Milan, 4 marques quasi introuvables en France : Boglioli, Aspesi, Fortela et Eral 55
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Ce n'est pas la première fois que l'on séjourne dans la capitale milanaise mais on a toujours le même ressenti à la fois agréable et surprenant : le nombre incroyable de pantalon à revers, de flanelles, de costumes stylées / déstructurés / jamais en noir mais souvent en bleu ou en gris anthracite....Le tout déambulant en scooter, en moto ou en vélo.
Après oui, tous les Italiens ne sont pas en costume. Vous vous demandez peut être quelle est la version casuale de ce style Italien ? Une combinaison que l'on rencontre très souvent (en été) en arpentant les allées du Pitti Uomo :
des sneaker Piola ou des chaussures avec semelle commando
un chino coupe carotte avec un revers de 4 cm
une chemise en jean
un blazer en maille totalement destructuré à la Barena Venezia
une chaine en métal accrochée à son portefeuille (et nous prédisons son retour en France d'ici quelques saisons ! - pour peu que les photographes streetstyle la mette en avant)
Où aller, que visiter, que voir ? C'est là que ça se complique. Le choix étant assez vaste, on s'est restreint à une sélection de 4 marques aux styles relativement différents, que l'on a beaucoup aimé et que l'on ne retrouve pas en France.
Mais si vous voulez juste flâner, allez prendre une glace chez Peck au lait de bufflonne (où il n'est pas rare de croiser un banquier en costume qui prend une glace sur le pouce pendant sa pause café) et faîtes un tour rue Via Monte Napoleone située dans le Quadrilatero Della Moda.
C'est aussi dans cette rue que se trouve la café Cova. Une institution à Milan. Il a été fondé par Antonio Cova, un soldat napoléonien. Vous vous en doutez, l'histoire de cette rue est en partie liée avec le règne de Napoléon 1er. D'abord Président puis Roi. Aujourd'hui c'est tout simplement une des rues commerçante les plus chères d'Europe.
ASPESI
Cette marque à déjà fait l'objet de quelques articles sur le blog. C'est un peu devenu notre passage obligé à Milan. Une belle collection de basiques déclinés pour toutes les saisons.
Une marque finalement peu connue en France. Comme on le disait dans notre 1er article, la marque a été largement promue officieusement par Scott Schuman depuis quelques années via instagram ou via ses shootings streetstyle. Cette collaboration a été rendue plus officielle récemment. Vous pouvez ainsi trouver dans le lookbook de la marque une photo de Scott Schuman portant une chemise en jean dans le style Western.
On a également essayé pas mal de surchemises chez beaucoup de marques. Et mine de rien, celles d’Aspesi tombent toujours justes. On apprécie aussi leurs matières (en 100% coton, ou en mélange polyester et polyamide) ayant subis un travail préparatoire pour leur donner un délavage et une main particulière. Le même procédé est utilisé pour leurs autres pièces d'outerwear (M65, Toronto jacket* ..). Après comparaison avec des M65 ayant été portée pendant le conflit vietnamien et qui sont parvenus jusqu'à nous, le résultat est vraiment similaire. Même délavage et (presque) la même main moelleuse. A nuancer tout de même pour leurs modèles d'été qui sont beaucoup plus légers que les M65 originelles.
Finalement Aspesi, c'est un mélange entre tradition et technicité.
*modèle inspiré des vestes de l'armée canadienne avec les poches poitrines inclinées.
BOUTIQUE ASPESI, via Monte Napoleone, 13
Note : la boutique a été déplacée à proximité de manière temporaire au 5 Via Pietro Verri. Composé de deux étages, il s'agit d'une très belle boutique, très lumineuse, où vous pourrez toruver la collection homme et femme.
La boutique de Milan vaut vraiment le détour. Et on est pas les seuls à le penser. Elle a été élue en 2007 « The best Store In The World » par un jury international de design et le magazine WALLPAPER*. (fondé initialement par Tyler Brûlé, l’homme qui est derrière Monocle également)
Pour la petit histoire, l'astérix derrière WALLPAPER* est une clarification indiquant que le magazine ne se réduit pas au papier peint qui recouvre les murs mais à tout ce qui nous entoure.
Idem dans dans le guide Louis Vuitton sur Milan, Aspesi fait l'objet d'éloges appuyées. Elle est également connue et reconnue pour ses objets de décoration.
De par cet historique dans la chemise, vous ne trouverez logiquement pas ou peu de vêtements entoilés. Ce qui ne veut pas dire forcément non doublés. D'où leur vrai savoir-faire dans les shirt jacket ou les blazers déstructurés.
II est aussi intéréssant de noter qu'avant les années 2000, la marque était uniquement portée par une clientèle locale. Dont une partie de la jetset milanaise. L'Internet à vraiment été le canal clé qui a permis à la marque de se faire connaître à l'international.
D'un point de vue pratique, si vous souhaitez acheter sur Internet à votre retour en France, veuillez à bien regarder s'il s'agit bien du même modèle. Et la chose n'est pas aisée, vous pourriez avoir des surprises puisque comme on le disait précédemment, beaucoup de modèles (les field jacket en tête) sont déclinés en différentes matières, textures et poids. Quand on sait que le site internet propre de la marque est géré par une entité externe, on se doute que la sélection en magasin n'est pas forcément la même qu'en ligne (elle est beaucoup moins étoffée). La marque nous a dit que des efforts allaient être fait en ce sens dans les années à venir.
Groupe Armonia
Pour ceux qui se demanderait s'il s'agit encore d'une marque familliale totalement indépendante, la réponse est non. Un fond Italien (Armònia via Harmony Italy Fund) détient la majorité de l'entreprise. Le fondateur éponyme (depuis les années 1990 car avant elle portait avant le nom de A&D Camiceria** - en 1969 - et aussi de Bagare Di Alberto Aspesi - en 1973 -) de l'entreprise. Alberto Aspesi ne détient à présent qu'une part minoritaire.
**Camiceria signifie chemiserie en Italien
BOGLIOLI
Note : on a vu récemment que la marque était disponible au Printemps Haussmann
Vous vous demandez peut-être comment nous avons découvert la marque ? Et bien c'est simple, nous avons d'abord été Interpellé par les costumes (et les blazer) de Tyler Brûlé, puis de Mats Klingberg. Fondateurs respectivement de Monocle (et Wallpaper) et Trunkclothiers.
Pourquoi cet engouement ? Parce que les épaules sont naturelles (très peu de padding), les revers sont très souples et arborent des surpiqûres très caractéristiques de la marque, enfin parce que leurs blazers sont relativement courts, sans jamais en faire trop. Tout cet ensemble donne vraiment un rendu différent de ce que l'on voit habituellement en France.
Après quelques recherches, on a découvert qu’il s’agissait de costumes Boglioli. Tyler Brûlé le dit lui-même, il possède plus d’une 20 aine de blazers, dont quelques uns de chez Boglioli.
Pour mieux cerner le personnage, on vous a retranscrit une partie d'une interview menée par le Telegraph :
Obscession vestimentaire. « Ma collection de blazers bleu marine est plutôt grande et je continue de l’agrandir. J'en ai probablement plus de 20. J'aime la marque italienne Boglioli, vendue dans un magasin appelé A.Gi.Emme à Como et chez TrunkClothiers à Londres. Beaucoup de mes blazers bleu marine sont fabriqués sur mesure par Tomorrowland, ou proviennent de Haversack, toutes les deux des marques japonaises.
La coupe parfaite « Dans un blazer, je cherche la longévité ; qui dure plus de trois saisons. C'est curieux à quel point les coupes changent vite. La différence de trois quarts de pouce dans un blazer est en fait assez significative d'une saison à l'autre, mais j'essaie de ne pas acheter des choses qui sont trop «mode». Je peux imaginer que certains de mes blazers vont paraître un peu trop courts dans les 12 mois qui viennent.
Garde-robe « Ma garde-robe déborde mais je ne suis pas quelqu'un qui s’attarde sur ce genre de choses. Si ma garde-robe devient trop grande, je me débarrasse de quelque pièces que je ne sens pas bien ou que je n'aime plus. Je l'offre à un collègue ou je l'apporte au magasin de charité. »
T-shirts « Je porte trois marques: schiesser, une marque de sous-vêtements allemande très ancienne; James Perse; et FilMelange, du Japon et qui a de superbes emballages et du coton de très bonne qualité. »
Regards « Je porte une Rolex Oyster Perpetual Datejust que j'ai depuis 1983. Je l'ai eu en Suisse lors de mon premier voyage en Europe avec ma grand-mère quand j'avais 14 ans. J'avais économisé tout mon argent gagné en nettoyant des yachts pendant l'été et c’était mon premier achat. Mes parents pensaient que j'étais complètement fou. Je ne me souviens pas combien cela a coûté, mais je pense que ça vaudrait cinq ou six fois plus maintenant. »
Idem pour Mats Klingberg, le fondateur de Trunk Clothiers.
Vous êtes un grand fan de Boglioli. Pouvez-vous nous dire comment vous avez rencontré la marque pour la première fois?
J'ai passé beaucoup de mes vacances en Italie. Aussi longtemps que je me souvienne, Boglioli était toujours l'une de ces marques que je continuais à rencontrer dans les beaux magasins de vêtements pour hommes à travers le pays. Leur objectif est de créer des vestes et des costumes magnifiques et faciles à porter plutôt que d'essayer d'être branchés. Une veste Boglioli s'adapte dans la plupart des situations et est facile à habiller pour des occasion formelles ou informelles. Ce blazer n'est pas non plus trop "tailored", donc il a tendance à s'adapter très bien à la plupart des formes de corps.
L'interview originale est disponible ici
Trunk Clothiers est selon nous le meilleur multimarque homme de Londres. Il existe d'ailleurs quelques liens avec Monocle, la société d'investissement qui est derrière le magazine ayant également aidé Trunk Clothiers.
Leur concept est simple : importer une très belle sélection de marques (alors confidentielles à l'étranger) à Londres. Dont une large part faite aux marques Italiennes : Aspesi, Valstar, The Gigi, Lardini, Barena Venezia, Boglioli, Incotex, Felisi, Zanone...Entre parenthèses, c’est aussi grâce à Tyler Brûlé que nous avions découvert la marque Incotex. Et c’était en 2008…On mesure le chemin parcouru. Incotex est à présent relativement connu, même en France. Elle est distribuée au Bon Marché ou dans sa boutique en propre, quartier Saint Germain des Près, à deux pas de la célèbre brasserie Lip ou du café de Flore. Et pour la petite histoire, George Clooney (via une boutique à Côme) serait également un client régulier de la marque, principalement pour ses chemises.
Et mine de rien, le travail de sélection qu’ils font est vraiment très réussi. La place des multimarques a souvent été remise en cause ces dernières années. Avec eux, on a la preuve que ce type de magasin a encore un sens. Ce n'est pas un hasard s'ils font une collaboration avec le célèbre et luxueux grand magasin de la baie de Hong-Kong : LaneCrawford.
Encore une fois, il n'y a pas UN SEUL vêtement à jeter. Oui oui. Vous pouvez y acheter les yeux fermés. Ou presque.
Digression : On a déjà entendu qu’il n’existait pas de bonnes adresses car les collections évoluaient avec le temps, et donc que selon le directeur artiistique, cela changeait beaucoup. C’est peu-être vrai pour les magasins en propre. Mais pour les multimarques, clairement ça existe. Trunkclothiers en fait parti. Les meilleures marques en terme de menswear y sont présentes.
Blazer, costumes et chemises
Leurs costumes et blazer sont assez facilement identifiables avec leurs (belles) surpiqûres au niveau des revers. Ok, elles sont purement décoratives et imitent les vestes faites à la main. Cela n'enlève rien à la qualité et l'aspect général de la veste. Et rassurez-vous, les boutonnières sont bien fonctionnelles et non décoratives !
D'après ThePermanent Style il y aurait 3 lignes : Coat, Dover, et K-jacket.
En pratique on n'en a vu que deux :
Dover : pour les costumes
K-jacket : pour les blazer, donc un peu plus slim fit et avec des matières plus luxueuses et originales
Les costumes ne sont pas entoilés. Ni au niveau des épaules, ni au niveau de la poitrine. Ce qui assure un très bon confort ! Sans pour autant sacrifier la ligne. Le costume (ou la blazer) tombe vraiment bien. Une coupe très moderne : relativement courte (manches, buste et dos) avec une carrure naturelle. Pas d’épaules plongeantes qui débordent.
On apprécie également les doubles fentes arrière. Plus esthétique qu’une seule à notre avis.
La marque fait beaucoup de vestes trois boutons (à vrai dire on en a pas vu en 2 boutons). Cela peut faire peur à certains car ce type de veste reflète souvent une image veillotte. A raison parfois. Mais là aucune crainte. Le 3ème bouton accompagne parfaitement le roulé du revers. Ce roulé est d’ailleurs très bien fait : très léger, et souple, il conserve tout de même une très belle courbe ! Pour plus d’informations à ce sujet, lisez ce très bon article de Glyn Nicholson ici
Que dire de leur boutique ?
La marque possède très peu de boutiques à travers le monde. 1 à New York, 1 à Milan, 2 à Séoul et 1 à Tokyo.
Heuresement pour nous, Milan n'est qu'à 1h30 d'avion. Au niveau du design, une impression froide mais luxueuse se dégage grâce aux matériaux utilisés : du métal, du marbre mais aussi du bois précieux.
On peut donc comprendre que la boutique soit quelque peu intimidante. Surtout qu'il y a souvent très peu de monde. Bien heureusement les vendeurs sont très sympathiques, pas hautains, et de bons conseil.
C'est à l'initiative du nouveau propriétaire de la marque, le groupe Wise que ces boutiques ont été ouvertes. Mais aussi que la marque a créée une collection femme ou organise des défilés. Les fondateurs initiaux, la famille Boglioli (dont les 2 frères avaient repris le flambeau) a revendu la majorité de ses parts et ces derniers s’occupent à présent de la marque The Gigi.
FORTELA
Note : la marque est à présent distribuée en France chez Jinji, Merci Store et Bec Fin à Toulouse
Pièce phare ? Leur jungle jacket vintage.
ERAL 55
A proximité du 10 Corso Como, le Colette Milanais,
On y trouve des vêtements de leur propre marque (à voir sur leur site internet) mais le plus intéressant - à notre avis - reste leur pièces vintages. Comme par exemple des Alden, ressemelées, 2 fois moins chères bien que loin d'être gratuites. Plus de 200 euros d'après nos souvenirs.