nourrit, le recolore et renforce son imperméabilité. Le secret réside dans l'application : une noisette suffit, en massant bien les flancs et les coutures passepoilées.

Le Résultat

Après un bon lustrage à la brosse en crin pour activer les cires, le résultat est sans appel. Le cuir a retrouvé en bonne partie sa profondeur et son éclat inimitable.

Si vous hésitiez encore à entretenir vos Cordovan vous-même, lancez-vous. Avec les produits Saphir et un peu d'huile de coude, vos souliers pourront traverser quelques décennies.

Le résultat après en images.

 
 

L'Inspiration du Dimanche Soir : La Découverte de Jack Fort

En scrollant tranquillement sur X (anciennement Twitter) tout à l'heure, je suis tombé sur une mention de DieWorkwear (alias Derek Guy). En principe quand le "menswear guy" pointe quelque chose du doigt, ça vaut généralement le détour.

Il parlait d'une marque qui m'était jusqu'alors inconnue : Jack Fort.

Curieux, j'ai cliqué. Et je dois dire que je n'ai pas été déçu.

J'ai atterri sur cette page : thejackfort.com.

Origines et philosophie

Le fondateur, Kim Kyung-mo, dirige la marque depuis Séoul.

Jack Fort puise clairement dans l’héritage militaire et workwear du vestiaire masculin : comme le note la description du trunk-show organisé par The Decorum Bangkok, sa collection s’inspire du patrimoine militaire, workwear et outdoor.

Plutôt que de copier, le créateur préfère « démonter » les pièces originales (vêtements vintage) pour les reconstruire en nouveaux modèles. La marque explique qu’elle veut préserver l’âme brute de l’original tout en offrant un vêtement actualisé pour aujourd’hui. Cette approche de réinterprétation place Jack Fort dans une lignée contemporaine qui revisite le vestiaire militaire/travail, sans en dénaturer l’esprit.

Pièces emblématiques

L’Apache Jacket est sans doute la pièce la plus emblématique. Son nom évoque les hélicoptères d’attaque américains, et elle combine le patron du M-43 (veste de l’US Army des années 40) avec les poches pratiques du M-42 des aviateurs. Le tissu ripstop, inspiré des tenues de jungle du Vietnam, renforce sa durabilité, tandis que la coupe et la finition « bleach » lui donnent un style contemporain. Cette veste militaire stylisée se porte comme une pièce unique, oscillant entre authenticité vintage et modernité.

La M421 Flight Jacket est un autre blouson inspiré par l’histoire. Elle reprend le modèle US Navy M-421A des années 1940 mais simplifie la coupe pour la rendre plus épurée et confortable. Fabriquée également en coton japonais et agrémentée de son patch distinctif, elle se distingue par sa couleur claire et son caractère casual. C’est une pièce plus décontractée que l’Apache Jacket, que l’on peut porter sur un pull ou même un blazer déstructuré.

La marque offre aussi des pièces plus légères : par exemple, la chemise 940 Chambray reprend un classique de la Navy 1940. Déclinée en indigo ou gris pâle et conçue en chambray 100 % coton, elle a été raccourcie et élargie pour un porté estival. Même sur ces modèles plus simples, Jack Fort veille aux finitions (doublures renforcées, boutons corozo, etc.), ce qui témoigne de la cohérence de la gamme.

Positionnement dans le vestiaire masculin

Jack Fort reste un label de niche à diffusion internationale limitée. On le trouve chez quelques boutiques spécialisées en Asie du Sud-Est – notamment The Decorum Bangkok – mais peu ailleurs.

1000 Football Shirts : La Saga Textile du Football Décryptée par Bernard Lions

Voici une idée de cadeau de dernière minute.

Le maillot de football est devenu une pièce emblématique de la culture moderne. L'ouvrage 1000 Football Shirts signé par le célèbre journaliste de L'Équipe, Bernard Lions, s'impose comme la "Bible" absolue de cet univers. Avec plus de 1 000 illustrations couvrant 100 pays et 500 équipes, ce livre nous fait voyager des premiers tricots de laine aux futurs maillots de 2026.

Bernard Lions : le passionné qui Mouille le Maillot

Pour écrire un tel ouvrage, il fallait un expert capable de "mouiller le maillot". Bernard Lions, grand reporter ayant couvert quatre Coupes du Monde et cinq Euros, est aussi un collectionneur passionné.

Une question : Nicollin ou Ancelotti ?

Petite subtilité : selon l'édition que vous aurez entre les mains, la porte d'entrée change ! Dans la version française, c'est le légendaire Louis Nicollin, président historique de Montpellier et propriétaire d'une collection de maillots unique au monde, qui signe la préface. Pour les éditions internationales révisées, c'est "Mister" Carlo Ancelotti qui prend le relais. À vous de choisir votre préférence !

Matières : des fibres naturelles aux polymères synthétiques avancés

Au cours des premières décennies du sport, les joueurs portaient d'épais t-shirts en coton ou même en laine, souvent accompagnés de lourdes chaussures en cuir et, occasionnellement, d'élégantes casquettes en velours. Ces matières étaient peu pratiques : par temps de pluie, le coton absorbait l'humidité, augmentant considérablement le poids du vêtement et entravant la performance athlétique. Un maillot en laine ou en coton mouillé pouvait peser plusieurs kilogrammes à la fin d'un match, entraînant une fatigue rapide.

Le passage aux matières synthétiques a commencé à s'imposer au milieu du XXe siècle avec l'émergence du nylon. À la fin des années 1990, la transition vers les fibres entièrement synthétiques était achevée, marquant le début d'une ère où les vêtements sont conçus pour des propriétés aérodynamiques et thermiques spécifiques. Les tenues modernes sont presque exclusivement fabriquées en polyester, en nylon ou en mélanges sophistiqués conçus pour optimiser la respirabilité.

Les dernières technologies : chez Nike, le Dri-FIT ADV s’appuie sur une cartographie thermique du corps pour placer des zones de respirabilité très précises là où la transpiration est la plus importante, notamment dans le dos et sous les aisselles. Adidas mise sur le HEAT.RDY, conçu pour favoriser la circulation de l’air et maintenir le joueur au frais, souvent grâce à des tissus micro-perforés ou texturés. Puma, de son côté, utilise l’ULTRAWEAVE, un textile extrêmement fin et extensible, pensé pour réduire le poids au minimum et offrir une liberté de mouvement totale.

Reste enfin la question de la durabilité face à la performance.

La Distinction Technique : Versions "Player" vs "Replica"

On observe aujourd’hui une distinction claire sur le marché entre les versions dites « player » et « replica ». Elle permet aux amateurs de choisir entre des modèles fidèles à ceux portés sur le terrain et des versions plus robustes, adaptées à un usage quotidien.

Le maillot Authentic (player) est une pièce très technique, parfois conçue pour un usage limité à quelques matchs. Les logos thermocollés sont plus fragiles et nécessitent des précautions particulières, comme un lavage à froid et idéalement à la main. Le maillot Replica, lui, s’impose comme le choix le plus pratique pour le supporter : son tissu est légèrement plus épais, mais bien plus résistant à l’usure du temps et aux lavages fréquents.

Ce que nous disent les couleurs : Pourquoi l'Italie joue-t-elle en Bleu?

Bernard Lions nous rappelle que les couleurs ne sont jamais choisies par hasard. Elles racontent des histoires de dynasties, de navires et même de traumatismes nationaux.

  • Le Bleu Azzurro : Si l'Italie joue en Azzurro et non aux couleurs de son drapeau, c'est pour rendre hommage à la Maison de Savoie, la dynastie royale qui a unifié le pays.

  • Le Jaune "Porte-Bonheur" du Brésil : Avant 1950, le Brésil jouait en blanc. Mais après la défaite tragique au Maracanã contre l'Uruguay, le blanc a été banni car jugé "maudit". Le jaune est devenu la couleur de la victoire.

  • Le Pari de Boca Juniors : Le club argentin doit son bleu et jaune au premier navire entré dans le port de Buenos Aires après un pari entre ses membres. C'était un bateau suédois.

PSG : Le "Style à la Parisienne"

Le Paris Saint-Germain occupe une place de choix dans l'analyse de Lions. C'est l'exemple parfait du club qui a transformé son maillot en icône de mode internationale.

  1. Le Code Hechter : Créé en 1973 par le couturier Daniel Hechter, ce design bleu-blanc-rouge-blanc-bleu (B-B-R-B-B) est inspiré des codes du luxe et du style de l'Ajax Amsterdam. Il reste le symbole sacré pour les supporters.

  2. L'Incursion dans le Luxe : Le maillot marron de 2006, surnommé le maillot "Vuitton" à cause de ses motifs style fleur de lys évoquant le maroquinier, a d'abord été critiqué avant de devenir une pièce ultra-recherchée par les collectionneurs.

  3. L'Effet Jordan : En 2018, le PSG a brisé les codes en remplaçant la virgule de Nike par le "Jumpman" de Jordan. Résultat ? Le maillot de foot est devenu une pièce de streetwear incontournable de Tokyo à New York.

"Blokecore" : Quand le Maillot de Foot envahit les Défilés

En 2024 et 2025, une tendance nommée "Blokecore" domine les réseaux sociaux. Elle consiste à porter des maillots vintage avec des jeans et des baskets rétro (comme les Adidas Samba). Ce mouvement transforme les archives de Bernard Lions en un catalogue de mode.

Le Musée des Horreurs et des Curiosités

Tout n'est pas toujours de bon goût dans l'histoire du foot. Lions répertorie aussi les maillots les plus "déjantés" :

  • Le maillot Brocoli : En Espagne, l'équipe de La Hoya Lorca a joué avec un imprimé... de brocolis.

  • L'effet Musculaire : Le CD Palencia a proposé un maillot reproduisant l'anatomie des muscles humains, pour montrer que les joueurs "donnent leur peau".

  • L'illusion Swastika : La Fiorentina a dû retirer un maillot en 1992 car ses motifs géométriques créaient une illusion d'optique malheureuse rappelant des croix gammées.

Où le trouver ?

Sur Amazon par exemple, ici.

Les Sandales des Moines de Sainte-Marie de la Garde (Lot-et-Garonne)

Je sais ce que vous allez dire. On est en plein hiver, il fait 4 degrés, et le ciel de Paris est gris. Ce n'est absolument pas le moment de penser à ses orteils. Et pourtant...

L'autre soir, je suis tombé dans un de ces fameux "rabbit holes" d'Internet. Vous connaissez le principe : on cherche une info, on clique sur un lien, puis un autre, et deux heures plus tard, on a 15 onglets ouverts et on ne sait plus du tout comment on est arrivé là. J'ai totalement oublié l'origine de ma recherche, mais je suis ressorti de cette apnée numérique avec un nom : l'atelier de sandales de l'Abbaye Sainte-Marie de la Garde.

C'est la pièce manquante parfaite pour compléter notre dossier sur les meilleures sandales d'été. Sauf que là, on touche à quelque chose d’un peu différent.

Ora et Labora : Le savoir-faire caché

Dans le Lot-et-Garonne, une petite communauté de 17 moines fabrique ces sandales à la main, entre deux offices religieux. Mais attention, ils ne se sont pas improvisés cordonniers du jour au lendemain.

Dès le lancement de l'atelier en 2003, ils ont été accompagnés et formés par des professionnels d'une très grande marque française de chaussures. Si le nom de cette maison reste discret, le résultat, lui nous semble bon.

Il faut environ 1h30 à l'équipe de trois frères pour confectionner une paire de sandales complète. Une "bonne journée" à l'atelier, c'est 10 paires produites. Pas une de plus.

Au total, seules 1 500 paires sortent de l'atelier chaque année. C'est infime mais ce chiffre est un plafond volontaire. Comme le précise un reportage, "pas question pour autant d'en faire une production à grande échelle qui contrarierait leurs vœux pieux". La priorité reste la vie contemplative. L'atelier refuse d'ailleurs certaines commandes pour ne pas se laisser submerger.

Le "Japanese Approved" (Et on n'est pas étonnés)

Au fil de mes quelques lectures, j'ai découvert un détail qui ne trompe pas sur le potentiel "style" de ces sandales : elles font un carton au Japon.

L'atelier a même dû adapter certains gabarits pour le marché nippon. Honnêtement ? On n'est pas étonnés. Avec leurs lignes simples, la fabrication artisanale en petite séries ou encore un cuir tannage végétal qui se patine, difficile de ne pas être séduit.

Pourquoi c’est un "Indispensable" ?

Pourquoi ces sandales nous plaisent :

  • Le Cuir : ils utilisent cuir pleine fleur français au tannage végétal du sud-ouest de la France (Arnal ?). Même si on a une préférence pour le coloris noir, on aime aussi l’idée que coloris naturel va prendre une teinte cognac sublime avec le soleil.

  • L’Anecdote de la Semelle : Au début, les moines utilisaient des semelles lisses... et glissaient lorsqu'ils devaient rejoindre leurs places (les stalles) dans l'église ou le réfectoire ! Résultat : ils ont intégré une semelle en caoutchouc antidérapante. Vous pouvez courir après votre métro ou marcher sur les pavés humides, en principe ça tient à peu près la route.

  • Le Prix : comptez entre 80 € et 110 €. Les bénéfices servent directement à entretenir leur abbaye.

Où les trouver ?

C'est l'anti-tendance qui devient, de fait, indémodable.

Les canaux pour se les procurer :

  • La Boutique de l'Abbaye du Barroux (le canal le plus direct).

  • Des distributeurs sélectifs comme Divine Box.

  • Ou directement au monastère près d'Agen, si vous êtes de passage.

Cleo : une boutique irlandaise de tricots à connaître

Fondée en 1936 par Kit Ryan, Cleo est établie au 18 Kildare Street à Dublin. Toujours dirigée par la famille fondatrice, aujourd'hui représentée par la troisième génération, la boutique est spécialisée dans la confection et la vente de vêtements irlandais traditionnels, avec une expertise particulière pour les tricots d'Aran et les ceintures tissées (crios).

Ci-dessous des exemples de pulls aran tricotés à la main et vendus par Cleo (environ 500€) :

L'histoire de cette boutique est documentée dans l'ouvrage Cleo: Irish Clothes in a Wilder World. Il témoigne d'un modèle économique centré sur l'artisanat et la production locale. Cette approche a permis à l'enseigne de fidéliser une clientèle internationale et d'attirer l'attention de figures culturelles variées, des écrivains irlandais du XXe siècle aux créateurs de mode étrangers.

 
 

L'ouvrage met en lumière ce positionnement singulier de Cleo. Alors que l'industrie textile mondiale s'automatisait, la boutique a fait le choix radical de conserver une esthétique brute et une production manuelle. Ce refus de l'industrialisation a sans doute permis à l'entreprise de survivre, notamment lorsque le commerce local dublinois souffrait.

Ce succès s'explique aussi en partie par une connexion forte avec les États-Unis, entretenue par des ventes par correspondance via le catalogue J. Peterman. Une anecdote citée dans le livre illustre cette audace : lors du choc pétrolier de 1973, alors que le tourisme s'effondrait, la boutique a publié une publicité dans le New Yorker avec le slogan : « Keep warm during The Crisis in Organic Handknits » (Restez au chaud pendant la crise avec des tricots bio faits main).

Une pratique sociale et féminine réhabilitée

Le livre replace aussi le tricot dans son contexte historique irlandais. Compétence traditionnelle ayant survécu à la Grande Famine, le tricot est décrit comme une activité pragmatique intrinsèquement liée aux femmes. Contrairement aux machines ou aux travaux agricoles lourds, il permettait de surveiller les enfants (« child rearing ») et pouvait être interrompu instantanément sans danger en cas d'urgence domestique.

L'auteur souligne la volonté de Kitty Joyce, la propriétaire, de réhabiliter ce savoir-faire souvent dénigré ou considéré comme machinal. Pour Cleo, les tricoteuses ne sont pas de simples fournisseurs, mais des « créatrices douées » (« gifted makers »), et le tricot n'est pas un souvenir nostalgique, mais de l'« Art à porter » (« Wearable Art »).

La technicité du vêtement

Un point important de l'ouvrage est la comparaison technique entre le tricot main et la production industrielle.

  • Le tricot industriel : Bien qu'il utilise l'image marketing de la « chaleur irlandaise », il est critiqué pour son manque de « personnalité » et d'efficacité thermique. La marque met en garde contre les laines trop douces qui se déforment rapidement (« loose shape »).

  • Le tricot Cleo tricoté à la main : Il est présenté comme une pièce d'architecture dense, conçue avec de la laine irlandaise riche en lanoline et des points complexes. Sa durabilité est sa signature : il est conçu pour conserver sa forme et sa chaleur pendant des décennies.

Si la boutique était ancrée dans la tradition, elle attirait l'avant-garde. Le livre relate l'épisode où André Courrèges, futuriste par excellence, s'est arrêté devant la vitrine de Cleo. Il fut captivé non pas par les coupes, mais par les couleurs : les teintures naturelles (fuchsias, violets, verts mousse) possédaient une vibration organique que la chimie moderne de l'époque ne parvenait pas à imiter.

Autre preuve de ce rayonnement international : le livre mentionne une photo de Steven Spielberg, immortalisé par Richard Avedon, portant un pull Cleo.

 
 

Enfin, l'ouvrage documente le sauvetage des ceintures Crios. Ces longues ceintures tissées aux motifs géométriques colorés, originaires des îles d'Aran, servaient initialement aux hommes pour tenir leurs pantalons de tweed sans passants. Cleo les a réintroduites comme des pièces maîtresses, apportant une touche de couleur vive sur des tenues souvent sobres

 
 

Le livre montre aussi les dessous de la relation client : on y découvre des croquis griffonnés à la main par des clientes américaines, demandant des tenues de ski sur-mesure très précises. Qui pourrait en faire autant aujourd’hui ?

Pour en savoir plus sur Cleo, allez jeter un oeil sur leur site officiel ici.

 
 

le dramaturge Sean O’Casey qui porte son pull aran à l’envers

Pane - Le tueur de GAT Margiela ?

Note : À notre demande, Pane ont accepté de nous envoyer les baskets que vous allez découvrir dans cet article

Lancée en 2022, Pane est une marque chinoise dont le concept mêle des inspirations « olympiques » et « grecques » à un esprit rétro et vintage. Son slogan est “BEHAVE AS MORTALS”.

Pane est régulièrement mise en avant sur Instagram et suscite beaucoup de curiosité. Nous n’avions d’ailleurs jamais reçu autant de questions après avoir publié quelques photos teasing de cet article. Comme beaucoup d’entre vous, nous avons découvert la marque via les réseaux sociaux, avant de réaliser qu’elle était encore très peu distribuée hors d’Asie.
L’ouverture récente de son site officiel marque une première étape vers une distribution plus directe.

La marque a également attiré l’attention d’acteurs établis : elle a notamment collaboré avec United Arrows et apparaît dans certains lookbooks récents comme celui de Casatlantic — signes d’une reconnaissance qui dépasse désormais les seuls réseaux sociaux.

 

CASATLANTIC - COLLECTION AUTOMNE HIVER 2025 - LE MANNEQUIN (Leon Cerrone) PORTE DES PANE

 

La German Army Trainer (GAT)

Pane propose plusieurs modèles. Le plus connu est la Light Training Nogi, directement issue de la German Army Trainer (GAT), célèbre basket militaire allemande qui était destinée à l’entraînement quotidien des soldats. Le modèle originel est facilement reconnaissable avec sa tige (dessus de la chaussure) en cuir lisse et le bout « T-toe » en cuir suédé – le tout monté sur une semelle en gomme vulcanisée antidérapante.

L’origine exacte des GAT reste difficile à établir. Dès les années 1930, l’entreprise Dassler — fondée par les frères Adolf et Rudolf Dassler, futurs créateurs d’Adidas et de Puma — produisait déjà des chaussures destinées à un usage militaire. Les GAT, telles qu’on les connaît aujourd’hui, apparaissent toutefois dans les années 1970.

Les archives ne permettent pas de trancher clairement : certains documents évoquent une première production par Puma, d’autres par Adidas, et certaines sources suggèrent un design défini directement par l’armée allemande. Aucune marque n’ayant jamais revendiqué la paternité exclusive du modèle, le modèle n’a fait l’objet d’aucun brevet et est rapidement entrée dans le domaine public.

Après la chute du mur en 1989, un immense surplus de GAT a envahit le marché civil. Les anciens modèles, vendus l’équivalent de quelques dizaines d’euros, séduisent les adolescents. C’est le point de départ d’un véritable engouement. Le phénomène s’amplifie lorsque Martin Margiela réutilise des paires de GAT usagées pour sa collection Replica printemps-été 1999.

Light Training Nogi - UNE FORME RÉUSSIE

Sur les forums anglophones comme Reddit (r/goodyearwelt, r/sneakers), les discussions tournent presque toujours autour de la comparaison avec les Margiela. Pane y est souvent présenté comme l’alternative rationnelle. Les utilisateurs évoquent la loi des rendements décroissants : si la Pane offre 90 % de la qualité d’une Margiela pour seulement 30 % du prix, elle devient le choix logique pour ceux qui n’ont pas besoin du logo.

Notre avis ?

Parlons tout d’abord de la forme. C’est à notre sens le point fort des Pane, tout comme les différents designs proposés.

 

UNE PAIRE DE GAT PROVENANT DE CHEZ ÉPISODE VS PANE

 

Le défaut majeur des GAT originelles de la Bundeswehr était leur étroitesse et un "coup de pied" très bas, ce qui pouvait se révéler inconfortable selon la forme du pied et la durée de port.

Le profil de la Pane conserve la silhouette effilée que l’on aime beaucoup, mais ajoute du volume vertical au niveau du milieu du pied. C'est une modification subtile mais qui ajoute du confort tout en distinguant Pane des répliques plus entrée de gamme qui à notre avis ont souvent l'air "pataudes" ou trop rondes. On pense notamment aux GAT de Universel Surplus.

 
 

Le cuir lisse nous laisse par contre une impression mitigée. S'il n'atteint pas les standards de qualité dont on parle habituellement sur le site — une différence logique vu le tarif —, il déçoit par son aspect très couvert, presque plastifié. On se rapproche ici davantage d'un rendu industriel standardisé que de la main naturelle d'une réédition haut de gamme.
Une ressenti sans doute aussi renforcé par l’absence - volontaire, c’est un modèle très léger et souple - de doublure intérieure en cuir.

La version en cuir suédé nous a davantage convaincus. Sans surprise, pourrait-on dire, car ce type de cuir offre souvent un rendu plus naturel, et ce indépendamment de la qualité de la peau utilisée, de la croûte de cuir au velours pleine fleur.

Rien à voir, mais on tenait à préciser qu’on aime beaucoup les lacets de la version en cuir suédé. Plus plats, plus souples.

 
 

Quelques mots sur la semelle. La semelle extérieur d’abord. Plus molle et flexible que celles des GAT originelles, elle est, à l’instar de ces dernières, collée à la tige sans coutures.

La semelle intérieur ensuite. Vous remarquerez immédiatement son épaisseur. Très confortable, elle offre un amorti dynamique — presque déroutant au début tant elle rebondit — qui finit par se tasser légèrement pour prendre l'empreinte du pied au fil des ports.

Mais pour ceux qui souhaite mettre leur propres semelles, elles sont amovibles même si le bout est (très légèrement) collé sur le devant.

On remarque d’ailleurs sous ces semelles amovibles Ortholite une semelle intercalaire en liège très appréciable.

Terminons par la logistique, qui s'est révélée être une excellente surprise. L'envoi a été particulièrement rapide, bien plus que ce à quoi nous nous attendions. Autre point rassurant pour une commande internationale : nous n'avons eu aucun frais de douane à régler à la réception.

À l'ouverture du colis, l'expérience client monte clairement d'un cran. On est immédiatement impressionné par le packaging, vraiment à la hauteur du positionnement de la marque. Les chaussures sont emballées avec un soin méticuleux, protégées individuellement. Petit détail qui renforce cette impression de produit "immaculé" : un film plastique recouvre la semelle extérieure. Si cela garantit une propreté clinique à la réception, on peut toutefois s'interroger sur la nécessité écologique de cet ajout plastique supplémentaire.

Reste la question la plus importante, comment ça taille ? Étant donné l’épaisseur importante des semelles intérieures, on dirait qu’il faille porter pour au moins une demi pointure au-dessus de votre taille normale.

Notre conseil ? Prenez la taille du dessus pour plus de confort.

Le site officiel est visible ici.

 
 

Vente d'une partie de la collection personnelle de Doug Bihlmaier - Le « Pape du Vintage » vide son grenier

J'ai vu un article du New York Times qui devrait passionner tous les aficionados de la mode masculine et du vintage.

Le sujet ? La mise en vente très attendue de la collection personnelle de Doug Bihlmaier.

Doug Bihlmaier, 72 ans, a longtemps été l’acheteur de vintage pour Ralph Lauren. Pendant près de quarante ans, il a parcouru le monde pour trouver des pièces rares, contribuant directement à l’identité de Double RL. Beaucoup le considèrent comme la personne qui a façonné l’esthétique Americana telle qu’on la voit aujourd’hui.

Resté discret pendant une grande partie de sa carrière, il est devenu une figure de style reconnue sur les réseaux sociaux. Son goût pour les silhouettes amples, les mélanges d’époques et les superpositions a renforcé son statut d’icône. On compare souvent son approche au « sprezzatura », mais transposée au workwear américain.

Une partie de sa collection personnelle sera mise en vente à partir du 13 décembre sur Collectors Gene, le site géré par son ami Cameron Steiner. Plus d’une centaine de pièces seront proposées : workwear ancien, denim, flanelles, vêtements militaires, accessoires et bottes. La plupart sont des pièces rares, souvent en tailles généreuses, accumulées au fil des décennies.

Les prix seront élevés, en raison de la rareté et de l’histoire de chaque article. Parmi les exemples cités : une veste de chasse en velours côtelé réparée à 1 200 $, des vestes en tweed des années 80 à partir de 1 250 $, des chemises de travail du début du XXᵉ siècle à partir de 550 $, ou encore un pull Double RL du début des années 1990 pouvant atteindre 1 850 $.

Ces pièces devraient facilement trouver preneur.

En attendant vous pouvez également (re)visionner son interview sur Youtube, ici Doug Bihlmaier x Collectors Gene Radio.

Promotions de Noël - Nos bonnes affaires

Nous avons concentré nos recherches sur le site Allemand Cultizm (Code XMAS25 lors du paiement), y dénichant de très belles affaires et des réductions exceptionnelles sur des marques qui sont rarement soldées. :

Le pull traditionnel Islandais : le Lopapeysa

Note : Arte vient de remettre en ligne sur Youtube le documentaire Islande : le tricot, une affaire d'hommes dont nous avions déjà fait un résumé. Vous trouverez le documentaire en question en fin d’article.

L'histoire du vêtement est souvent tissée de légendes, et la lopapeysa ne fait pas exception. Une anecdote tenace lie l'origine du mot islandais peysa (pull-over) aux marins français du XIXe siècle.

Entre 1850 et 1914, les goélettes françaises étaient légion dans les eaux islandaises, particulièrement dans les fjords de l'Est. La légende raconte que ces marins, en voyant les locaux vêtus de laine, les désignaient du doigt en s'exclamant « Paysan ! ». Les Islandais, par glissement phonétique, auraient adopté ce terme pour désigner le vêtement lui-même.

Bien que cette narration soit séduisante pour l'imaginaire collectif et renforce les liens historiques entre nos deux nations, la réalité philologique est probablement plus pragmatique. Les linguistes s'accordent davantage sur une origine germanique ou néerlandaise, dérivée du terme pije désignant une veste en laine grossière.

Pour comprendre le produit fini, il est impératif de revenir à la matière première. La laine islandaise n'est pas tout à fait une laine comme les autres. Contrairement aux races continentales standardisées pour la douceur ou le rendement, le mouton islandais a gardé une toison à double couche.

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes

La Dualité du Tog et du Þel

La structure de cette toison repose sur une dichotomie fondamentale :

  • Le Tog (la Jarre) : Il s'agit de la couche extérieure. Composée de poils longs, robustes et brillants, elle agit comme une armure contre les éléments. Hydrofuge, elle permet à l'animal de survivre sous la pluie battante et la neige fondue des fjords. Dans le vêtement, c'est cette fibre qui confère au pull islandais sa résistance à l'abrasion et sa capacité à repousser l'eau.

  • Le Þel : C'est la couche intérieure, le duvet. Fine, douce et hautement isolante, elle piège l'air chaud contre la peau de l'animal. C'est l'âme thermique du pull, celle qui garantit la chaleur même par températures négatives.

L'art du filage islandais traditionnel réside dans l'équilibre savant entre ces deux composantes. Trop de tog, et le pull devient une cotte de mailles rêche et inconfortable ; trop de þel, et il perd sa tenue et sa résistance aux intempéries.

À titre de compariaosn, le mouton Mérinos ne produit quasiment que du duvet (thel). Car l'histoire du mouton Mérinos est celle d'une obsession génétique : faire disparaître le poil de garde (le fameux 'Tog' islandais). Alors que le mouton islandais a conservé cette armure primitive contre la pluie, les éleveurs australiens ont passé deux siècles à sélectionner des bêtes dont le poil dur s'est affiné jusqu'à devenir un duvet uniforme. C'est ce qui rend le Mérinos infiniment plus doux, mais aussi beaucoup plus vulnérable aux éléments.

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes

Istex et la Mondialisation de la Toison

Dans le paysage lainier islandais, Istex (Ístex hf.) n'est pas simplement une entreprise, c'est une institution quasi-monopolistique qui régule le flux vital de la toison nationale.

Les chiffres révélés par le documentaire sont vertigineux et témoignent d'une centralisation absolue. Istex traite environ 99 % de la laine tondue en Islande. Cela signifie que virtuellement chaque écheveau de Lopi vendu sur la planète provient de leurs usines. Avec une capacité de production dépassant les 900 tonnes annuelles 1, l'entreprise a réussi le tour de force de transformer une ressource agricole locale en un produit d'exportation mondialisé.

Istex a structuré son offre autour de standards devenus universels pour les tricoteurs :

  • Léttlopí : Un fil "poids moyen", le plus populaire pour les pulls qui se veulent portables en intérieur comme en extérieur.

  • Álafosslopi : Le grand frère, épais et volumineux, destiné aux vêtements de grand froid. Son nom tire son origine de la cascade historique Álafoss, lieu de naissance de l'industrie lainière islandaise en 1896, aujourd'hui transformé en boutique-musée que les pèlerins du tricot visitent comme un sanctuaire, à Mosfellsbær, à 15 minutes de Reykjavik.

  • Plötulopi : Une spécificité technique fascinante – il s'agit d'une laine non filée, vendue en "galettes". Très fragile à travailler, elle offre une légèreté et un moelleux incomparables une fois tricotée, car la fibre n'a pas été compressée par la torsion.

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes


La Résistance : Uppspuni Mini Mill et la Révolution du "Slow Yarn"

Face à ce colosse, une alternative existe. Elle se trouve dans le sud de l'Islande, près de la petite ville de Hella. C'est là, à Uppspuni Mini Mill (aussi appelé Spuni), que Hulda Brynjólfsdóttir et Tyrfingur Sveinsson ont décidé de faire sécession avec le modèle dominant.

L'approche d'Uppspuni est l'antithèse d'Istex. Au lieu de centraliser, ils ont créé une "Mini Mill" – une micro-filature capable de traiter de petits lots, souvent issus de leur propre troupeau ou de ceux des fermes voisines.

La différence fondamentale réside dans le respect de l'intégrité chimique de la fibre. Contrairement aux processus industriels qui décapent la laine ("scouring") pour faciliter la teinture uniforme, Spuni met un point d'honneur à préserver la lanoline naturelle.

Cette décision a des conséquences concrètes sur le vêtement :

  1. Hydrophobie accrue : La lanoline étant une graisse, elle repousse naturellement l'eau et la saleté.

  2. Toucher et Main : Le fil est plus "gras", plus vivant, avec une odeur caractéristique qui atteste de son origine animale.

Loin de se contenter de reproduire le passé, Spuni innove dans la nomenclature et la typologie de ses fils, ancrant sa production dans le folklore local. Leurs créations portent des noms évocateurs qui sont autant d'hommages à la culture immatérielle de l'île :

  • Hulduband : Le "fil de Hulda", mais aussi un jeu de mots sur les Huldufólk, le "peuple caché" des légendes islandaises.

  • Tröllaband : Le "fil de troll", robuste et épais, évoquant la force brute des créatures de pierre.

  • Dvergaband : Le "fil de nain", plus fin et précis.

  • Tindabandið : Un fil spécifiquement conçu pour les châles, démontrant une spécialisation technique pointue.

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes

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Hespuhúsið et la Renaissance de la Teinture Végétale


Si Spuni sauve la texture, Hespuhúsið sauve la couleur. Son nom signifie poétiquement "La Maison des Échevaux".

Le Sanctuaire de la Couleur Naturelle

Situé stratégiquement sur la route entre Reykjavik et Selfoss, l'atelier de Guðrún est un lieu de pèlerinage pour les esthètes. Ici, la chimie lourde est bannie.

La démarche est celle d'une naturaliste. Guðrún parcourt la lande islandaise pour récolter les ingrédients de ses teintures : lichens, racines de rhubarbe sauvage, feuilles de bouleau, fleurs des champs volcaniques.

L'impact esthétique est immédiat et profond. Les couleurs obtenues possèdent une complexité vibratoire unique. Un jaune obtenu à partir de plantes locales ne sera jamais uniforme ; il portera en lui des nuances d'ocre, de vert pâle, de brun, variant selon la saison de récolte et la qualité de l'eau.

  • L'Harmonie Chromatique : Les couleurs végétales ont cette propriété rare de s'accorder toutes entre elles. Puisqu'elles proviennent du même spectre biologique et du même terroir, un pull tricoté avec ces laines s'intègre visuellement dans le paysage islandais. Il n'est pas une tache de couleur artificielle posée sur la nature, mais une extension de celle-ci.

L'Industrialisation "Locale" : Le Cas Kitka (Kidka) et l'Illusion du Fait-Main

Entre l'artisanat radical et la délocalisation massive, il existe une "voie du milieu" incarnée par l'entreprise Kidka (souvent orthographiée Kitka) Basée dans le nord du pays, cette manufacture familiale tente de résoudre l'équation impossible : comment satisfaire la demande gargantuesque du tourisme de masse tout en restant "Made in Iceland"?

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La Mécanisation du Motif Jacquard

Kidka a fait le choix assumé de la machine. Face à l'impossibilité physique de tricoter à la main des centaines de milliers de pulls, l'entreprise utilise des tricoteuses industrielles programmables pour reproduire les fameux motifs circulaires.

Bien que mécanisée, la démarche conserve une certaine noblesse par rapport aux productions chinoises :

  1. Ancrage Local : La production reste sur le sol islandais, maintenant des emplois qualifiés dans le nord du pays.

  2. Design Original : Kidka crée ses propres motifs, inspirés par les éléments naturels (volcans, nuages, oiseaux) et les symboles scandinaves (trèfle à quatre feuilles), évitant la simple copie servile.

Un pull tricoté à la machine est souvent plus raide et "plat" qu'un tricot main. Pour compenser ce défaut et donner au produit ce toucher moelleux tant recherché par les touristes, Kidka utilise une technique dont on a déjà parlé à maintes reprises : le brossage aux chardons.

Des rouleaux équipés d'épines de chardons importés d'Espagne sont utilisés pour gratter délicatement la surface de la maille.

Cette technique a un double avantage :

  • Aspect Visuel : Elle fait ressortir le duvet, donnant l'illusion d'une laine plus "aérienne".

  • Toucher : Elle adoucit considérablement la fibre brute, rendant le pull immédiatement confortable sans attendre les années de port nécessaires à l'assouplissement naturel d'un Lopapeysa traditionnel.

C'est un compromis industriel brillant : on offre au consommateur le confort et l'esthétique du traditionnel, au prix d'une production mécanisée. Pour l'acheteur qui cherche un souvenir "Made in Iceland" à un prix intermédiaire, sans l'exigence absolue du fait-main, c'est une option honnête.

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Le Gardien du Temple : L'Association des Tricoteuses d'Islande

Pour le gentleman qui ne transige pas, pour celui qui considère que le vêtement doit avoir une âme, une seule entité fait autorité : l'Handprónasamband Íslands : https://handknitted.is/.

Fondée en 1977, à une époque où le tourisme n'était qu'un frémissement, cette organisation est née d'un réflexe de survie culturelle. Elle fédère aujourd'hui environ 800 tricoteurs et tricoteuses (la majorité étant des femmes, souvent agricultrices ou retraitées) à travers l'île.

Leur boutique principale, située rue Skólavörðustígur à Reykjavik, est le dernier bastion de l'authenticité absolue. Ici, la règle est inviolable :

  • 100 % Laine Islandaise.

  • 100 % Tricoté à la Main.

  • 100 % Fabriqué en Islande.

L'Association a mis en place un système de certification simple mais infalsifiable. Chaque pull porte une étiquette mentionnant le nom de la tricoteuse et l'année de fabrication. Ce détail change tout. Il transforme une transaction commerciale en une relation humaine. Vous n'achetez pas un modèle de série, vous achetez le temps, la patience et le savoir-faire de "Helga" ou de "Birna".

Le reportage souligne la dimension sociale cruciale de cette association. Pour beaucoup de femmes vivant dans des fermes isolées, le tricot est une source de revenus complémentaire indispensable. En achetant un pull de l'Association (comptez entre 250 € et 450 €), vous injectez directement de la valeur dans l'économie rurale islandaise, sans intermédiaires prédateurs. C'est l'acte d'achat le plus militant et le plus élégant qu'un visiteur puisse faire.

CAPTURE ECRAN ARTE Islande : le tricot, une affaire d'hommes

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Pour conclure ce dossier

  • Si vous cherchez un vêtement technique pour affronter le froid sans vous soucier de l'histoire, un pull Kidka fera l'affaire honnêtement.

  • Si vous voulez posséder une pièce d'histoire, un artefact culturel qui soutient une communauté vivante, dirigez-vous sans hésiter vers l'Handprónasamband Íslands : https://handknitted.is/.

Anglo-Italian à Parme - Lookbook AW25

Nous publions cette série en tant qu’archive, pour ceux qui souhaiteront y revenir dans quelques années.
La collection est photographiée à Parme, au Palazzo Tirelli, un palais du XVIIᵉ siècle.

On la garde ici parce qu’on la trouve réussie, et qu’elle vieillira sans doute très bien.

Comment prolonger la durée de vie de son pantalon

Pour faire écho à notre récent article sur les bas à revers où nous évoquions une astuce de tailleur consistant à "piocher" dans le surplus de tissu du bas revers pour réparer une usure à l'entrejambe, il est intéressant de regarder le dernier reportage de l'émission Le Monde de Jamy.

Ce documentaire, qui compare la mode d'hier à la "fast-fashion" actuelle, met en lumière deux techniques de couture autrefois courantes, destinées à prolonger la durée de vie des pantalons.

Le renfort d'entrejambe

Comme le détaille le reportage, les pantalons des années 1920 intégraient systématiquement une pièce de tissu supplémentaire au niveau de l'entrejambe. Ce renfort d'entrejambe (ou parfois appelé "saddle piece" dans le jargon des tailleurs anglophones), cet ajout technique avait pour fonction de consolider la zone la plus exposée aux frottements lors de la marche.

Ce procédé permettait de limiter l'usure prématurée du tissu et d'éviter les déchirures, un problème fréquent sur les confections modernes moins robustes.

 

renfort d'entrejambe - capture ecran le monde de jamy

 

La réserve de tissu boutonnée

Le second détail technique relevé concerne la finition du bas de jambe. Contrairement aux ourlets contemporains où le surplus de tissu est souvent coupé, les tailleurs conservaient autrefois une longueur importante de matière à l'intérieur du pantalon. Cette réserve n'était pas cousue mais maintenue par des boutons. Ce système amovible offrait un avantage pratique majeur : il permettait d'ajuster facilement la longueur de la jambe.

Le vêtement pouvait ainsi être rallongé pour s'adapter à un changement de morphologie ou être transmis à une autre personne, favorisant ainsi sa réutilisation sur le long terme.

 

ourlet avec surplu de tissu - capture ecran le monde de jamy

 

Les pinces et l'adaptation morphologique

Le reportage souligne également le rôle crucial des pinces (plis d'aisance) situées à la taille. Au-delà du style, ces réserves de tissu répondaient à une logique d'adaptabilité. Comme le rappelle l'émission, la morphologie évolue au cours d'une vie : on peut maigrir ou grossir. Les pinces offrent alors plus facilement le volume nécessaire pour faire des retouches.

Bien entendu, un pantalon qui n’a pas de pinces peut également faire l’objet de retouches, mais il faut dans ce cas de bonnes valeurs de coutures.

La vidéo en question est visible ici :

Norlender - Une référence en matière de pulls norvégiens

Note : À notre demande, Norlender ont gentiment accepté de nous envoyer le pull que vous allez découvrir dans cet article

Norlender

Le pull Norvégien motif 3 lices

On a déjà parlé (succinctement) des pulls norvégiens sur le blog - voir ici : Qu’est ce qu’un pull Norvégien et Norlender, fabricant historique de pulls Norvégiens.

Toute discussion sérieuse sur l'histoire du tricot norvégien doit commencer par les travaux d'Annemor Sundbø, souvent surnommée la "détective du pull norvégien". Son apport ne provient pas uniquement de recherches documentaires. En 1983, Sundbø a acquis la "Torridal Tweed og Ulldynefabrikk", une usine de "shoddy" (recyclage de laine) en Norvège.

À l'intérieur de cette usine, elle a découvert ce qu'elle nomme un "rag pile" (un tas de chiffons) : des tonnes de vieux pulls, mitaines et sous-vêtements en laine destinés à être déchiquetés pour en faire de l’isolant. Ce tas de chiffons est devenu une source “archéologique” inestimable. En analysant ces milliers de fragments avant leur destruction, Sundbø a pu retracer l'évolution des motifs, des techniques de teinture et des habitudes de réparation sur plusieurs décennies.

Son ouvrage monumental, Norway’s Knitted Heritage: The History, Surprises, and Power of Traditional Nordic Sweater Patterns, est le résultat de cette recherche.

Sundbø démontre que les tricots norvégiens sont des répertoires de données culturelles. Ils enregistrent tout, des coutumes funéraires à la construction de la nation après les guerres napoléoniennes.

Bien que souvent utilisés de manière interchangeable, les termes "Islender" et "Lusekofte" désignent des pulls différents.

 
 

Le Lusekofte de Setesdal

Pour mieux comprendre le pull Svalbard de Norlender dont on va parler plus bas, on doit évoquer rapidement Lusekofte de Setesdal.

Historiquement associé à la vallée de Setesdal, le Lusekofte est un vêtement d'apparat, un marqueur de statut social. Avec ses broderies colorées (Løyesaum) et ses fermoirs en argent, il est conçu pour les cérémonies et le costume folklorique (bunad).

Il se caractérise par le motif "lice" (poux) — des points isolés de couleur contrastante

L'Islender

Contrairement à ce que son nom indique, l'Islender (le style dont s'inspire le Svalbard) ne vient pas nécessairement d'Islande. D'après les recherches de Laurann Gilbertson sur Norwegian Textile Letter, ce nom ferait référence aux routes commerciales de la 'Compagnie d'Islande' reliant les ports norvégiens aux îles Féroé au XIXe siècle.

C'est le vêtement de travail par excellence : aussi, à la différence des pulls Lusekofte de Setesdal ornés de broderies fragiles, l'Islender est strictement utilitaire. Son motif répétitif créé une double épaisseur de laine constante sur tout le corps, agissant comme une véritable armure thermique.

Le pull Svalbard de Norlender

J’ai pu essayer le modèle Svalbard de Norlender (lien ici), qui est typiquement un pull de type Islender. Il arbore un petit motif "triple Lusekofte" (“triple poux”) issu du pull Lusekofte vu plus haut.

Techniquement, il s'agit de petits motifs répétitifs.

 
 

Pourquoi trois motifs ? Dans une culture maritime imprégnée de superstition et de piété, le chiffre trois possède une résonance symbolique forte (la Trinité), souvent invoquée pour la protection en mer. Une autre explication probable et plus pragmatique réside dans la structure du tricot. Le regroupement de trois motifs permet de gérer les "flottés" (les fils courant à l'arrière de l'ouvrage) de manière optimale. Des flottés trop longs risquent de s’accrocher.

 

on peut distinguer les fils flottés sur l’envers du pull

 

C'est ce motif "triple lices" qui fut popularisé à l'international par des détaillants comme L.L. Bean entre 1965 et 1990, cimentant l'image du "Norwegian Fisherman Sweater" dans l'imaginaire collectif mondial avant que la production ne soit massivement délocalisée en Asie.

Le Svalbard de Norlender représente donc un retour à la source de cette icône vestimentaire. La laine, le fil et le tricotage : tout dans ce pull est 100 % norvégien.

La confection

Installée sur l'île d'Osterøy, berceau historique du textile norvégien, Norlender incarne une résilience industrielle rare.

L'histoire débute en 1927 dans des conditions épiques : faute de route carrossable, le fondateur Ola Tveiten dut hisser sa première machine à tricoter sur un traîneau à cheval pour l'installer dans le sous-sol de sa ferme de montagne.

D'abord baptisée "Svale Trikotasje" et dédiée aux sous-vêtements, l'entreprise a pivoté vers les pulls d'extérieur robustes après 1945. Aujourd'hui, alors que la majorité des marques mondiales ont délocalisé leur production, les troisième et quatrième générations de la famille Tveiten maintiennent l'activité sur leur fjord d'origine, faisant de Norlender l'un des derniers bastions du "Made in Norway".

Capture écran d’un reportage de TF1 sur les Fjords de Norvège qui comprenait une visite de la marque Norlender

Le pull est coupé cousu comme nos pulls marins en France.

Ainsi, contrairement au tricot "fully fashioned" (diminué), où chaque panneau est tricoté à la forme exacte — visible par les mailles convergentes aux emmanchures — le Svalbard est produit par la technique du panneau intégral.

De grands panneaux rectangulaires arborant le motif "triple lice" sont tricotés sur des machines rectilignes (flatbed), avant que les formes du corps et des manches ne soient découpées dans ces panneaux. Les bords coupés bruts sont sécurisés par une surjeteuse pour empêcher l'effilochage.

Ce procédé mécanise ainsi le "steeking" traditionnel norvégien qui consistait à tricoter à la main de manière circulaire puis à couper aux ciseaux l'ouverture des bras.

Il créé par la même des coutures intérieures épaisses et visibles qui, bien que moins raffinées que le remaillage, apportent sans aucun doute une rigidité structurelle essentielle.

Pour un pull de 900g, ces coutures agissent comme une armature, empêchant le lourd tricot de laine cardée de se déformer ou de s'allonger excessivement sous son propre poids au fil des années. Dit comme ça, cela peut sembler être un argument marketing de notre part pour justifier la méthode de fabrication “coupé-cousu". Mais il faut garder en tête que ces coutures sont réalisées avec un fil qui n'est pas élastique. Elles aident donc bien le pull à garder ses dimensions verticales, au regard se son poids. 

 
 

La Matière Première – de la Laine Norvégienne

Un pull n'est aussi bon que le fil qui le compose. Norlender Knitwear, bien qu'étant une usine de tricotage, ne file pas sa propre laine. L'entreprise repose sur un écosystème de filateurs et éleveurs situés sur la côte ouest de la Norvège, garantissant une traçabilité totale du produit.

La première impression est celle d’une pièce rustique, très épaisse et bien chaude, mais elle ne gratte pas autant que je l’avais imaginé. Ce n’est pas un hasard, ici, nous sommes sur une laine classée C1 par le standard norvégien Animalia.

Concrètement, cela signifie deux choses :

  • Une fibre épaisse (28-38 microns) : Bien que le micronnage soit élevé, le cardage introduit tellement d'air (loft) que la surface du pull est comme un nuage. Les fibres, au lieu de piquer la peau comme des aiguilles (ce que ferait une laine grossière peignée), se compriment et se plient grâce à leur élasticité naturelle. Le pull agit comme un coussin plutôt que comme une cotte de mailles.

  • La tonte d'automne (Høstull) : Contrairement à la laine de printemps qui a souffert de l'hiver à l'étable, la laine d'automne a poussé en plein air. Elle est propre, forte et gorgée de lanoline naturelle pour protéger le mouton des pluies. C'est cette matière première que le partenaire historique de la marque, Sandnes Garn (filateur norvégien fondé en 1888), prépare et lave en conservant ce caractère brut.

Cette signature olfactive signale la présence résiduelle de lanoline. Le processus de lavage chez Sandnes Garn est calibré pour nettoyer la laine sans la "décaper" chimiquement. La lanoline est la cire naturelle du mouton ; elle confère une déperlance naturelle et empêche la saleté de pénétrer la fibre.

Cette odeur nous a tout de suite rappelé celle de notre pull Le Tricoteur (dont nous avions parlé ici)

 
 

Comment on le porte ?

Un point essentiel avoir à en tête est son poids de presque 1kg. À titre de comparaison, un pull en cachemire standard pèse environ 300g. Le Svalbard est trois fois plus lourd. Il fonctionne comme un radiateur à accumulation, stockant la chaleur corporelle dans la structure frisée de la fibre.

Ce poids dicte quelque peu son usage. Ce n'est pas une couche intermédiaire (mid-layer) à porter sous une veste ajustée ; on pourrait presque le considérer comme une couche externe (outerwear). Historiquement, l'Islender se portait d’ailleurs par-dessus plusieurs couches de sous-vêtements, agissant comme la barrière finale contre le froid.

De notre côté on le porte simplement*, ici avec un jean de chez See Fan et des Paraboot x Arpenteur. On aurait pu ajouter un manteau ample à manches raglan mais le temps ne s’y prêtait pas ce jour là.

Le pull est disponible ici pour les personnes curieuses.

*Note : je porte une taille M.

 
 

Pantalon : avec ou sans revers ?

Un revers de pantalon (aussi appelé bas à revers) est une finition du bas du pantalon consistant à replier vers l’extérieur une portion du tissu, puis à la fixer par une couture.
Contrairement à l’ourlet classique — où la longueur excédentaire est repliée à l’intérieur — le revers laisse volontairement apparent ce repli de tissu.

Techniquement, il s’agit d’une bande horizontale, régulière, formée par le retour du tissu.
Sur un pantalon de costume, sa hauteur est généralement comprise entre 4 et 5 cm, parfois un peu plus sur les coupes italiennes ou les tissus épais.

Ce détail a plusieurs fonctions :

  • Fonction structurelle : le revers ajoute du poids au bas du pantalon, ce qui améliore la tenue, évite que le tissu flotte et aide à obtenir une ligne plus nette

  • Fonction esthétique : il crée un cadre visuel au bas de la jambe, renforçant l’allure classique du pantalon

  • Pratique : il offre une réserve de tissu utilisable en cas de réparation.


On le voit surtout sur les pantalons de costume, mais aussi sur certains chinos et sur des tissus plus lourds où il apporte un bon équilibre visuel.

 
 

Pour revenir sur le troisième point, un tailleur m’avait raconté une anecdote à ce sujet.

Il me disait qu’il faisait systématiquement un revers sur ses pantalons de costume, non pour le style, mais pour anticiper l’usure.
Quand le pantalon finissait par se trouer — généralement à l’entrejambe, là où les frottements sont les plus forts — il décousait simplement le revers et utilisait ce supplément de tissu pour renforcer ou refaire la zone abîmée.


Un moyen simple et malin de prolonger la durée de vie du pantalon.

Ce n’est pas un hasard si, autrefois, on conseillait presque toujours de faire deux pantalons pour un costume : le pantalon s’use beaucoup plus vite que la veste.

Le revers peut participer à cette même logique : prévoir un peu plus de matière pour faire durer la pièce.

Drake's Lookbook AW25

Nous publions aujourd’hui le lookbook hivernal 2025 de Drake's comme référence d’archives pour ceux qui voudront y revenir dans quelques années.
Les superpositions des différentes pièces du vestaire Drake’s fonctionnent à merveille : chemises en flanelle, pulls en shetland, vestes en corduroy, manteaux à manches raglan en laine et touches de couleur pour animer l’hiver.

Nous le trouvons particulièrement réussi et pertinent pour penser (ou repenser) sa garde-robe d’hiver.

Justo Gimeno à Saragosse : visite de l’atelier et de la boutique

Se vêtir de peu de vêtements mais les bons. C’est une idée que l’on entend souvent ces dernières années, et c’est la seule qui me vient à l’esprit pour résumer la maison saragossane fondée en 1907. Pour s’y rendre depuis Paris, le trajet demande un détour : il n’existe pas de vols directs pour Saragosse à l’heure où j’écris ces lignes. Une escale par Barcelone s’impose, avant d’emprunter le train et découvrir une ville très riche culturellement.

En effet, Saragosse compte deux basiliques, Sainte Engrâce et Notre Dame du Pilier, c’est la ville dans laquelle deux basiliques sont le plus proches, Rome ne fait pas mieux ! Haut lieu de la chrétienté, c’est sur un pilar – un pilier – qu’apparue la Vierge à l’apôtre Jacques le Majeur en 40 ap. J.-C. Cette colonne est toujours visible et « touchable » au sein de la deuxième basilique citée. Si Saragosse se veut être un haut lieu de la chrétienté, surtout en Espagne, c’est aussi une ville qui compte quelques tailleurs et boutiques sur le vêtement masculin. Voici donc ma visite au sein de la boutique et l’atelier qui a su imposer la veste Teba dans l’Europe et le monde.

Un atelier intimiste

Je suis accueilli au pied de mon hôtel par Justo Gimeno en personne, fils de Justo Gimeno père, toujours élégant et taulier de la boutique. Justo fils s’occupe plutôt de l’atelier familial, qui se situe en périphérie de la ville. Je suis tout de suite frappé par la gentillesse extrême de Justo, qui s’est proposé de me conduire d’abord à l’atelier puis à la boutique, située sur la Gran Via, en plein centre.

Quel bonheur extrême que de découvrir l’atelier d’une marque que je porte depuis presque 10 ans ! J’ai aussi eu le plaisir de rencontrer enfin Asun Flores, responsable clients et comptabilité à l’atelier, avec laquelle je suis en lien depuis tant d’années et qui répond favorablement à chacune de mes demandes de photos pour « voir les nouveaux tissus disponibles ».

La première chose qui me frappe est la grandeur de l’atelier, bien qu’il n’y ait pas beaucoup de personnel – trois personnes le jour de ma visite – l’endroit regorge de tissus et de vestes rangées sur des portants.

Les tissus justement… Justo m’explique que la marque propose les plus beaux tissus existants, mais que bon nombre de clients, tout comme votre serviteur, ont pour habitude de leur adresser les tissus directement à l’atelier afin de réaliser leur Teba ou commande spéciale.

Encore aujourd’hui, les patronages et les tissus sont coupées à la main. Hormis dans les ateliers sur-mesure, c’est très rare de nos jours de couper tous les tissus à la main. C’était une vraie surprise. Tout est fait sur place hormis la grosse partie de la confection qui est réalisée dans d’autres petits ateliers. Seuls les prototypes sont produits dans l’atelier que j’ai visité.

Ce jour-là, mon choix s’est porté sur plusieurs tissus. Deux tissus Brisbane Moss en gabardine de coton de couleur bleu marine et vert olive, un tissu en Harris Tweed et un seersucker bleu. Le Brisbane Moss bleu marine a été choisi pour ensuite réaliser un pantalon – que Justo Gimeno ne propose pas – mais que j’ai fait réaliser auprès de Swann à Paris. Le Brisbane Moss vert olive était pour une Teba, tout comme le Harris Tweed, alors que le seersucker bleu était pour un autre pantalon, toujours via Swann à Paris.

Le choix a été très long mais grâce aux conseils de Justo, mes sélections allaient s’avérer très fructueuses.

En effet, j’ai toujours réalisé des Tebas en mesure à distance. J’envoyais les mesures désirées à l’atelier tout en précisant le tissu retenu. Environ un mois plus tard, je recevais ma Teba. Si vous souhaitez passer commande d’une veste Teba, n’hésitez pas à nous écrire en commentaire afin que nous vous indiquions la marche à suivre.

Justo m’explique que la veste Teba a beaucoup changé depuis un siècle. Aujourd’hui, bon nombre de partenaires réalisent par son biais des vestes comme de véritables créations : quatre poches, une fente dans le dos, un col à rabat… Justo Gimeno peut tout faire. Évidemment, tout l’attrait de la maison est, pour moi, ce col si caractéristique sans crans de revers. La veste Teba est avant tout une veste de chasse, certains en Espagne la nomment « la Tiradora », bien qu’aujourd’hui complètement urbanisée.

Justo Gimeno jouit d’une notoriété sans frontières : le Japonais Yamashita Eisuke, derrière le blog Mon Oncle, en est devenu adepte et ambassadeur de la marque au Japon où il la distribue. Il est très intéressant de voir qu’aujourd’hui la « chaqueta Teba » a conquis pléthore d’hommes. J’aime savoir que la veste que je porte a été fabriquée dans un atelier à taille humaine. J’aime aussi l’idée de savoir que j’ai eu la chance de rencontrer l’artisan qui a fabriqué mes vestes. D’ailleurs, ce jour-là, je portais une Teba en Harris Tweed, une veste qui retournait aux sources en quelque sorte.

Je demande à Justo de retracer l’histoire de sa famille, c’est là que j’apprends que son grand-père a fait ses armes à Londres dans l’atelier Burberry où il a appris à réaliser des trenchs. D’ailleurs, durant la Première Guerre mondiale, la maison Justo Gimeno confectionnait des habits militaires, notamment des trenchcoats pour les armées anglaises et françaises.

La richesse historique de la marque ne s’arrête pas là, en effet, Justo me précise que la maison distribuait des manteaux pour le magasin Old England à Paris. Des modèles que l’atelier est tout à fait en mesure de recréer et que la boutique distribue pour certains.

Une boutique espagnole au flair anglais

Après la visite de l’atelier, Justo me conduit à la boutique. Mais avant la visite de cette dernière, Justo s’arrête et me demande : « veux-tu goûter la meilleure tortilla du monde ? », je lui réponds avec plaisir et il m’emmène dans une rue adjacente à la boutique où nous franchissons le pas de la porte d’une taperia où j’engloutis en effet « la meilleure tortilla du monde ».

Rassasié, Justo me présente son père, Justo, et son frère cadet, Gabriel, responsable de la boutique. Gabriel est un ancien toreador, il a troqué son mantel pour une Teba, il veille aujourd’hui sur la boutique avec son père.

Dans celle-ci, je découvre des vestes Tebas en prêt-à-porter, commençant à la taille 44, aux tissus multiples. La Teba « authentique » serait celle en jersey, toujours complètement déstructurée, que porte Justo sur les épaules ce jour-là. Je me prends au jeu d’essayer plusieurs Teba, en laine, lin, coton… la collection est sans fin.

Ce qui m’attire tout de même dans la boutique est l’offre très vaste et variée de vêtements anglais : Drake’s, Joseph Cheaney et Alan Paine notamment. Trois marques difficilement trouvables en France mais dont Justo Gimeno est le distributeur officiel en Espagne. C’est d’ailleurs lui qui a fait connaître Drake’s sur la péninsule ibérique. Michael Hill, le directeur artistique de la marque, est un ami. D’ailleurs, la boutique a un air de Drake’s, ou devrai-je plutôt dire l’inverse…

Je ne peux résister à essayer un pull en poil de chameau d’Alan Paine. Je suis étonné et agréablement surpris de voir les vêtements proposés : manteaux longs, imperméables, cravates, gants, chaussures… Justo me confie que la plupart de ses clients sont pour beaucoup étrangers de nos jours. Les jeunes espagnols ne sont plus si intéressés par des vêtements et un savoir-faire centenaire.

Plus j’explore la boutique, plus je note qu’elle est très colorée. Sur des mannequins, des assemblages de tenues qui paraissent « importables » mais finalement tout est précis, tout fonctionne. C’est un peu cela « l’esprit » Justo Gimeno : passion, not fashion.


Quelques images supplémentaires pour finir.

Sur l’histoire des poches⎜Pourquoi les vêtements pour hommes ont-ils autant de poches et ceux pour femmes si peu ?

On parle souvent du vêtement pour sa silhouette, sa coupe, son tissu. On parle moins des poches. Pourtant, ce que l’on garde dans une poche dit beaucoup de nous : nos besoins, nos habitudes, ce qu’on juge essentiel, et la manière dont on se déplace au quotidien.

 
 

Pockets: An Intimate History of How We Keep Things Close

Je n’ai pas encore lu le livre d’Hannah Carlson, mais j’ai visionné l’une de ses conférences. Elle montre que la poche n’a jamais été neutre. Pendant longtemps, les vêtements n’avaient pas de poches cousues. On gardait l’essentiel dans des bourses attachées à la ceinture, ou dans de petits sacs glissés sous les couches de vêtements.

La poche intégrée aux vêtements apparaît dans la mode masculine entre le XVIᵉ et le XVIIᵉ siècle. Les hommes ont progressivement eu des poches intégrées, accessibles, nombreuses.

Chez les femmes, l’histoire est différente. Elles portaient des poches séparées (petits sacs), nouées à la taille, sous la jupe. Pratiques et invisibles. Elles ont vu ces poches disparaître au XIXᵉ siècle avec les silhouettes plus ajustées. Les sacs portés à la main prennent alors le relais.
Mais la différence est nette : une poche permet de partir avec ses affaires sur soi, sans ajout. Sans poches, on doit les transporter autrement.

Un espace intime

Hannah Carlson insiste sur un point essentiel : la poche est intime. On y met ce qu’on ne veut pas perdre. On y dissimule parfois un secret. C’est un espace invisible pour les autres, mais très présent pour soi. Une poche, c’est une micro-pièce personnelle, déplacée avec le corps. Elle crée un lien physique entre l’individu et ses objets.

Carlson raconte aussi les gestes. Glisser la main dans sa poche peut sembler anodin, mais ce geste a longtemps porté des significations. Confiance, décontraction, parfois insolence selon l’époque et le contexte. La poche, comme le col de chemise ou la longueur du pantalon, participe d’un langage silencieux.

Aujourd’hui, on vit avec moins d’objets, mais plus concentrés : un smartphone remplace la montre, le carnet, le portefeuille, la carte, le ticket. Pourtant, la poche reste. Elle continue d’être ce lieu discret, prêt à accueillir un objet minuscule mais important : une clé, un ticket de métro, un briquet, une bague, un morceau de papier plié sans explication.

Si vous voulez en savoir plus, on vous conseille de visionner la vidéo en fin d’article.

Ou de lire son livre, visible ici sur Amazon.


Traduction Google de la 4ème de couverture de son livre Pockets: An Intimate History of How We Keep Things Close.

Qui a droit à des poches, et pourquoi ?

C'est un sujet qui suscite de vives réactions : pourquoi les vêtements pour hommes ont-ils autant de poches et ceux pour femmes si peu ? Et pourquoi les poches des vêtements féminins sont-elles souvent trop petites pour y glisser un téléphone, quand elles s'ouvrent ? Dans son ouvrage captivant, Hannah Carlson, maître de conférences en histoire du vêtement à la Rhode Island School of Design, dévoile les enjeux liés au genre, à la sécurité, à la sexualité, au pouvoir et aux privilèges qui se cachent derrière nos poches.

Au Moyen Âge en Europe, la bourse était un accessoire vestimentaire quasi universel. Mais lorsque les tailleurs ont cousu les premières poches aux pantalons pour hommes il y a cinq cents ans, cela a déclenché une controverse et soulevé toute une série de problèmes sociaux auxquels nous sommes encore confrontés aujourd'hui, du port d'armes dissimulé aux inégalités entre les sexes. Voir : #GiveMePocketsOrGiveMeDeath.

Richement illustrée, cette micro-histoire de la modeste poche révèle ce qu'elle dit de nous : comment se fait-il que mettre les mains dans ses poches puisse être perçu comme un signe de paresse, d'arrogance, de confiance en soi, voire de perversion ? La photographie de Walt Whitman, main dans la poche, pour son recueil « Feuilles d'herbe », semblait une insulte à la respectabilité bourgeoise. Lorsque W.E.B. Du Bois posa pour un portrait, ses mains dans les poches symbolisaient une désinvolture assumée.

Et que recèle encore l'histoire de nos poches ? (Ce n'est pas un hasard si le contenu des poches d'Abraham Lincoln est l'exposition la plus populaire de la Bibliothèque du Congrès.) Tourné vers l'avenir, Carlson s'interroge : aurons-nous encore besoin de poches lorsque nos vêtements intégreront des textiles « intelligents » contenant nos papiers d'identité et nos cartes bancaires ? «

 Pockets » s'adresse aux innombrables personnes fascinées par les poches et leur absence, ainsi qu'à tous ceux qui s'intéressent à l'influence de nos vêtements sur notre rapport au monde.


Sources pour aller plus loin

Livre :
Hannah Carlson, Pockets: An Intimate History of How We Keep Things Close, Algonquin Books, 2023.

Articles :

Référence muséale :
Victoria and Albert Museum (V&A), “Tie-on pockets (18th–19th century)”.
https://www.vam.ac.uk/articles/a-brief-history-of-pockets

Yuhei Yamamoto et Pierre Mahéo dans la série « Five Fits With »

Deux nouveaux portraits dans la série « Five Fits With »

Esquire poursuit sa série « Five Fits With » où créateurs et personnalités du monde de la mode et de la musique présentent cinq tenues emblématiques de leur style. Après en avoir déjà parlé sur Les Indispensables Paris (lire ici), on retient cette fois deux nouvelles figures : Yuhei Yamamoto et Pierre Mahéo.

Yuhei Yamamoto – Tailor Caid

À Tokyo, Yuhei Yamamoto perpétue un tailoring inspiré de l’Ivy League - chez Tailor Caid, sa marque. L’entretien publié par Esquire (lire ici) montre un artisan attaché à la fidélité de sa clientèle, loin de toute recherche de croissance rapide.

Pierre Mahéo – Officine Générale

Ses cinq tenues présentées dans Esquire sont à voir ici. On aime particulièrement la veste de travail noire qu’il porte dans sa 3ème tenue — une pièce deadstock des années 1950 en moleskine, retrouvée presque neuve — ainsi que ses Weston, modèle Cambre.
Son uniforme idéal : tee-shirt blanc, jean vintage et blazer bleu marine.

Photos Christopher Fenimore

Pulls Marin - Deux marques françaises peu connues

C’est le salon Made in France week-end. À ne pas confondre avec celui destiné aux professionnels de la mode qui se tient dans le centre de Paris au Carreau du Temple, près de République, au printemps.

Quand on parle de pulls marins en France, on pense immédiatement à Saint James ou Le Minor. Ces deux noms occupent l’essentiel du paysage, on sait où ils sont fabriqués et comment ils travaillent.
À côté, il existe des marques plus discrètes, moins visibles, qui produisent dans les mêmes régions et avec la même logique, mais dont on ne parle presque jamais.

Voilà pourquoi on voulait évoquer Baie des Caps et Carrick, deux marques qui peuvent passer complètement sous le radar.

Le fil et le montage : le point commun des pulls marins made in france

Les marques de pulls marins français se ressemblent souvent. Et pour cause : elles travaillent généralement avec le même fil.

La plupart utilisent un fil de laine vierge peignée provenant de chez Schoeller (Schoeller Wool / Schoeller Spinning Group). Il n’existe d’ailleurs plus en France de filature de laine peignée.

Car historiquement, les pulls marins produits pour la Marine nationale répondaient à un cahier des charges strict, inspiré des normes AFNOR G07-010 et G07-012, qui régissaient les fils de laine destinés aux tricots d’uniforme.
Ces textes imposaient l’usage de pure laine vierge peignée, un fil dense et régulier à deux brins (titrage autour de Nm 28/2 à 32/2), tricoté en côtes serrées.

Quand Carrick précise que sa laine est autrichienne, on comprend qu’elle vient de Schoeller. Chez Baie des Caps, les cartons visibles en atelier confirment la même provenance.

 

capture ecran instagram baiedescaps.com

 

La laine vierge peignée utilisée pour les pulls marins présente plusieurs avantages techniques. Le peignage aligne les fibres et élimine les plus courtes, ce qui donne un fil plus régulier, plus dense, et moins sujet au boulochage qu’une laine cardée. Tricotée serrée, elle garde une bonne tenue dans le temps, ne se déforme pas facilement et supporte des usages répétés.

C’est ce qui permet au pull marin d’avoir une surface lisse, une sensation légèrement sèche au toucher (aussi de part sa nature, une laine ordinaire), et une résistance réelle à l’usure quotidienne.

Le montage est lui aussi, dans l’ensemble, assez similaire : des pièces tricotées en panneaux puis assemblées en coupé-cousu.
La différence se joue souvent au niveau du col. Chez certains comme Le Minor ou Saint James, il peut être remaillé, c’est-à-dire repris maille par maille pour assurer une jonction plus nette.

Baie des Caps

Baie des Caps travaille à Beaussais-sur-Mer, dans les Côtes-d’Armor, et fait partie des plus petits ateliers de tricotage encore en activité en France. Il est d’ailleurs possible de le visiter.

La marque fait aussi partie des très rares à proposer la personnalisation d’un pull marin.
On peut choisir la couleur, le type de col, parfois les rayures, et ce choix est intégré au moment du tricotage, dans l’atelier.

Dans l’univers du pull marin français, c’est quasiment unique.

On aime particulièrement leur pull col rond autour de 135 €. La coupe est droite, simple, et tricotée en 100 % laine, celle dont on parlait précédemment. Le bord côte du bas rend le pull très simple et facile à porter. Moins moulant aussi qu’un traditionnel pull marin - sans bord côte en bas.

Il est visible ici.

Carrick

Carrick propose également des pulls marins fabriqués en Bretagne (mais sans plus de détails sur l’atelier de fabrication), avec une construction classique, celle évoquée précédemment : tricot en panneaux puis assemblage coupé cousu.
La marque est historiquement liée au monde su scoutisme. Ce sont donc des pièces prévues pour être portées en extérieur, en camp ou en sortie.

Ce qui nous intéresse : Carrick propose sans doute l’un des pulls marins fabriqués en France les plus accessibles en prix. Comme pour le pull Baie des Caps, on aime sa coupe droite et le bord côte du bas.

Prix pour la taille M : 80€.

Il est visible ici.

Où sont fabriqués les pulls Shaggy Dog de J.Press ?

On pensait tout savoir du Shaggy Dog, ce pull brossé emblématique de J. Press. L’histoire semblait établie, y compris celle de sa fabrication : le mystère entourant son origine écossaise paraissait levé comme on l’avait évoqué dans un précédent article. C’est pour cette raison qu’on a été surpris, en parcourant récemment le site de John Simons, de découvrir des Shaggy Dog venus du Japon.

John Simons, boutique londonienne étroitement liée à la diffusion du style Ivy en Europe, propose en effet une sélection de pièces issues de la ligne Made in Japan de J. Press. Rien d’étonnant jusque-là : cette collection existe depuis plusieurs années. On a surtout été surpris d’y voir des pulls Shaggy Dog – nous qui pensions qu’ils étaient encore exclusivement produits en Écosse. En regardant de plus près les photos, un détail attire l’attention : sur l’étiquette du modèle gris, on distingue la mention made by Yonetomi.

Le nom ne nous est pas inconnu. Yonetomi Seni Co. est une usine japonaise de tricot fondée à Yamagata dans les années 1950. On en a déjà parlé ici, à propos de sa marque en propre Coohem. On retrouve aussi Yonetomi derrière une réédition d’un mythique pull Aran, évoquée dans cet autre article.

Finalement, ce n’est pas si surprenant de voir J. Press faire appel à Yonetomi pour sa collection japonaise. Ce n’est pas une simple usine pourrait-on dire. Leur « Rigid Cashmere Sweater » en est un exemple manifeste. C’est un pull où le fil de cachemire y est fortement torsadé pour obtenir une maille dense et résistante à la main très sèche, loin de la douceur molle qu’on associe souvent à cette fibre.

Quant aux différences entre ces Shaggy Dog japonais et leurs homologues écossais, la question reste ouverte.

Images John Simons.

Le retour discret de Bulova

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Fondée à New York au début du XXᵉ siècle, Bulova reste l’une des rares marques horlogères américaines présentes à l’international. Connue pour ses innovations et pour un bon rapport qualité-prix, la marque parle à ceux qui cherchent une montre solide et simple à porter.

La Caravelle Sea Hunter

Sous le label Caravelle, Bulova propose la Sea Hunter Diver.
Cadran lisible, lunette tournante, boîtier acier : on retrouve les codes des plongeuses des années 1970. Elle fait partie des options les plus accessibles dans cette catégorie, mais elle reste difficile à trouver en dehors de quelques rares boutiques spécialisées.

Prix : 327€
Disponible ici.

Alternative trouvée sur Amazon à ce prix ? Ici avec cette Orient Kamasu.


D’autres modèles de Bulova sont plus faciles à dénicher, via Amazon France notamment.

En voici 5 :

Bulova 98A266 Automatic
Cette Bulova reprend le dessin d’une montre militaire conçue dans les années 1950 pour la marine américaine. Elle associe un boîtier acier de 41 mm, un cadran noir mat et un indicateur d’humidité inspiré du modèle d’origine. Cet élément changeait de couleur si de l’eau s’infiltrait dans le boîtier, afin d’alerter le porteur que la montre n’était plus parfaitement étanche.

Sur la 98A266 moderne, cette fonction est symbolique : l’indicateur est présent pour le design, mais n’est plus actif.

Animée par un mouvement automatique Miyota et étanche à 200 m, elle reste une montre solide et lisible pour un usage quotidien.
Prix indicatif : environ 500 €
Disponible ici : Bulova 98A266 Automatic

Bulova 96B344 Oceanographer
Inspirée des plongeuses des années 1970, l’Oceanographer combine un cadran noir profond, une lunette contrastée et un mouvement automatique robuste. Une pièce sportive mais équilibrée.
Prix indicatif : environ 600 €
Disponible ici : Bulova 96B344 Oceanographer

Bulova 98A282 Automatic
Un modèle plus abordable, équipé d’un mouvement automatique visible par le cadran. L’esthétique est plus moderne, avec un boîtier acier et un cadran bleu qui capte bien la lumière.
Prix indicatif : environ 320 €
Disponible ici : Bulova 98A282 Automatic







Bulova 98C139 Computron
Réédition d’un modèle numérique des années 1970, la Computron affiche l’heure en LED rouges sur le côté du boîtier. Un objet singulier, à mi-chemin entre montre et gadget design.
Prix indicatif : environ 370 €
Disponible ici : Bulova 98C139 Computron







Bulova 98A255 Archive Military
Inspirée des montres de dotation américaines, cette version reprend un cadran beige mat, des aiguilles noires et un boîtier compact de 38 mm. Simple, fonctionnelle, lisible.
Prix indicatif : environ 250 €
Disponible ici : Bulova 98A255 Military